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09/06/2007

Faut-il des stars de Dieu?

7c37e6c8bfd95d7036f8c9f00a829004.jpg“Faut-il des stars de Dieu?” Cette question, aussitôt lancée, provoque une discussion animée. Parmi les arguments échangés, une formule me frappe: “Des stars, Dieu n’en a pas besoin. Mais pour nous, il en faut!”
A vrai dire, des stars de Dieu, nous n’en manquons pas: Mère Teresa, Jean-Paul II, l’abbé Pierre... Les sondages les classent même en tête des personnalités préférées par nos contemporains. Quant aux stars en tous genres, elles n’ont d’autant plus de succès qu’on les entoured’une aura de religiosité: les voici douées de “charisme”, “touchées par la grâce” et prenant part à des “grand-messes”...
Faut-il se réjouir de cet engouement, ou bien le mouvement irréversible qui transforme en objets de consommation médiatique les formes modernes de la sainteté chrétienne? On peut certes dénoncer les ambiguïtés d’une mise en scène qui use parfois de procédés quelque peu racoleurs. Mais la question posée est sérieuse: comment apprécier l’influence exercée par des personnes dont la vie est ainsi livrée à nos regards et à nos réactions?
Nos enthousiasmes d’enfants et d’adolescents nous l’ont appris très tôt: nous avons tous besoin de pouvoir nous identifier à des héros. C’est bien pour cela que, de génération en génération, on n’a cessé, dans l’Eglise, de raconter la vie des saints. Pendant longtemps, j’ai éprouvé des réserves face à la profusion de ces hagiographies qui me paraissaient détourner l’attention de la figure du Christ. Puis j’ai compris que ces vies transfigurées par l’amour de Dieu et du prochain sont elles-mêmes des paroles sur le Christ. Car la sainteté consiste à parler de lui concrètement, en se mettant à sa suite. Comme il y a mille et une manières de le faire, les formes de sainteté sont innombrables.
Un beau jour, certaines se retrouvent sous les projecteurs de l’actualité. Un critère de leur authenticité, c’est le long chemin déjà parcouru dans l’obscurité, le désintéressement et souvent l’hostilité. Mais il y a encore plus important: c’est la force du message transmis par le témoignage d’une vie donnée. Pensons à l’immense retentissement qu’a eu, y compris dans des pays où les chrétiens sont très minoritaires, l’exemple de Mère Teresa. Elle s’est mise au service des êtres humains les plus défigurés par la misère. Des multitudes de gens savent reconnaître la portée universelle de ce témoignage enraciné dans l’Evangile.
Beaucoup plus nombreuses sont les formes de sainteté qui restent définitivement ignorées. C’est bien ainsi. Je me rappelle l’émotion que j’ai éprouvée en découvrant dans un contexte de grand dénuement des personnes dont le rayonnement spirituel était intense, tout en restant remarquablement humain et discret. Me voyant impressionnée, quelqu’un m’a glissé à l’oreille: “Le Saint-Esprit a bien raison de garder de tels trésors cacher dans des coins.” Il ne faudrait pas que le tapage médiatique fasse oublier qu’il y a beaucoup de trésors cachés.

Soeur Christiane Hourticq dans La Croix du 3 juin 2007

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