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01/08/2014

Les mauvaises gens

etienne-davodeau-les-mauvaises-gens-2005-135x190.gifLecture de vacances. un autre livre offert. Une BD parue en 2005. Le texte ci-dessous dit bien le vécu et le ressenti d'une époque pas si éloignée encore.

Ceci est un communiqué du Groupe de Lecture des Ouvriers des Mauges

«Camarade, camarade,
Depuis toujours, dans notre douce région des Mauges, nous avons vécu sans mot dire, entre église et champs, messes et usines. Si le catholicisme est la chose dans notre province angevine la mieux partagée, elle ne doit pas pour autant nous réduire, nous ouvriers, nous travailleurs, à une œuvre de charité menée par les patrons des industries d’alentours. Si nous avons besoin de travailler, eux ne peuvent se passer de nos mains, de nos savoir-faire, de notre conscience professionnelle. Mais l’émancipation des ouvriers de nos usines, des artisans de nos ateliers passe aussi et surtout par l’acquisition de la conscience de classe de chacun d’entre nous. Le mouvement naissant des prêtres-ouvriers, interrompu un temps par une Église inquiète, revit aujourd’hui par le biais d’associations comme le J.O.C.(-F) ou l’A.C.O. à la demande et sous l’impulsion des camarades ouvriers/ouvrières. Car le besoin est là, il nous faut partager nos expériences de travail, s’unir et lutter ensemble. Aller main dans la main vers le syndicalisme, et pourquoi pas, pour certains, vers un engagement politique. Pour ne plus subir le joug de ces patrons bien-pensants s’imaginant donner pitance et obole aux mauvaises gens. Ouvrier n’est pas synonyme de misérable, bien au contraire, et dans nos pays catholiques parfois à l’extrême, foi et engagement se croisent, se retrouvent, union nécessaire de ces sœurs fâchées devant l’ennemi commun : le mépris et l’ignorance.
Au-delà d’une lutte politique, c’est le combat social qui se joue ici, qu’il faut mener, car personne d’autre ne le fera à notre place. »

C’est ce combat que partage avec nous Étienne Davodeau. La vie de ses parents, leur entrée brutale dans le monde du travail à 14 ans. Leur engagement dans la vie militante locale grâce à ces prêtres-ouvriers seuls, dans ce pays isolé et fermé, à s’intéresser aux jeunes travailleurs souvent perdus. Des manifestations défiant pour la première fois le tout puissant Éram jusqu’à l’espoir illusoire qui éclate lors de l’élection de Mitterrand en passant par mai 68, le Larzac et d’autres grands mouvements ouvriers, il met en image cette vie qui nous semble atypique et extraordinaire, pourtant si commune à l’époque, de ces gens qui ont un jour compris qu’une vie meilleure ne se donne pas, elle se prend.

À travers cette tranche de vie, Étienne Davodeau conte l’histoire trop méconnue d’un coin de pays oublié, et en filigrane les grands changements sociétaux français avec tout ce qu’ils ont amené d’espoir, de crainte et de questionnements. Nous suivons le fil du temps ponctué de retour au présent, quand pour les retrouvailles avec un témoin de l’époque, quand pour qu’Étienne Davodeau (qui ne l’oublions pas creuse dans la vie de ses parents !) mette le récit en perspective de ses souvenirs de petit garçon, sans jamais tomber dans le cliché ou la sensiblerie. La force des témoignages se suffit à elle-même et le trait de Davodeau les fait vivre parfaitement. Il a pour cela beaucoup d’humour, un vrai talent de mise en case, et bien évidemment beaucoup d’engagement !

Delcourt

184 pages

Marcelline

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00:00 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0)