Monsieur le Président, Je fais partie de ceux que votre discours prononcé au palais du Latran, le 20 décembre 2007, a enthousiasmé. En effet, tout en respectant le principe de laïcité, auquel je suis profondément attaché, vous avez officiellement reconnu qu’il était important « d’assumer les racines chrétiennes de la France et même les valoriser, tout en défendant la laïcité parvenue à la maturité ». Emporté par cet enthousiasme, je n’ai pas hésité - au risque d’être critiqué, et cela n’a pas manqué d’arriver - à lire certains passages de votre discours en chaire, soulignant sa portée historique. Quelle ne fut pas ma déception lorsque j’ai appris que vous souhaitiez modifier la loi de 1906 sur le travail le dimanche ! Monsieur le Président, cette proposition, loin de « valoriser » nos racines chrétiennes, les bafoue. En effet, nous inscrivant dans l’histoire du peuple d’Israël, le dimanche, premier jour de la semaine pour les chrétiens, est par excellence un jour chômé, où le travail ne saurait devenir la norme. Mais si à nos yeux de croyants, le dimanche est le « Jour de Dieu », il est aussi pour nous, disciples du Christ, le « Jour de l’homme », puisque nous croyons que l’homme a été créé à l’image de Dieu. De ce fait, tout ce qui touche l’homme, touche Dieu, et tout ce qui blesse l’homme, blesse Dieu. Or, votre projet privilégie une vision strictement économique qui blesse l’homme, puisqu’il va favoriser la dislocation de la cellule familiale et du tissu associatif. S’il est adopté, nombre de pères et de mères d’une famille, travaillant dans deux entreprises différentes, risquent de ne plus avoir le même jour de repos. Cela causera un préjudice irréparable à l’équilibre de la cellule de base de la société, et par là même à la société française tout entière. De même, comme l’ont souligné de nombreuses associations, syndicats, partis politiques, et même députés, le dimanche constitue par excellence le jour où se tissent les rapports sociaux à travers notamment les rencontres sportives ou culturelles… Monsieur le Président, ne l’oubliez jamais : comme l’a proclamé avec force Jean Paul II, pour qui vous avez témoigné de votre admiration, l’économie est faite pour l’homme et non l’homme pour l’économie. Je vous supplie donc de renoncer à étendre le travail dominical et de trouver d’autres moyens pour améliorer le pouvoir d’achat des Français. Vous remerciant de l’attention que vous porterez à ma requête, je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’expression de ma haute considération. Père Patrice Gourrier, Curé de paroisse, psychologue, et « Grande Gueule » sur RMC. |
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