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23/01/2013

Vient de paraitre

Aux éditions Echo optique:

image89U.jpg

Christophe JUBIEN : "Les mains autour du bol à fleurs".

Un recueil de haïkus dont voici un extrait:

 

Lune d'automne

mes pieds sous la table

ont des fourmis

 

 

Le camion s'engage

un instant séparées

les deux commères

 

 

Au touriste ébaubi

le chat errant

fait les yeux durs

 

08/01/2013

Ecrire est une enfance

Il y a un an, j'ai reçu à Noël le livre de Philippe Delerm: "Ecrire est une enfance". Vu la quantité de livres que j'avais à lire à ce moment-là, je l'avais placé dans ma bibliothèque dans la file d'attente. J'avoue même que je l'avais un peu oublié quand j'ai découvert il y a quelques semaines qu'il m'attendait. Je l'ai lu, je l'ai même dévoré tout en me disant que j'ai bien fait d'attendre pour le lire, car ce que l'auteur exprime je le ressens fortement. Il y a de nombreux points communs entre ce qu'il écrit de son enfance et de son rapport à l'écriture et l'expérience que je fais depuis quelques mois avec l'écriture des souvenirs de mes quinze premières années.

Voici ci-dessous une présentation du livre de Philippe Delerm. (Source)

delerm.jpg

Philippe Delerm est très attaché à son enfance. Il le dit à nouveau dans sa première autobiographie.

"Ecrire est une enfance", de Philippe Delerm, Albin Michel

L’auteur de La première gorgée de bière se livre avec une totale vérité. Un récit sans artifice et  émouvant.

Ecrire est une enfance, de Philippe Delerm est publié par Albin Michel (198 p., 15E) 
La note de Philippe Vallet : ****

Mot de l'éditeur

"Pourquoi est-ce que j’écris ? Pourquoi ai-je écrit ce que j’ai écrit jusqu’à aujourd’hui ?"

À soixante ans, Philippe Delerm se livre pour la première fois et s’interroge sur la genèse de son écriture, son parcours d’homme et d’écrivain. Avec lucidité et une certaine mélancolie, il évoque tour à tour ses premières rédactions d’écolier, ses parents instituteurs, sa rencontre avec les livres pour braver l’isolement d’une longue maladie infantile, sa timidité extrême et la difficulté d’expression des premiers émois, son renoncement au journalisme sportif, la rencontre essentielle avec sa femme, sa propre carrière de professeur de lettres, ses influences (Proust, Léautaud, Jules Renard, René Guy Cadou…), ses filiations, ses parrains de l’écrit (J.M.G. Le Clézio, Jean d’Ormesson, Pascal Quignard, Alain Gerber)… Un lent cheminement jusqu’à La première gorgée de bière, au succès.

Avec une extrême sincérité, Philippe Delerm dit son attachement viscéral à l’enfance, son goût des livres, de la chanson française, de la peinture, du cinéma, de la mélancolie et du bonheur, qu’il a transmis entre les murs des salles de classes, entre les lignes de ses livres… Avec La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, vendu à plusieurs millions d’exemplaires en France et dans le monde, Philippe Delerm s’est imposé dans le paysage littéraire français avec un succès jamais démenti par la suite. Il a publié en début d’année Un trottoir au soleil.

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14/11/2012

L'amour au creuset des mots

AEUVRES_article-default-mode-standard-normal.jpgThérèse d’Avila et Jean de la Croix entrent dans la collection de la Pléiade. L’écriture puissante et suggestive des deux mystiques fut tout entière dédiée à célébrer l’amour divin.

Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, ces deux noms, souvent associés par l’amitié qui les unit, font forte impression. Réformateurs, mystiques, saints et docteurs de l’Église, leurs titres se conjuguent pour sidérer qui s’approche à l’orée de leurs œuvres. Pourtant, rien ne fut plus étranger à leur intention que de semer le trouble. Car si Thérèse et Jean se résolurent à écrire, ce fut avant tout pour partager la saveur d’un amour.

Il faut faire confiance à ce dessein, et on se surprendra à entendre résonner leurs textes, malgré la distance qui sépare du XVIe  espagnol. Sans doute est-ce le signe que les deux mystiques furent, aussi, de vrais écrivains. La sélection de textes qui vient de paraître dans la collection de la Pléiade, chez Gallimard, permet d’en prendre toute la mesure. Elle s’ouvre sur le récit autobiographique de Thérèse d’Avila, le Livre de la vie, où la religieuse se dévoile sans détour; elle se clôt dans la poésie somptueuse de Jean de la Croix. Deux styles, deux étoffes chatoyantes, qui encadrent des textes plus ardus, comme Le Château intérieur ou les Demeures de l’âme.

Rédigé à la demande de ses supérieurs alors que Thérèse fait face aux soupçons de l’Inquisition, le Livre de la vie  raconte la maturation de sa vie spirituelle. Dans la lignée des Confessions  de saint Augustin, dont la lecture l’avait fortement impressionnée – «Je crus m’y reconnaître»,  écrit-elle –,  la religieuse raconte son chemin de foi, ses hésitations et ses joies, le ponctuant de louanges à Dieu. Le style est franc et vigoureux. Le témoignage, simple et fraternel.

À la lire, on croirait entendre la confidence de vive voix. On imagine Thérèse enfant, qui s’invente des jeux, où elle vit le martyre en mourant sous les coups des Maures, se fait ermite… Autre temps, autres mœurs! L’enfance heureuse, auprès de parents bons et fervents – «Voir mes parents n’aimer rien que les vertus m’était une aide. Les leurs étaient nombreuses»  – va bientôt se transformer en une jeunesse plus indolente. Thérèse est belle, intelligente, rayonnante. Elle est sûre de ses charmes. Il faudra qu’elle soit placée, par prudence, au couvent pour qu’elle renoue avec le désir de son enfance: se faire religieuse.

L’entrée dans les ordres fut malgré tout un arrachement, comme en témoigne la description poignante qu’elle donne de son départ de la maison familiale. «Telle fut ma douleur, le jour où je quittai la demeure de mon père, que je ne pense pas, à l’heure de ma mort, en ressentir de plus cruelle : on eût dit que chacun de mes os se séparait des autres.»  De ce sacrifice librement consenti, renouvelé au fil des jours et des années, naîtra l’un des itinéraires les plus exceptionnels de l’histoire du christianisme.

Dans ses écrits, Thérèse s’efforce de partager le cœur de sa vie spirituelle: l’oraison. Dans le Livre de la vie,  elle utilise pour cela la métaphore du jardin : «Le débutant doit s’imaginer qu’il se met à faire un jardin sur un terrain très ingrat et plein de mauvaises herbes, afin que le Seigneur s’y délecte.»  Dans Le Château intérieur,  le parcours de l’âme qui aspire à s’unir à Dieu est décrit comme un passage par sept demeures. Dans la dernière s’accomplit le «mariage spirituel»,  l’union parfaite avec Dieu, «où deux choses séparées ne font plus qu’une»,  ce moment où «on ne sent plus rien, mais on jouit sans comprendre ce dont on jouit» .

Thérèse, qui connaît toute sorte de phénomènes extatiques, n’en garde pas moins les pieds sur terre. On le voit à la lecture du Livre des fondations,  où elle apparaît en réformatrice de l’ordre du Carmel. Pragmatique, efficace, endurante. Entre 1567 et 1582, pendant les quinze dernières années de sa vie, la religieuse va fonder 15 couvents, qui renouent avec l’esprit de pauvreté et de prière de la règle originelle, non sans susciter de fortes résistances.

Active et contemplative, Marthe et Marie, la religieuse sait aussi se moquer d’elle-même, de ses ardeurs comme de ses tiédeurs, de sa volonté de convertir les autres à l’oraison. Elle critique les «sottes dévotions»,  se méfie des bonnes intentions – «si je devais dire toutes les erreurs que j’ai vu commettre quand on se fie aux bonnes intentions, je n’en finirais pas», lâche-t-elle. Plus que tout, celle qui souffrit tant d’être mal conseillée, redit sans relâche l’importance d’un maître avisé, expérimenté et docte.

C’est en la personne de Jean de la Croix, on le sait, qu’elle finit par trouver ce secours. Né en 1542, il fit partie du premier monastère réformé masculin et s’imposa bientôt comme l’un des piliers du renouveau religieux initié par Thérèse. Une collaboration confiante et une amitié réciproque les unirent. Ces deux êtres brûlaient du même feu.

Mieux formé, plus instruit, Jean de la Croix va traduire la passion divine dans une poésie subtile, qui le place parmi les maîtres de la langue espagnole. L’âme en quête de Dieu y prend les traits de l’amoureuse à la recherche de son amant, comme dans le Cantique des Cantiques. Tout chante la suavité de l’amour et la douleur d’être encore séparés. À l’une de ses disciples, qui lui demandait un jour si c’était Dieu qui lui donnait ces mots, Jean de la Croix eut cette réponse : «Parfois c’était Dieu qui me les donnait, parfois c’était moi qui les cherchais.»  Subtile réponse où l’écriture elle-même devient une métaphore de l’amour.

ÉLODIE MAUROT (La Croix)

 
 

08/11/2012

Goncourt 2012

ferrari.jpgRien n’était joué. C’est à la suite d’une longue délibération que le jury du Goncourt a annoncé hier le sacre de Jérôme Ferrari pour Le Sermon sur la chute de Rome, devant Joël Dicker, Linda Lê et Patrick Deville. Jérôme Ferrari a affirmé avoir ressenti en apprenant la nouvelle « une chute de tension qu’on peut considérer comme une définition correcte de la joie ».

Avec une écriture exigeante – les phrases de vingt lignes aux multiples virgules ne l’effraient pas –, Jérôme Ferrari livre avec Le Sermon sur la chute de Rome une fable sombre à la morale lumineuse. « Le monde est comme un homme : il naît, il grandit, il meurt ». En 410, Saint Augustin lance ce prêche aux fidèles désemparés après le sac de Rome. Un sermon qui donne son titre au livre et le résume parfaitement, même si l’histoire est à mille lieues de l’Antiquité.

08/09/2012

Fontevraud Manset

fontevraud manset.jpgLe mythe Manset débarque à Fontevraud. Chaque année, l’Abbaye confie à un artiste la création d’un carnet de visite, remis à chaque visiteur. Cette année, c'est à l'inclassable artiste Gérard Manset que les clés du monument ont été confiées. Attention : poésie.

"Il voyage en solitaire" depuis plus de 40 ans. Gérard Manset, le chanteur, le romancier, le photographe… le mythe, surtout, celui qui cache son visage, celui qui distille depuis la fin des années soixante-dix ses albums avec parcimonie et se refusant à toute promo, ce qui ne l'empêche pas d'en diffuser à chaque fois plusieurs milliers d'exemplaires grâce aux cohortes d'amoureux transis et fidèles - dont votre serviteur fait partie - qui ne manqueraient pour tout l'or du monde une seule des pierres blanches qu'il laisse tomber au fil de ses pérégrinations.

Ce qui veut dire que l'opuscule que vient d'éditer l'Abbaye de Fontevraud - conception, texte et photos de Gérard Manset - promet déjà de devenir un trésor recherché par les Mansetophiles (avec un tirage limité à 5 000 exemplaires !). Les amoureux de Manset, et ceux qui ne le sont pas encore, profiteront de vers impeccables que je ne résiste pas à l'envie de citer :

J'ai vu, dans ce jardin
Une chanson de pierre
Qui lutte avec les fées

Ensevelie de lierre
Et puis, par dessus tout
Ce qu'on sait de la Loire
De l'écrin, du bijou
De la lumière jaune
De ce qui fut la gloire
De cette envie de tours, toujours,
Et d'escaliers royaux
De châteaux enfoncés, endormis, affaiblis
Et d'abbayes, bien sûr,
Comme l'est Fontevraud
Plus loin qu'Angers là-bas,
Et le joli Chinon

 

Source ICI

Manset sur Wikipedia

27/03/2012

Terre d'envol

Terre recto.jpgPour dire le plaisir à la lecture de « Terre d’envol » de Thierry Piet – éditions Echo Optique.

Quelques fragments de la préface…

Bernard Grasset ouvre la porte et d’emblée nous fait entrer dans l’univers de ce recueil : « une forme d’éblouissement, d’humble illumination sur le chemin de la plénitude (…) la parole de Thierry Piet évoque le ciel en contrepoint du temps, suggère l’éternité. (…) le poète cherche à se tenir debout dans le mystère… »

Quelques fragments de poèmes…

La page blanche, la plage où s’effacent les pas « sur la page déserte » ; sur la page te sur la plage, en solitaire, le poète trace le signe, entre les silences et les questionnements. Il est invité à « voler vers la lumière », à rencontrer « neige d’oiseau » et « neige d’ange » pour « un écrit en langage universel ».

Ecrire pour se connaître ;l’écrit est une quête d’éternité. Au fil des saisons s’égrène le temps « l’été/l’éternité », « l’automne/frémit », « Novembre/caresse les collines », « fin décembre/nuit de givre ». Une vie d’homme, au fil du temps qui a fait son œuvre : « la pendule pourrait s’arrêter/d’un moment à l’autre » et pourtant : »c’est l’heure/de l’offrande » car il faut se donner pour devenir : »un arbre ivre/de vent et de lumière », un arbre « déraciné de son poème », pour « n’être qu’un poème/sur la table et aux cieux ». Alors l’éternité prend racine en cette terre où « il nous est bon d’être ici » ici « au lieu-dit Poésie » afin que « l’oiseau porte haut/nos rêves de légèreté/de pureté et de liberté » « sur une terre d’envol ».

Ghislaine Lejard dans le n°15 des Cahiers de la Rue Ventura

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