27/10/2014
De la rose
C’est une folie de haïr toutes les roses parce qu’une épine vous a piqué, d’abandonner tous les rêves parce que l’un d’entre-eux ne s’est pas réalisé, de renoncer à toutes les tentatives parce qu’on a échoué …
C’est une folie de condamner toutes les amitiés parce qu’une d’elles vous a trahi, de ne croire plus en l’amour juste parce qu’un d’entre-eux a été infidèle, de jeter toutes les chances d’être heureux juste parce que quelque chose n’est pas allé dans la bonne direction.
Il y aura toujours une autre occasion, un autre ami, un autre amour, une force nouvelle. Pour chaque fin il y a toujours un nouveau départ.
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince
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24/10/2014
Musique du silence
Pour mon anniversaire, j'ai une la joyeuse surprise de recevoir en cadeau le livre d'Yves Duteil "La petite musique du silence". Ce livre m'a accompagné durant une semaine en clinique pour une opération devenue banale chez les hommes de mon âge - généralement un peu plus âgé, mais bon! - Qu'il est bon de lire, de méditer de si belles pages écrites par un ciseleur de mots!
Ce livre arrive comme le prolongement et l'explicitation d'une pensée, d'une spiritualité déjà présentes dans ses chansons. Les mots ne sont pas là que pour faire joli mais pour nous emmener dans une réflexion profonde sur le sens de la vie.
Ce sont les paroles d'un sage, d'un homme profondément humain avec toute l'humilité qui devrait caractériser tout homme. ce sont des paroles qui invitent aussi à regarder la vie avec émerveillement et espérance, ce sont des paroles qui posent sur la vie tout l'amour dont elle a besoin pour s'épanouir, un peu comme ces larmes dont on ne sait plus si elles sont de joie secrète ou de tristesse surmontée.
Merci, M. Yves Duteil, de nous avoir rassemblé dans un seul et même livre toutes ces chroniques écrites pour la revue Panorama ces dernières années. C'est un plaisir de vous lire. Et dans une chambre de clinique, située tout au bout d'un long couloir, vos méditations m'ont nourri comme des pages d'Evangile dans une chapelle d'abbaye. TP
Yves Duteil: La petite musique du silence éditions Médiaspaul - Collection Grands Témoins
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10/10/2014
Modiano
L'écrivain français Patrick Modiano, 69 ans, a été récompensé du prix de littérature 2014 pour son œuvre axée sur le roman familial et «l'art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l'Occupation».
Le romancier a accueilli ce prix avec humilité : «On a une vision confuse des livres qu'on écrit. D'autant plus que j'ai toujours l'impression que j'écris le même livre depuis 45 ans. (...) Cela me semble un peu irréel d'être confronté avec des gens que j'ai admirés», a-t-il avoué au cours d'une conférence de presse. «C'était comme une sorte de dédoublement avec quelqu'un qui s'appelait comme moi (...) Tout cela a été un peu abstrait», a-t-il ajouté. «J'ai vu que j'étais (NDLR : dans les listes), mais je ne m'y attendais pas du tout.»
L'écrivain a également dédié son prix à son petit-fils suédois «parce que c'est son pays» tout en s'interrogeant sur les raisons qui ont poussé le jury à lui décerner le prix Nobel. En 1978, Patrick Modiano avait reçu le Prix Goncourt pour son roman «Rue des boutiques obscures» devenu depuis un classique. Le romancier français a centré toute son œuvre sur le Paris de la Seconde Guerre mondiale, dépeignant le poids des événements tragiques d'une époque troublée sur le destin de personnages ordinaires.
Le secrétaire perpétuel de l'Académie suédoise Peter Englund n'a pas tari d'éloges à l'égard de Patrick Modiano à la télévision publique suédoise SVT. «Son univers est fantastique, ses livres se répondent les uns aux autres», a-t-il expliqué, qualifiant également l'auteur français de «Marcel Proust de notre temps».
A la fin des années 60, Patrick Modiano, alors âgé d'un peu plus de vingt ans, a écrit quelques chansons, notamment le célèbre "Etonnez-moi Benoit" pour François Hardy, mais aussi pour Henri Séroka: "Les oiseaux reviennent" dont la musique est de Hugues de Courson et les arrangements et la direction d'orchestre de Saint-Preux.
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12/08/2014
Je veux écrire
Je veux écrire pour la beauté du regard, pour la pureté du langage. Je veux écrire pour essayer de rejoindre le vieil horizon, si net, pareil à un fil, et le ciel clair au-dessus de la mer. Je veux écrire pour être près des nuages blancs dans le ciel sombre, près de la lumière serrée du soleil, près des cimes des montagnes, là où seuls vont les éperviers. Je veux essayer d’être immédiatement là où mon regard se termine, là où il s’agrandit et reçoit sa joie. Je veux écrire pour être du côté des animaux, des enfants, du côté de ceux qui voient le monde tel qu’il est, qui connaissent toute sa beauté. Pour essayer de trouver une parcelle de cette vertu qui ne m’a pas été donnée à la naissance, mais qu’un visage de femme, ou d’enfant, au hasard de la foule un jour m’a montrée, comme le reflet d’une lueur étrangère aussi belle que le jour. Je veux écrire pour que cette clarté dure encore quelques instants, pour que le monde réel, vivace, reste encore quelques secondes dans la musique des mots. (…)
Je veux écrire pour une autre parole, qui ne maudisse pas, qui n’exècre pas, qui ne vicie pas, qui ne propage pas de maladie. Quand le monde, à l’aube, est tendu, transparent et pur comme une gemme, air clair, mer bleue, rochers étincelants, ciel immense, horizon où les vagues sont visibles ; quand le monde, à midi, est parcouru de terrible victorieuse lumière, et que les arbres sont incendiés, et que l’asphalte mou reçoit les marques de pneu des voitures ; quand le monde glisse dans le crépuscule du soir lentement, s’apaise parmi ombres et fumées ; quand le monde est dans la nuit noire, froide et dense, et que rutilent les milliers d’étoiles, quelquefois, une seule lune… Comment alors peut-on désirer autre chose, comment peut-on dire autre chose ? Pourquoi l’homme a-t-il trahi le monde ?
J.M.G Le Clezio, dans "Inconnu sur la terre"
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01/08/2014
Les mauvaises gens
Lecture de vacances. un autre livre offert. Une BD parue en 2005. Le texte ci-dessous dit bien le vécu et le ressenti d'une époque pas si éloignée encore.
Ceci est un communiqué du Groupe de Lecture des Ouvriers des Mauges
«Camarade, camarade,
Depuis toujours, dans notre douce région des Mauges, nous avons vécu sans mot dire, entre église et champs, messes et usines. Si le catholicisme est la chose dans notre province angevine la mieux partagée, elle ne doit pas pour autant nous réduire, nous ouvriers, nous travailleurs, à une œuvre de charité menée par les patrons des industries d’alentours. Si nous avons besoin de travailler, eux ne peuvent se passer de nos mains, de nos savoir-faire, de notre conscience professionnelle. Mais l’émancipation des ouvriers de nos usines, des artisans de nos ateliers passe aussi et surtout par l’acquisition de la conscience de classe de chacun d’entre nous. Le mouvement naissant des prêtres-ouvriers, interrompu un temps par une Église inquiète, revit aujourd’hui par le biais d’associations comme le J.O.C.(-F) ou l’A.C.O. à la demande et sous l’impulsion des camarades ouvriers/ouvrières. Car le besoin est là, il nous faut partager nos expériences de travail, s’unir et lutter ensemble. Aller main dans la main vers le syndicalisme, et pourquoi pas, pour certains, vers un engagement politique. Pour ne plus subir le joug de ces patrons bien-pensants s’imaginant donner pitance et obole aux mauvaises gens. Ouvrier n’est pas synonyme de misérable, bien au contraire, et dans nos pays catholiques parfois à l’extrême, foi et engagement se croisent, se retrouvent, union nécessaire de ces sœurs fâchées devant l’ennemi commun : le mépris et l’ignorance.
Au-delà d’une lutte politique, c’est le combat social qui se joue ici, qu’il faut mener, car personne d’autre ne le fera à notre place. »
C’est ce combat que partage avec nous Étienne Davodeau. La vie de ses parents, leur entrée brutale dans le monde du travail à 14 ans. Leur engagement dans la vie militante locale grâce à ces prêtres-ouvriers seuls, dans ce pays isolé et fermé, à s’intéresser aux jeunes travailleurs souvent perdus. Des manifestations défiant pour la première fois le tout puissant Éram jusqu’à l’espoir illusoire qui éclate lors de l’élection de Mitterrand en passant par mai 68, le Larzac et d’autres grands mouvements ouvriers, il met en image cette vie qui nous semble atypique et extraordinaire, pourtant si commune à l’époque, de ces gens qui ont un jour compris qu’une vie meilleure ne se donne pas, elle se prend.
À travers cette tranche de vie, Étienne Davodeau conte l’histoire trop méconnue d’un coin de pays oublié, et en filigrane les grands changements sociétaux français avec tout ce qu’ils ont amené d’espoir, de crainte et de questionnements. Nous suivons le fil du temps ponctué de retour au présent, quand pour les retrouvailles avec un témoin de l’époque, quand pour qu’Étienne Davodeau (qui ne l’oublions pas creuse dans la vie de ses parents !) mette le récit en perspective de ses souvenirs de petit garçon, sans jamais tomber dans le cliché ou la sensiblerie. La force des témoignages se suffit à elle-même et le trait de Davodeau les fait vivre parfaitement. Il a pour cela beaucoup d’humour, un vrai talent de mise en case, et bien évidemment beaucoup d’engagement !
Delcourt
184 pages
Marcelline
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29/07/2014
Billie
Parmi mes lectures de ces dernières semaines, un livre d'Anna Gavalda "Billie" que l'on m'a offert récemment.
Un régal! D'abord l'histoire qui m'a absorbé. Impossible d'arrêter la lecture. J'ai lu le roman en trois fois. De rebondissements en rebondissements. Ensuite le langage, celui des jeunes d'aujourd'hui, avec tout l'humour qui va avec, les vacheries mais aussi les vérités profondes qui ont du mal à être dites. Livre à la fois féroce et tendre. Livre savoureux. Un livre de vacances, quoi! Et ce n'est pas péjoratif de dire cela, car ce n'est pas un roman de gare, mais un grand livre, celui d'une auteure désormais confirmée. TP
Résumé
Franck, il s'appelle Franck parce que sa mère et sa grand-mère adoraient Frank Alamo (Biche, oh ma biche, Da doo ron ron, Allô Maillot 38-37 et tout ça) (si, si, ça existe...) et moi, je m'appelle Billie parce que ma mère était jolie de Michael Jackson (Billie Jean is not my lover / She's just a girl etc.). Autant dire qu'on ne partait pas avec les mêmes marraines dans la vie et qu'on n'était pas programmés pour se fréquenter un jour...
Non seulement Franck et Billie n'étaient pas programmés pour fredonner les mêmes refrains, mais en plus, ils avaient tout ce qu'il faut en magasin pour se farcir une bonne grosse vie de merde bien ficelée dans la misère - misère physique, misère morale et misère intellectuelle. Vraiment tout. Et puis voilà qu'un beau jour (leur premier), ils se rencontrent.
Ils se rencontrent grâce à la pièce On ne badine pas avec l'amour d'Alfred de Musset. Billie a été tirée au sort pour jouer Camille et Franck, Perdican.
A un moment, dans cette scène qu'ils doivent apprendre par coeur et déclamer devant les autres élèves de leur classe, Camille lance à Franck : Lève la tête, Perdican ! et à un autre, un peu plus loin, Perdican finit par avouer à Billie : Que tu es belle, Camille, lorsque tes yeux s'animent ! eh bien voilà, tout est là et tout est dit : ce livre ne raconte rien d'autre qu'une immense histoire d'amour entre deux vilains petits canards, lesquels, à force de s'obliger mutuellement à lever la tête et à se rappeler l'un l'autre qu'ils sont beaux, finissent par devenir de grands cygnes majestueux.
En fait, on dirait du Cyrulnik, mais en moins raffiné. Là où Boris aurait employé les mots «gouffre» ou «résilience», Billie, quand elle est heureuse, lâche en ricanant : Et tac. Encore niquêe, la vie.
Bah... À chacun, ses maux et sa façon de les écrire...
A. G.
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