05/03/2021
Les orages
Sylvain Prudhomme
Les orages
Ed Gallimard
Grâce à ce recueil de nouvelles, Sylvain Prudhomme évoque des personnages au bord de la fêlure, qui vivent un orage intérieur.
Composé de treize nouvelles ou plutôt de micros-récits, Les Orages raconte ces moments que nous avons tous déjà vécus, où la vulnérabilité se donne à voir, à travers un deuil, le délitement d’un amour, la vieillesse ou encore la peur de la mort. Sylvain Prudhomme met à nu ses personnages, révélant leurs angoisses les plus intimes.
Dans son dernier ouvrage, Sur les routes, l’auteur entraînait son lecteur, comme son titre l’indique, dans les pas d’un jeune homme épris de liberté et de rencontres, qui éprouvait le besoin de disparaître, de façon épisodique, en faisant du stop. S’il quittait alors sa famille et ses amis, il découvrait, lors de ses voyages, une autre tribu tout aussi importante à ses yeux : celle des automobilistes.
Avec Les Orages, on ne suit plus un individu, mais plusieurs personnages masculins à travers treize micros-récits. On pourrait presque les imaginer sous forme d’histoires, racontées par les gens que le héros de son précédent roman croisait sur les routes.
En effet, chacun des textes narre un moment clé de la vie des personnages, un moment où ils sont sur la brèche, en proie à des orages intérieurs qu’ils doivent dominer. Bien que chacun des treize récits soit différent, tous obéissent à un même schéma, celui d’un événement incontrôlé, qui vient bouleverser la vie des protagonistes, sans qu’ils puissent faire quoi que ce soit pour y remédier.
Si, dans l’ensemble, l’ouvrage est plaisant à lire, le tout manque quand même d’homogénéité, quoique certains moments soient poignants comme le fragment intitulé La Nuit, qui vient clore le recueil : il y est question d’une héroïne qui peine à faire le deuil de sa fausse couche. L’histoire est évoquée d’une manière très pudique. On citera également Balzac, qui décrit avec malice la liaison extra-conjugale d’un homme et d’une femme.
D’autres nouvelles sont plus anecdotiques : ainsi, le récit L’Appartement peine à convaincre, malgré un argument intéressant (le délitement d’un couple mis en parallèle avec l’état d’un appartement) ; un même sentiment naît de La Tombe, où un individu apprend qu’il lui reste quarante ans à vivre.
Pour autant, on ressent avec cet ouvrage les mêmes bruissements intimes que les personnages, car chacune de leur fêlure peut faire écho à celles qui nous habitent. Toute la force du recueil réside ainsi dans le paradoxe d’un intime partagé, car si chacun dévoile une part de sa psyché à travers ses angoisses, celles-ci sont bien souvent éprouvées par le lecteur qui, grâce à ce livre, sera peut-être plus attentif à ses propres moments de brisure.
Personnellement, j'ai beaucoup aimé ce livre, comme "Sur les routes" , son livre précédent. Un livre à mettre sur sa table de nuit pour lire une histoire tous les soirs. Une belle écriture, rapide, qui vise juste. Un intérêt relancé à chaque reprise de lecture. Des personnages auxquels nous ressemblons. Des orages qui sont parfois les nôtres, pas souvent des coups de foudre, mais des éclairs, des fêlures qui nous ramènent à notre fragilité, aux failles que nous connaissons et que nous voulons souvent cacher. TP
00:00 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.