L'Homme-Poème

Je pense vraiment que Jésus de Nazareth, l'homme qui marche, comme dit Bobin, est un vrai poète. D'ailleurs, j'aime l'appeler personnellement l'Homme-Poème. Cet homme qui, un jour, quitte son métier, son village, habité par une parole qui l'émeut, qui le met en route. Désormais, et c'est terrible, son existence va se confondre avec cette parole-là. Un poème en marche. Et donc une rare sensibilité aux choses et aux êtres: "Regardez les lis des champs", "Vous êtes le sel de la terre", "Qui m'a touché?", " Donnez-leur vous-mêmes à manger", "Pas un cheveu de votre tête ne sera oublié". Je pense vraiment que l'Evangile est un poème et que ce poème n'appartient à personne, pas même à l'Evangile, et que l'écoute de toute humanité est nécessaire pour qu'il atteigne sa portée. Et je me réjouis que des traducteurs, des poètes, des traducteurs qui dont parfois poètes, renouvellent constamment ce poème-là.

Gabriel Ringlet,pro-recteur aux affaires régionales et culturelles de l'université catholique de Louvain.