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22/07/2007

Avoir le dos rond

 Vu dans  La Croix

A la sortie de la messe, quelques amateurs de latin tendent une perche amicalement provocatrice. Mais ils l¹assortissent d¹un avertissement ferme et clair : « Surtout ne nous tournez pas le dos ! » Tel pourrait être le leitmotiv des réactions jaillies des bancs de l¹église. La publication du motu proprio a jeté un malaise inopportun dans nos communautés, alors que les générations les plus actives ont largement oeuvré au renouveau liturgique de Vatican II. En effet le risque n¹est pas mince de voir une fois de plus se confirmer l¹image d¹une église tournant le dos aux préoccupations vitales de ce monde. Nos communautés rurales en mal d¹avenir, dispersées et bien fragiles, n¹ont pas besoin d¹être exposées à ce ressac d¹un autre âge. Quelques personnes, certes très minoritaires, ne manqueront pas d¹exploiter la situation pour perturber et décourager les rares bonnes volontés qui se tiennent au seuil de l¹église. Ils sont autrement nombreux tous ceux qui attendent un message évangélique d¹espérance qui les nourrisse pour affronter leurs responsabilités dans ce monde en pleine mutation. Notre temps a besoin d¹une initiation à l¹évangile et à la prière accessible aux hommes, aux femmes et aux enfants, pétris de la culture du XXIème siècle.
Pour qui fréquente le terrain pastoral ordinaire, la lecture du motu proprio ne manque pas d¹étonner sur un autre point:
«Le curé autorisera, le curé décidera ! » Comme si nous avions aujourd¹hui ce pouvoir alors que nous sommes en négociation permanente, exposés aux revendications contradictoires, aux injonctions menaçantes, aux demandes à la carte. Quel pouvoir supposé avons-nous devant la maman en pleurs qui se réveille à huit jours du baptême ? Quel pouvoir supposé avons-nous devant la famille intransigeante qui réclame le droit à la première communion de son enfant alors qu¹il n¹est jamais venu à la messe ? Quel pouvoir supposé avons-nous devant les mariés en détresse qui ont réservé la salle, le traiteur, convoqué les invités mais négligé d¹informer à temps la paroisse de leur démarche ? Le curé doit aujourd¹hui avoir le dos très large pour accueillir la diversité des demandes individuelles de brebis plus ou moins égarées. Sous peine de passer pour le curé sans coeur et sans compassion pour son prochain, nous n¹avons aujourd¹hui que le pouvoir de céder. Nous n¹avons que le pouvoir de faire le gros dos, afin de raccrocher les fils coupés, de renouer les liens distendus, et d¹écouter ceux qui sont si loin de l¹église.
ARNAUD FAVART Mission de France (Creuse)

Commentaires

Et surtout que "ce gros dos" qui pour moi ressemble à la croix de Jésus soit la marque qui reste de notre Eglise...
Oui, rejoindre là où en sont ceux qui frappent à la porte de l'Eglise... parler le langage du XXIe siècle, celui qu'aurait le Christ pour parler de son Père et du Royaume de Dieu...
et de ses frères les hommes...
Merci à vous tous qui nous prenez par la main là où nous en sommes et nous emmenez à plus de sens avec un langage d'aujourd'hui.
Merci car nous avons besoin de cela.
Que l'Esprit Saint accompagne notre Eglise... et tous entendaient les merveilles de Dieu dans leur propre langue.
Merci Thierry pour cet article.
Annik

Écrit par : Annik | 27/07/2007

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