24/03/2023
Fait divers
"Papa vient de tuer maman".
Passée la sidération, deux enfants brisés vont devoir se débattre avec le chagrin, la colère, la culpabilité. Et réapprendre à vivre.
Philippe Besson s’empare d’un sujet de société qui ne cesse d’assombrir l’actualité : le féminicide. En romancier du sensible, il y apporte un éclairage singulier, adoptant le point de vue des enfants des mères tuées par leur conjoint, dont on ne parle que trop rarement. Avec pudeur et sobriété, ce roman, inspiré de faits réels, raconte la difficulté de vivre l’après, pour ces victimes invisibles.
Un roman qui tient en haleine, qui analyse bien toutes les répercutions vécues après un tel drame: des vies brisées... En bon psychologue, comme dans tous ces romans, Philippe Besson scrute et sculpte ces personnages pour nous dire qu'aucun fait n'est divers et qu'on a toujours à se soucier des uns et des autres afin d'éviter un irréparable qui tue les uns et culpabilise les autres. TP
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16/02/2023
Avalanche
Hier, les lecteurs écrivaient des journaux intimes. Aujourd’hui, les auteurs en font des romans. Avalanche donne cette sensation d’entrer par effraction dans l’un de ces cahiers d’adolescent cadenassés. Voilà une autre époque, la fin des années 1980, une autre langue, avec sa révolte et sa violence, on lâche des phrases comme des coups de poing, l’écriture porte la trace de ces ecchymoses, les mots sont bleus, on souffre, on aime, on se déteste, on a honte, on a mal à l’âme.
Le premier roman de Raphaël Haroche annonce dès son titre cet équilibre instable, la menace qui couve sous les rires et les cris. L’adolescence est-elle la fin d’un monde ou le commencement d’un autre?
Raphael écrivain, je dirais volontiers que j'aime autant ses livres que ses chansons. Un livre permet d'entrer plus profondément dans l'univers de cet artiste qui a plus d'une corde à son arc. Eclipse et Retourner à la mer, ses deux premiers livres de nouvelles ont bien été accueillis par la critique et le public. J'attendais le roman. Je l'ai lu. Je ne suis pas déçu. Je suis même convaincu que Raphael est un bon écrivain qui va devenir grand. TP
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27/11/2022
Christian Bobin
L'écrivain Christian Bobin s'est éteint à 71 ans hier. Révélé au grand public avec son texte sur Saint-François d'Assise, "Le Très-Bas", cet auteur contemplatif était connu pour ses romans ou textes poétiques courts témoignant de son émerveillement pour les choses simples de la vie.
J'ai enlevé beaucoup de choses inutiles de ma vie et Dieu s'est approché pour voir ce qui se passait.
Il n'y a pas d'autre attente que de vivre.
Christian Bobin La femme à venir, p.134
J'ai trouvé Dieu dans les flaques d'eau, dans le parfum du chèvrefeuille, dans la pureté de certains livres et même chez des athées. Je ne l'ai presque jamais trouvé chez ceux dont le métier est d'en parler.
Christian Bobin Ressusciter
Pour être dans une solitude absolue, il faut aimer d'un amour absolu.
Christian Bobin Un désordre de pétales rouges, p. 51
Les vrais artistes trouvent leur force dans ce qui les accable. D'un empêchement à vivre ils font une grâce.
Christian Bobin L'équilibriste, p.19, Le temps qu'il fait
Être vivant, c'est être vu, entrer dans la lumière d'un regard aimant.
Christian Bobin L'inespérée, coll. folio # 2819
Le vrai père c'est celui qui ouvre les chemins par sa parole, pas celui qui retient dans les filets de sa rancoeur.
Christian Bobin Le Très-Bas., coll. folio #2681
La télévision, contrairement à ce qu'elle dit d'elle même, ne donne aucune nouvelle du monde. La télévision, c'est le monde qui s'effondre sur le monde, une brute geignarde et avinée, incapable de donner une seule nouvelle claire, compréhensible. La télévision c'est le monde à temps plein, à ras bord de souffrance, impossible à voir dans ces conditions, impossible à entendre.
Christian Bobin L'inespé
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03/11/2022
Les correspondants
Un livre intéressant car c'est rare aujourd'hui de lire des correspondances d'amis.
Un vrai plaisir.
Se raconter tout en racontant les coulisses de leur processus créatif: les chanteurs Grand Corps Malade et Ben Mazué lèvent le voile sur une part de leur intimité dans un livre qui prend des allures de "making-of" de leur vie artistique.
Le tout préfacé par leur troisième ami, le chanteur et auteur du roman "Petit pays", Gaël Faye, avec lequel ils ont sorti un disque de sept titres début septembre.
"Au départ, c'était une façon de garder le lien. Mais petit à petit, au fil des lettres, on s'est rendu compte que quelque chose d'autre se dessinait", explique Ben Mazué, 41 ans, à l'AFP.
Comme un exercice de psychanalyse mais sans divan, les deux comparses se confient à cœur ouvert: paternité, idoles de jeunesse... mais aussi sur la vie d'artiste, leurs doutes alors que la crise sanitaire joue les prolongations, leur rapport aux réseaux sociaux ou l'écriture d'un discours pour la réception d'une Victoire de la musique.
Moins connu du public que GCM, Ben Mazué, dont le dernier opus "Paradis" a été un succès public et critique, fait, depuis ses débuts en 2011, de sa vie l'essence de son oeuvre.
"La vulnérabilité, j'ai pas de problème à en parler ça fait partie de mon arsenal émotif même si j'ai pas l'impression qu'on soit tombé dans l'apitoiement", explique celui qui a raflé sa première Victoire de la musique en février dernier.
"On ne s'est jamais dit +tiens, on va parler de ce thème, de la tournée, des enfants+ ... On n'a jamais fait de cahier des charges. On s'est laissé porter par cette correspondance comme si on prenait des nouvelles", poursuit également auprès de l'AFP Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade.
Alors même qu'ils s'écrivent, les deux hommes continuent de se voir.
Ces lettres deviennent un moment suspendu, loin du bruit des réseaux sociaux. "J'étais excité comme quand tu ouvres un paquet cadeau et tu te dis +mais de quoi il va me parler aujourd'hui+", poursuit le slameur du Blanc-Mesnil qui se déplace toujours à l'aide d'une béquille. "C'est une conversation parallèle, une relation parallèle qu'on n'a pas avec le texto et Whatsapp".
Avec sept albums au compteur, un livre et deux films remarqués qu'il a co-écrits et co-réalisés ("Patients" et "La vie scolaire", qui a réuni 1,8 million de spectateurs en salle) Fabien Marsaud veut défendre "cette envie d'écrire" à l'heure où les réseaux sociaux et les formats vocaux s'imposent dans le quotidien.
Le livre revient aussi sur l'angoisse des deux artistes pendant la crise liée au Covid-19. "On a sorti nos albums en même temps et la scène était impossible. Je recevais les bons chiffres de vente mais je ne vivais pas ce succès", confie GCM qui s'était fait le porte-voix du spectacle vivant au moment de la fermeture des salles avec le morceau "Pas essentiel".
"J'ai le sentiment qu'on est très vite passé à autre chose, on a très vite oublié mais grâce à ces courriers, cet album-photo sans photo, je peux revenir sur ces moments-là et me dire qu'on les a vraiment vécus", abonde Ben Mazué.
Les correspondants, de GCM et Ben Mazué, préfacé par Gaël Faye. JC Lattès Octobre 2022
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07/10/2022
Le temps qui passe
Le temps passait plus vite qu'avant. Je le sentais à tous les niveaux, soirées, semaines, mois, saisons, années. Je me souvenais des mercredis de l'enfance et des vacances d'été sans fin. Je commençais à entrevoir la durée effective d'une existence, à en pressentir les contours, à comprendre que tout irait plus vite que prévu.
Victor Jestin - L'homme qui danse (Flamarion 2022)
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23/09/2022
Faire silence de soi
« Je ne crois pas en Dieu, je le vis » Ce sont des textes choisis de Maurice Zundel, prêtre suisse, qui a notamment prêché une retraite pour le pape Paul VI. C’est une anthologie présentée par France-marie Chauvelot et préfacé par le père marc Donzé. Editions Le Passeur Editeur, 384 pages. 9,50€
Maurice Zindel invite les chercheurs de Dieu à un chemin de dépouillement. « Dieu ne se définit pas, Dieu s’expérimente quand nous décollons de nous-mêmes », il faut « cesser de nous regarder », « cesser de faire du bruit avec nous-mêmes », sans quoi nous manquerons le rendez-vous avec Dieu « souverainement personnel » et « fragile » « qu’on a caché au fond de nous-mêmes ». « Dieu fragile, c’est la donnée la plus émouvante, la plus bouleversante, la plus neuve, la plus essentielle de l’Evangile. Dieu fragile confié à notre conscience. Dieu fragile et désarmé tellement que c’est à nous de le protéger contre nous-mêmes ».
« Dieu est toujours déjà là, c’est-à-dire que Dieu est toujours donné, donné, donné », insiste Maurice Zundel. Et si Dieu nous semble absent, c’est parce que nous le sommes à nous-mêmes. Personne, quelle que soit son histoire personnelle, ne peut donc désespérer de faire l’expérience de Dieu. Mais il faut accepter de se décentrer, de « faire silence de soi » : « Nous pouvons toujours être pour Dieu un espace de lumière et d’amour qui lui permette de s’exprimer, de révéler et de se communiquer. Qu’elles qu’aient été mes fautes et mes infidélités, qu’importe ? je n’ai pas à apprécier ma vie, à mon point de vue. (…) Ne perdons pas notre temps à nous demander à quel degré nous avons trahi Dieu ou dans quelle mesure nous avons réalisé sa présence en nous. Tout commence aujourd’hui. » Pour Zundel, Dieu est déjà présent en nous et il est si impatient de nous rencontrer.
Dominique Greiner dans La Croix du 22 septembre 2022
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