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17/03/2007

C'était Yann

Dans l'hebdomadaire La Vie de cette semaine j'ai trouvé le témoignage ci-dessous qui m'a beaucoup touché. Je ne connaissais pas vraiment Yann Laurent, 27 ans, journaliste qui a mis fin à ses jours le 8 mars dernier... mais je vous partage le mot qu'une de ses collègues de travail a écrit:

"Yann, c'était d'abord un grand corps baraqué, déambulant en toutes circonstances avec nonchalance, jamais on ne l'a vu courir ou débouler un escalier, ce qui dans notre profession est assez rare. En apparence, l'urgence lui était étrangère. Comme s'il avait le temps pour lui.

Son métier, il l'abordait de la même façon, s'immergeant des semaines sur un sujet qui le passionnait. Peaufinant son écriture jusqu'à ce qu'on lui enlève sa copie des mains. Surveillant de près la mise en pages, entêté à faire changer une virgule ou un mot. Au secrétariat de rédaction, ses incursions étaient légendaires!

Yann aimait plutôt nager à contre-courant, il détestait l'angélisme et les discours trop facilement compassionnels. Son truc, c'était soulever les chapes, traquer les failles, montrer l'envers du décor. L'intérêt du journalisme, disait-il. Il avait adoré embarquer sur un bâtiment de la marine pour enquêter sur le racisme dans l'armée, s'envoler pour Kiev aux heures chaudes de la révolution orange, suivre pendant deux mois en banlieue parisienne un couple de patineurs se préparant aux JO, ou encore s'immerger dans les eaux troubles des gothiques parisiens. Le 8 mars, le temps qu'il semblait avoir devant lui s'est arrêté. Yann a choisi de s'envoler, comme le dit sa maman.

Nous ne potinerons plus avec lui, le soir, quand la pression se relâche. De tout, de rien, un conseil, un avis, une confidence. Nous ne le verrons plus hésiter longuement à la cantine entre tarte fraises ou chocolat. Ni écrire devant son ordinateur, le casque vissé sur les oreilles à écouter James Blunt ou Nigel Kennedy. Ni feuilleter l'Equipe dans l'espoir d'y trouver les résultats du hockey sur glace. Nous n'aurons surtout plus droit à son humour, qu'il distillait si bien, d'un coin de l'oeil malicieux ou d'un demi-sourire mutin. Cette présence-là, elle sera dure à oublier."

 

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