04/06/2008
Palme d'or
François Bégaudeau : « Mes véritables racines familiales sont à Saint-Michel-en-L'Herm (Vendée) où ma famille a encore une maison. » : AFP
Auréolé de la Palme d'or remise à Entre les murs, le film tiré de son livre, le Vendéen, qui y joue son propre rôle, se considère d'abord comme un écrivain.
Entretien
François Bégaudeau.
Professeur, écrivain, aujourd'hui scénariste et acteur, est né loin de Cannes : à Luçon, en Vendée.
La Palme d'or, vous la vivez comment ?
Quand j'ai vu le gros « bordel » qu'elle a provoqué, j'ai décidé de ne faire aucune émission. J'ai refusé de partir en tournée. Juste après Cannes, je suis allé en résidence d'écrivain trois jours à Fontevraud. Ça m'énerve qu'on parle autant du film avant sa sortie. J'attends octobre pour voir ce que les gens en pensent vraiment.
Où avez-vous rencontré Laurent Cantet, le réalisateur d'Entre les murs, tiré de votre livre du même nom ?
Dans une émission de radio où j'étais venu parler du livre. Il m'a rappelé ensuite pour me proposer d'en faire un film où je jouerais mon propre rôle d'enseignant. Le roman était assez autobiographique, tiré de mon quotidien en tout cas. Il s'en est beaucoup inspiré, tout en apportant sa touche personnelle.
Est-ce que ce succès va changer votre façon d'écrire ?
Non. Des scénarios, j'en ai déjà écrit. Je sais que certains écrivains travaillent en pensant au cinéma, c'est plus lucratif. Mais quand j'écris, j'essaie d'écrire un bon livre, c'est tout. Je travaille actuellement sur deux livres qui paraîtront à la rentrée. Le premier, L'Antimanuel de littérature, est à la fois pédagogique et comique. L'autre est un pur roman dont le titre est encore secret.
Comment vous est venue la vocation d'écrivain ?
Quand je faisais mes études, comme tous les étudiants en lettres, j'avais déjà plus ou moins l'idée d'écrire. Ça s'est concrétisé. J'ai eu la chance d'être publié assez vite.
Vous vous êtes aussi intéressé au rock. Vous étiez chanteur dans le groupe « Zabriskie Point » et aimez, paraît-il l'équipe de Nantes de football...
Il ne faut rien exagérer ! J'ai chanté autrefois dans un groupe, mais c'est loin, tout ça ! Quant aux Canaris, c'est vrai, j'ai été supporter. Beaucoup moins maintenant car ce club n'a plus d'identité.
Revenons au cinéma. Vous avez aussi des liens avec le 7e art à La Roche-sur-Yon.
Six mois après ma rencontre avec Laurent Cantet, je l'ai retrouvé au festival yonnais En route pour le monde, consacré à l'aventure humaine. À la demande de Yannick Reix, son organisateur, je fais partie du comité de programmation. L'an dernier, en tant que critique aux Cahiers du cinéma, j'ai contribué aux débats.
Vous êtes écrivain mais vous êtes aussi engagé... à gauche.
Quand j'étais jeune, j'étais à l'extrême gauche. Maintenant à 37 ans, je suis de gauche. Vous savez, être de gauche, dans le milieu littéraire, ce n'est pas spécialement courageux. Je ne suis pas un de ces intellectuels qui montent sur leurs grands chevaux en toutes occasions. Par contre, j'essaie de fabriquer autant d'égalité et d'équité que possible en donnant accès à la parole et à la responsabilité pour tous.
Recueilli parMarc LAMBRECHTS.
Ouest-France
18:46 Publié dans Actualités, Films, Livres | Lien permanent | Commentaires (0)
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