29/08/2017
Mon père, ma mère et Sheila
Ce mois-ci vient de sortir un roman autobiographique d'Eric Romand: "Mon père, ma mère et Sheila" chez Stock. Il y a exactement quatre ans, le 28 août 2013, je faisais paraître chez Echo Optique: "Le mange-disque et autres souvenirs" dans lequel la chanteuse Sheila occupe une place dans chaque souvenir d'enfance raconté.
Mis à part mes recueils de poèmes, le livre d'Eric Romand et le mien sont des premiers livres, et le personnage de Sheila en est le point commun.
"Le mange-disque" est plus épais et il relate surtout les années 60. Une quarantaine de chansons est évoquée. La dernière est "Poupée de porcelaine" qui date de fin 72. Mon livre contient une trentaine de petites histoires écrites un peu comme des nouvelles avec toute la poésie liée à l'insouciance de l'enfance et au bonheur des verts paradis.
Le livre d'Eric Romand, d'une écriture plus proche des instantanés et des flashes sur les années 70 et 80, est moins épais, plus élagué, plus incisif et rapide. La présence de Sheila se fait discrète, irrégulière aussi.
Les contextes familiaux décrits ne sont pas les mêmes: une famille plutôt heureuse de mon côté, une famille connaissant le divorce et le suicide de l'autre côté. Pour ma part, je me suis contenté de raconter quelques bons souvenirs d'enfance; pour sa part, Eric Romand s'attarde davantage sur l'adolescent et le jeune adulte qu'il devient, époques plus délicates et difficiles à raconter avec justesse que celle de l'enfance où souvent tout est merveilleux.
Et je comprends très bien l'auteur. Dire qu'on aime Sheila quand on est ado et que tout le monde écoute selon les décennies les Beatles, Ten years after ou Supertramp, c'est être ringard, c'est être exclu, c'est ne pas être comme tout le monde! J'ai connu cela aussi jusqu'à une période récente. Mais Sheila, par son charisme et sa volonté d'entreprendre et de réussir à tout prix, est la seule chanteuse qui a été capable de fidéliser toutes celles et tous ceux qui, quelles que soient les époques, ont eu un contact avec elle par une chanson, une télévision, un concert.
Pour conclure, "Mon père, ma mère et Sheila" est un très beau premier livre que je recommande. Lecture facile assurée et retour sur les années passées pas désagréable du tout.
Mais qu'en pense Sheila?
Taper "mange-disque" dans la rubrique Rechercher
et vous aurez d'autres articles concernant mon livre.
TP
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03/03/2017
Retourner à la mer
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28/01/2017
Leçon d'émerveillement
• « S’émerveiller », de Belinda Cannone, Stock, 188 p., 18 €
Il n’est pas donné à quiconque de s’émerveiller du monde, pense-t-on. Malheur personnel ou noirceur des environs : on peut trouver mille bonnes raisons à la morosité, à l’inquiétude, voire au désespoir. Mais si quelques-uns ne s’y résignent pas, ils peuvent saisir la main de Belinda Cannone pour emprunter un autre chemin.
L’émerveillement n’est pas une naïveté au monde
Sous la forme d’une promenade méditative plus que d’une réflexion méthodique, la romancière et essayiste réveille le sens et les saveurs de l’émerveillement, avec la conviction que « s’émerveiller résulte d’un mouvement intime, d’une disposition intérieure par lesquels le paysage à ma fenêtre ou l’homme devant moi deviennent des événements ».
L’émerveillement n’est pas une naïveté à l’égard du monde, pas plus qu’une fuite hors des conditions de vie communes. Au contraire, souligne Belinda Cannone, il nous fait entrer dans un rapport plus intense au réel et au présent. Nous place dans une « surprésence », cette « capacité de se tenir dans un état de présence extrême au monde qui le fait advenir dans son éclat ».
L’émerveillement peut surgir des choses les plus simples
Pour entrer dans l’émerveillement, pas besoin que ce que nous contemplons soit grandiose ou admirable. Car il est lié à une manière de voir. C’est pourquoi il peut surgir de la contemplation des choses les plus simples, les plus banales en apparence : un arbre, une lumière, un oiseau, un geste…
Rédigé à la première personne, ce livre pourrait être une méditation nombriliste. Au contraire, tout en étant intimiste, il est aussi ouvert vers les autres. Cet autre que l’émerveillement me fait voir sous un angle nouveau ou que je prends toujours à témoin du merveilleux que j’ai entrevu.
Des photographies en noir et blanc pour ponctuer la lecture
Ainsi mis en appétit, on se demandera comment faire pour s’émerveiller plus souvent… Il convient de « faire taire les bruits et l’agitation du monde pour se rassembler en soi, se concentrer » recommande Belinda Cannone, mais cette concentration « n’est pas un effort », contrairement à ce qu’indique l’expression courante « faire l’effort de se concentrer ». Il s’agit plutôt d’« être rassemblé en soi-même pour favoriser la voyance », et suffisamment « hors-de-soi », détaché de soi, pour « qu’advienne l’émerveillement ».
L’ouvrage, par son tempo, ses détours, infuse chez le lecteur cette disposition. Un signe en témoigne. Au premier feuilletage, on trouve presque insignifiantes les photographies en noir et blanc (1) qui ponctuent la lecture. Et puis, au fil des pages, les voici qui retiennent l’attention, étonnent, émeuvent. Comme si, déjà, on s’était mis à regarder autrement…
Elodie Maurot
La Croix du 26 janvier 2017
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25/01/2017
Sous l'aile du jour
Voici une voix(/e) « basse » et pourtant si haute, qui libère une autre cène que la scène des devants médiatiques. Moine poète, Gilles Baudry vit au bout du monde, à l’extrême pointe du monde, à son avant (avent), dans l’abbaye bénédictine de Landévennec, là où finissent les terres d’Occident, celles de la religion du soir et de la résurrection : « Ne devrions-nous pas marcher / Comme si la mort / Était derrière nous ? » Sous l’aile du jour rassemble près d’une cinquantaine de poèmes méditatifs écrits sur la pointe de l’âme et des pieds, dans l’ombre clandestine de la contemplation. Ici, l’écriture n’est point divertissement, mais au contraire perpétuelle conversion du regard contre toute acédie. Celui qui oriente le pèlerin d’Emmaüs de l’absolu n’est pas un Être éthéré volant dans les hautes sphères, mais ce Dieu minuscule au pied du plus humble au point d’en paraître invisible. Ici, les mots sont une ascèse, un exercice d’assouplissement spirituel pour passer sous la porte la plus basse : « Sortir de soi / par la porte des humbles. » La parole est le partage d’une sorte de cène intime et universelle. Tous les êtres (« artistes » ou non) y sont conviés. Tous en sont les bergers et les rois mages. Ainsi, le moine glisse-t-il ses pages bien aérées, bruissant légèrement au creux de l’oreille intérieure, comme des prières de remerciement, à ceux qui l’ont inspiré, qui ont redonné souffle à la Parole de résurrection – humaine lumière de Pierre Bonnard, rayonnement humble de Giorgio Morandi, bleu profond d’Alfred Manessier, dru dépouillement d’Alberto Giacometti, mais aussi bien ce merle aperçu dans le blanc de la neige, la lueur d’une larme ou ce parfum de paradis traversant un visage aimé à tel point que les anges semblent soudain jaloux, comme L’ange oublieux de Paul Klee : « Se demandant s’il doit / Ou non réduire l’envergure de ses ailes / Depuis que ce n’est plus en lui / Mais en nous-mêmes / Qu’un horizon se donne en héritage. »
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25/07/2016
Nuit de feu
À vingt-huit ans, Eric-Emmanuel Schmitt entreprend une randonnée dans le grand sud algérien. Au cours de l’expédition, il perd de vue ses compagnons et s’égare dans l’immensité du Hoggar. Sans eau ni vivres durant dans la nuit glaciale du désert, il n’éprouve nulle peur mais sent au contraire se soulever en lui une force brûlante. Poussière d’étoiles dans l’infini, le philosophe rationaliste voit s’ébranler toutes ses certitudes. Un sentiment de paix, de bonheur, d’éternité l’envahit. Ce feu, pourquoi ne pas le nommer Dieu ?
Cette nuit de feu – ainsi que Pascal nommait sa nuit mystique –, Eric Emmanuel Schmitt la raconte pour la première fois, dévoilant au fil d’un fascinant voyage intérieur son intimité spirituelle et l’expérience miraculeuse qui a transformé sa vie d’homme et d’écrivain. Les chemins qu’il trace ici sont inscrits en chacun de nous.
Autre lecture de vacances: un livre captivant, le désert qui dévore l'âme, lumière intérieure... et après la lecture, le livre refermé, me dire: "Et toi que vis-tu d'aussi fort? quelle lumière te transporte?"
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21/07/2016
Histoire de la violence
J’ai rencontré Reda un soir de Noël. Je rentrais chez moi après un repas avec des amis, vers quatre heures du matin. Il m’a abordé dans la rue et j’ai fini par lui proposer de monter dans mon studio. Ensuite, il m’a raconté l’histoire de son enfance et celle de l’arrivée en France de son père, qui avait fui l’Algérie. Nous avons passé le reste de la nuit ensemble, on discutait, on riait. Vers six heures du matin, il a sorti un revolver et il a dit qu’il allait me tuer. Il m’a insulté, étranglé... (4ème de couverture)
Lecture de vacances: 2ème roman d'Edouard Louis en grande partie autobiographique. Une belle écriture en miroirs multiples. Une analyse sociologique un brin narcissique. Un livre polémique comme son premier. Mais la littérature n'est-elle pas là parfois pour nous bousculer? Au-delà des faits racontés, c'est davantage la façon dont c'est dit et l'architecture de ce livre qui m'ont intéressé. L'auteur fera encore parler de lui dans ses prochains ouvrages, j'en suis sûr. TP
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