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29/01/2020

La vie ne vaut rien VO & Autre version

 

Ecouter la chronique d'André Manoukian sur France Inter, ce matin.

Le texte ci-dessous

Il est jeune Tim Dup, 25 ans, mais plus encore, son apparence est juvénile. Avec dans sa voix un peu cassée, un je ne sais quoi, un charme brésilien. Peut-être un chaman de candomblé qu’il aurait rencontré dans la forêt de Rambouillet par une nuit sans lune, un Orisha, un esprit qui lui aurait fait voir l’autre rive, celle qu’il est dangereux de fréquenter parce qu’on risque de ne pas en revenir. 

Il y a quelque chose de têtu dans son chant, quelque chose de l’enfance, quelque chose d’obstiné, d’un gars qui ne lâche pas, qui ne mâche pas ses mots, ni ses idées. Parce qu’il y a de la grâce dans ses textes, du travail acharné, le goût du bien fait, du bienfaisant aussi, le son est riche, envoûtant, complet, organique, il y a des violons et du beat, des nappes éthérées et des sinusoïdes en folie, des sous basses qui tapent en dessous de la ceinture, et des mélodies qui vous emmènent là haut. Comme dans les musiques sacrées des frères cubains, tout y est chez Tim Dup : Le rythme, les esprits de la terre, la mélodie, les esprits de l’air.        

Si jeune et choisir une forme testamentaire ; si jeune et se sentir coupable de l’état de la planète, si jeune et demander pardon aux enfants qui vont naitre, si jeune et se demander ce qu’il va rester de nous, si jeune et dire : je te laisse un demain en pluies et en orages, désolé mon amour de ce pauvre héritage, j’ai failli à la seule, à l’unique mission que j’avais de t’offrir le meilleur des mondes.

Mais il est beau le monde de Tim Dup, le monde de Timothée Duperray, il nous donne à voir que les nouvelles générations ont aussi le meilleur du village global, une conscience planétaire.

Pourquoi les voix voilées fascinent ?

Parce que les fêlures laissent passer la lumière, une voix voilée se réfugie dans le grave de peur de se briser mais provoque des harmoniques jusque dans les suraiguës, et la voilà couvrant tout le spectre sonore, des basses moelleuses jusqu’aux suraiguës brillantes. Il y a tout ça dans la voix de Tim Dup, pas besoin de grand-chose pour l’habiller, au contraire, tout le boulot de Damien Tronchot et Renaud Letang  consiste à virer des fréquences pour faire de la place à la voix. Des arrangements éco responsables en somme, sur lesquels la voix de Timothée veille.

Higelin disait, les chanteurs sont des guetteurs, ils traduisent les signes annonciateurs qui se sédimentent plus tard pour structurer la société. On est d’abord un guerrier, puis un chef, et à la fin, on est un sage. Il faut croire que le temps de l’urgence abolit les étapes, place au chef guerrier Tim Dup le Sage…

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