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05/06/2007

De là-haut

Coup de coeur

 


Thierry Amiel - De Là Haut
2007

De ce temps-là, je n'entends plus ma voix
De ce temps-là, je ne guide plus mes pas
De ce temps-là, je sais que je vais mais ne marche pas.
Sans aucun repos, j'avance puisqu'il le faut

De là-haut
Peux-tu me dire si les mots sont plus beaux ?
Peux-tu me dire si l'air est aussi chaud ?
Est-ce que tu le sens, est-ce que tu m'entends ?

Désormais, s'il fait un peu plus frais
Ce n'est pas que le temps soit mauvais
Mais il est vrai que je me perds dans ce monde imparfait
Ni meilleur, ni plus laid
Mais juste un pâle reflet

De là-haut
Peux-tu me dire si les mots sont plus beaux ?
Peux-tu me dire si l'air est aussi chaud ?
Est-ce que tu le sens, est-ce que tu entends
Tous mes mots ?
Peux-tu me dire si leur sens est plus beau ?
Peux-tu me dire si leur souffle est plus chaud ?
Et s'ils te réconfortent, là où il t'emportent.

Je ne rêve qu'en noir et blanc
Mes souvenir se mêlent de sang
Et pourtant,
Je me lève pour faire semblant
De vivre comme un vivant

De là-haut
Peux-tu me dire si les mots sont plus beaux ?
Peux-tu me dire si l'air est aussi chaud ?
Est-ce que tu le sens, est-ce que tu entends
Tous mes mots ?
Peux-tu me dire si leur sens est plus beau ?
Peux-tu me dire si leur souffle est plus chaud ?
S'ils te réconfortent, là où ils t'emportent.
De là-haut...


08:00 Publié dans Chansons | Lien permanent | Commentaires (0)

03/06/2007

Bonne fête maman


Roméo - Maman - 1973

02/06/2007

Se montrer peut nuire à l'autre

Il arrive qu’on ne puisse plus vivre caché, ou en cachant quelque chose de soi, et que l’obligation de se montrer devienne pressante, impérieuse, vitale. Et qu’est-ce qu’une société qui, tant par la bienséance de ses codes, le conservatisme de ses castes, que par la rigidité de ses rentabilités, empêche les uns et les autres de montrer “qui” ils sont vraiment? Que restent-ils de nos fugaces existences, si nous ne cherchons pas aussi parfois à démêler qui nous sommes, si nous ne nous essayons pas à diverses interprétations de nous-mêmes? Et n’est-ce pas le coeur battant de l’humaine créativité? On m’objectivera: faut-il pour cela sortir nos poubelles, exposer l’intimité de nos déchets? Peut-on tout montrer? Oui, pourtant, c’est souvent en rouvrant nos poubelles que nous trouvons, dans ce que nous avions d’abord jeté, le matériau le plus précieux pour cultiver notre jardin et recréer nos vies.
Il y a cependant une limite vitale à ce besoin parfois si impérieux. C’est que l’on ne peut se montrer que si l’on peut se cacher, se retirer, s’abriter derrière la pudeur, la retraite. Que serait une société où l’on ne pourrait rien cacher, où il faudrait sans cesse tout exprimer, tout exposer de sa vie intime, dans une sorte de transparence obligatoire? N’est-ce pas l’un des aspects les plus durement humiliants de l’existence des SDF? Il faut donc dans la société des lieux où chacun puisse se retirer de l’espace public.
Or l’oscillation entre ces deux moments si différents de nos vies fait que l’on ne sait pas toujours où l’on est. Tel qui voulait se cacher désire soudain au contraire se montrer, et tel qui s’exposait sans crainte, le voilà qui souhaite qu’on n’entende plus parler de lui. On me dira: tout cela, c’est encore l’humaine comédie. Mais il y a un point tragique. C’est qu’on n’est pas tout seul, et que l’on doit tenir compte, pour notre malheur comme pour notre bonheur, de notre infini endettement mutuel, de notre inextricable attachement mutuel. Nos récits de vie sont tellement mêlés qu’il nous est impossible de nous montrer sans montrer les autres. Et nous pouvons désirer nous mettre en avant quand nos proches veulent le secret, ou bien nous voulons la confidentialité quand des proches ne désirent que se raconter, exposer leur vie intime à laquelle nous sommes ou avons été liés.
Ce décalage entre soi et autrui est essentiel, et ne cesse de tirailler et de relancer nos relations. Il pointe même une des conditions les plus profondes de la vie morale, cette asymétrie entre soi et autrui, telle que ce qui est bon pour moi peut être mauvais pour l’autre. Il n’est jamais immoral de souhaiter une vie accomplie, une vie où l’on a pu montrer qui l’on était, de quoi l’on était capable. Mais il est immoral de porter tort à autrui, et que ma vie ne puisse s’accomplir pleinement qu’en écrasant la vie des autres. On pourrait dire que l(‘on tient ici la limite morale au désir de se montrer et de se raconter. Je ne pourrais me montrer ou raconter ma vie, la mettre en scène, que dans la mesure où je ne porte pas tort à la possibilité pour un autre de garder son secret, son intimité.
Mais cette limite est délicate, instable, et pour tout dire tragique, car parfois je ne peux la respecter qu’en faisant silence sur ce que je voulais dire ou montrer de moi-même. C’est pourquoi sans doute il faut, à l’art autobiographique et biographique en général du récit, autant de finesse, de tact, d’invention. C’est bien d’un art qu’il s’agit, qui comporte une dose de sagesse, de prudence, de retenue. Un tel sens poétiquen même lorsque par le scandale il brise la complaisance à soi d’un milieu ou d’une société, ne s’impose pas comme un droit, fût-ce au nom de l’oeuvre d’art. Car
sinon, la créativité n’est plus qu’un masque de la domination, de la violence faite à l’autre, par laquelle on le laisse sans expression, privé de la possibilité de se montrer, lui-même, d’une autre façon. Et cela ne saurait être de l’art.

Olivier Abel, philosophe,  La Croix 25 mai

01/06/2007

René Char: entre fureur et poésie

4cf801d98cac51c83d7525a85329ae18.jpgCentenaire de la naissance du poète René Char:

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Extrait de "Le Marteau sans maître", 1934 :

Commune présence

Tu es pressé d'écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir,
Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d'elle, tout n'est qu'agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En t'inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.


Essaime la poussière
Nul ne décèlera votre union.


René Char