04/03/2021
Génération fracassée
Je vous parle d’un temps que les plus de 20 ans… ne VEULENT pas connaître.
Celui des facs fermées, où les seuls cours délivrés sont en « distanciel », néologisme inventé par des technocrates pour rendre moins insupportables ces centaines d’heures que nous, étudiants, passons rivés devant un écran.
Celui où les petits boulots ont été balayés par la crise. Plus d’événement, plus de restaurant, plus de musée… pour nous permettre d’arrondir nos fins de mois.
Celui sans horizon professionnel, où les stages ont disparu, où la promesse d’un premier emploi en CDI s’éloigne chaque jour davantage.
Le temps où le droit de sortir entre amis, de se voir, de se toucher, de s’aimer n’existe plus.
Où les soirées et les parenthèses interdites sont taxées d’égoïsme coupable par les politiques et les bureaucrates.
Au lieu de penser les solutions concrètes pour sortir notre génération de cette impasse, vous, les sachants, préférez nous discréditer.
Cela fait maintenant un an que nous avons mis nos vies entre parenthèses pour protéger les personnes âgées.
J’ai 22 ans. Et si je peux pester contre certains excès de ma génération, je veux aujourd’hui saluer son courage face au désastre économique, social et écologique que nous allons affronter.
Ce livre est une ode à notre génération fracassée, un plaidoyer pour la liberté.
Étudiant en sciences politiques et chroniqueur régulier des Grandes Gueules sur RMC depuis 2017, Maxime Lledo vit à Nantes.
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13/02/2021
Edouard Louis
Edouard Louis à la Grande Librairie en 2018
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29/01/2021
Le dernier enfant
Elle le détaille tandis qu'il va prendre sa place : les cheveux en broussaille, le visage encore ensommeillé, il porte juste un caleçon et un tee-shirt informe, marche pieds nus sur le carrelage. Pas à son avantage et pourtant d'une beauté qui continue de l'époustoufler, de la gonfler d'orgueil. Et aussitôt, elle songe, alors qu'elle s'était juré de se l'interdire, qu'elle s'était répété non il ne faut pas y songer, surtout pas, oui voici qu'elle songe, au risque de la souffrance, au risque de ne pas pouvoir réprimer un sanglot : c'est la dernière fois que mon fils apparaît ainsi, c'est le dernier matin. "
Un roman tout en nuances, sobre et déchirant, sur le vacillement d'une mère le jour où son dernier enfant quitte la maison. Au fil des heures, chaque petite chose du quotidien se transforme en vertige face à l'horizon inconnu qui s'ouvre devant elle.
Philippe Besson: Le dernier enfant (Julliard 2021)
Quand le dernier enfant de la maison s'en va, laissant un père et ne mère désemparés qui doivent réapprendre un devenir un couple. Un bon sujet de roman comme Philippe Besson sait en trouver. Ce n'est pas son roman le plus fort, mais la lecture est toujours aussi agréable. Une étude psychologique simple et juste pour un moment de détente. TP
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19/12/2020
Avec Jean Sulivan
Gabriel Ringlet présente l'ouvrage "Avec Jean Sulivan"
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05/06/2020
La poésie, notre refuge
Gilbert Lely disait de l’œuvre de Lautréamont qu’« elle est la seule qui pourrait être feuilletée sans ridicule une heure avant la fin du monde… »
Une heure avant la fin du monde : c’est le sentiment que beaucoup d’entre nous ont éprouvé pendant le temps de confinement. Et avec cette impression, un immense besoin de poésie. J’entends par là, la soif d’une vérité de parole dont nous pensions, hier encore, que nous pouvions la liquider sans état d’âme. Nous avions la certitude qu’en troquant la profondeur pour la frivolité, la joie pour le plaisir, l’être pour l’avoir, nous serions débarrassés à jamais des questions qui fâchent et des inquiétudes de l’âme. Mais, réduits au silence et à l’immobilité, privés de tout ce qui nous tenait lieu de distraction et de tranquillisant, et dès lors contraints à nous chercher – qui étions-nous, que voulions-nous –, nous avons su que rien de ce qui nous était imposé comme les clés du bonheur n’aurait jamais le pouvoir de nous consoler.
Mais la poésie, oui, elle a ce pouvoir. Yves Bonnefoy l’avait évoqué lors d’une de mes visites rue Lepic, il y a quelques années. Lui qui se défendait de croire en Dieu et parlait volontiers des peintures gothiques, de Byzance et de Fra Angelico, m’avait répété ce qu’il avait écrit dans un chatoiement de formes différentes, mais toujours avec la même lumière : « Je voudrais réunir, je voudrais identifier presque la poésie et l’espoir. » J’avais été éblouie par la formule et ce qu’elle ressaisissait d’évidence : la poésie nous offre un refuge lorsque nous voulons entendre ou dire, au plus juste, ce que nous voyons dans notre traversée du temps et de ses tragédies. De là que la Poésie est le contraire de la parole marketing, le contraire des fausses informations, le contraire de la propagande politicienne. Les politiques le savent qui ont mis à mal nombre de poètes, ainsi, pour le seul XXe siècle, Ossip Mandelstam en URSS, Robert Desnos en France, et tant d’autres, de Paul Celan à Anna Akhmatova. Comme le temps, elle est complice de la vérité, de là la tentation de la nier, d’interdire ses perspectives.
De là encore qu’elle s’oppose à « l’horreur économique », comme l’a exprimé Rimbaud, et nous ramène à la vérité de la parole. Elle rend aux mots l’âme de ce qu’ils nomment une âme toujours intacte, souligne encore Yves Bonnefoy (1). C’est la raison pour laquelle, nous en ressentons le besoin, en ces temps plus que jamais. En cela, la Poésie partage avec la religion et le sacré, sans se confondre avec eux, le pouvoir de nous replacer à la fois dans ce qu’il y a de plus concret et de plus ineffable : elle nous unit, par le verbe, aux émotions du monde.
Aujourd’hui, où je parle d’elle, je voudrais rendre deux hommages. Le premier, à mon cher ami Salah Stétié, qui m’avait dit qu’à ses yeux toute femme était Marie. Il a disparu le 19 mai dernier et repose désormais au côté de Blaise Cendrars, qu’il admirait. Salah Stétié a fêté le poète comme un voyageur « témoin de l’essentiel » (2). Libanais, il a reverdi, en français, le dialogue immémorial entre poésie et mystique, Orient et Occident, éclairant tour à tour chacun des deux à la lumière de l’autre.
L’Orient à celle du Romantisme allemand, l’Occident aux lueurs de Byzance. Musulman, sunnite, il était proche des chrétiens et souffrait dans sa chair qu’on tue au nom de sa religion ; il donnait à son refus une raison précise, une raison de poésie : l’amour de la vie.
Mon deuxième hommage est pour Jean Lavoué, poète et essayiste, et le très beau livre (3) qu’il a consacré au poète breton René Guy Cadou, (1920-1951) qui avait consolé sa femme et ses amis de sa mort à 31 ans par ces mots : « Le temps qui m’est donné, que l’amour le prolonge. » Voilà, ressuscitée sous la plume de Jean Lavoué, l’œuvre prolongée de ce jeune homme, qui a accompli le vœu de Bonnefoy : « Réunir, identifier presque la poésie et l’espoir. » Ce qui émeut dans ce livre, c’est aussi ce passage de témoin d’un poète à l’autre, de celui qui, doté « d’une puissance d’éveil sans pareil » devient pour le second, Jean Lavoué, « un témoin privilégié de ce qu’être habité par le mystère de l’Autre signifie et signifiera de plus en plus en ces temps de croyances vacillantes ».
« Mon Dieu, éveille-Toi, je suis Ton serviteur », priait René Guy Cadou. Il convient de déchiffrer ce poème à la façon que préconisait Armel Guerne :
« On ne lit pas un poète pour se prendre aux paroles, se captiver aux mots, mais pour aller où ils disent : l’œuvre n’est pas en eux, mais dans l’itinéraire vivant dont ils sont la légende. »
Christiane Rancé La Croix du 4 Juin 2020
(1) L’Improbable, Folio, Gallimard. (2) En un lieu de brûlure, Bouquins, Robert Laffont. (3) René Guy Cadou, La fraternité au cœur, blog « L’enfance des arbres ».
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20/03/2020
Anthologie
Voici la 4ème de couverture de l'anthologie de la poésie en Vendée réalisée par Alain Perrocheau signée Gilles Bély, président de la Société des Ecrivains de Vendée :
« Terre de géants et de genêts en fleurs… ». C’est ainsi qu’Emile Grimaud décrit la Vendée. Le spectacle du Puy du Fou a ensuite répercuté ce moment de grâce du poète. Cette terre, la nôtre, est aussi d’évidence une terre de poètes, célèbres parfois jusque dans les récitations des écoliers, ou le plus souvent oubliés.
Alain Perrocheau les a lus, recensés, soupesés. Son anthologie est bien plus que cela. Voilà leur histoire à toutes et à tous. Voilà leur démarche et leur quête. Voilà le meilleur, le miel de leurs écrits. Le lecteur admirera le travail accompli, et surtout, il savourera.
Et puis, il s’interrogera. Comment se fait-il que la Vendée nous ait donné, du XVIe siècle à nos jours, autant de poètes. Pourquoi diable les a-t-elle autant inspirés?
Pour tenter de comprendre, il me semble qu’il faut aller chercher trois clés. La nature, l’histoire, le caractère. La nature d’abord. Jacques Bereau, le premier de tous, est déjà sous le charme du « vert bocage ». D’autres après lui diront nos douces collines, la plaine qui ondule, nos marais changeants. Et la mer, bien sûr.
Tumultueuse et souvent tragique, l’histoire de notre terre a forcément ému, indigné ou révolté. Aux poètes, elle arrache des pleurs. Ils en diront les souffrances et les gloires, les crimes et les pardons.
Le caractère enfin. Cette indéfinissable et improbable osmose, née tout à la fois de l’austérité du granit, des souffles de l’océan, de cette douceur poitevine qui nous vient des troubadours. Plus encore que le caractère, c’est une âme vendéenne que nous disent depuis toujours les poètes. Un peuple fier, des générations ployées sous le labeur, un goût pour la fête, une inclination pour le mystère.
Mais la Vendée n’enferme pas l’âme de ses poètes. Elle les porte au contraire vers l’universel, vers ces grands mouvements de l’humanité qu’ils ont le merveilleux secret d’explorer, de saisir et de pouvoir partager. Ouvrez le livre, tournez la page, laissez-vous emporter…
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