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17/05/2009

Eurovision (suite et fin)

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Dans un concours d'un piètre niveau, les téléspectateurs européens et le jury de professionnels ont couronné un pâle chanteur norvégien.

Honnêtement, nous faire croire que Patricia Kaas serait l'héroïne qui pouvait faire oublier plus de trente ans de disette française à l'Eurovision, tenait de l'imposture... Car pour cela, encore fallait-il une bonne chanson. Et sûrement pas la très fade Et s'il fallait le faire. Bien loin des grands succès populaires de la chanteuse française dans les années 80.

Clichés de base

Certes, très aimée dans les pays de l'Est, notre Française a été applaudie, encouragée par le public. Certes, elle était bien belle dans une robe noire sexy, ses yeux clairs relevés par un dense maquillage gris. Mais l'apparat ne fait pas toujours le lauréat. Même à l'Eurovision.

Et pourtant. Ce concours est peut-être avant tout un défilé de physiques tendance mannequin, aux vêtements et costumes originaux, colorés, moulants, courts et fendus, quand ce n'est pas simplement l'habit folklorique auquel croirait à peine le touriste de passage...

Ajoutons-y quelques clichés de base. La Suédoise y est une belle plante blonde. Tout comme l'Islandaise, en format plus femme-enfant. Le Grec est ici un bellâtre. Il n'y a guère que l'Espagnole qui surprend en blonde platine... Quant aux Allemands, ils avaient débauché un bel Américain et la strip-teaseuse Dita Von Teese, c'est dire la couleur locale...

Rythmes outranciers, romances sirupeuses

Mais le pire, c'est que dans ce festival de rythmes outranciers, de romances sirupeuses et de sourires figés, on semble, la plupart du temps, oublier qu'une chanson, c'est souvent, avant tout, une jolie mélodie, un texte qu'on a envie de retenir, et un chant qui se détache de l'ordinaire.

A ce petit jeu, au moment des votes, on ne pouvait guère retenir que la Suédoise Malena Emman, justement pour sa voix de mezzo-soprano et une mélodie esquissée. La Russe Anastasia Prikhodko pour, là aussi, la mélodie plutôt travaillée et la petite larme versée pour la séquence émotion. L'Urban symphony estonien avec une chanson assez touchante. Le rock FM plutôt efficace des Danois de Brinck. Voire l'élégance de l'Anglaise Jade Ewen à la voix puissante.

Perdre: un gage de qualité?

Eh non... Une grande partie des « twelve points » sont allés au Norvégien « à la gueule d'ange » entourée de deux pulpeuses blondes qui surjoue un titre bien banal. A se demander si perdre à l'Eurovision n'est pas finalement un gage de qualité.

Pour le reste, outre les commentaires assez navrants des deux animateurs français, il faut reconnaître le sans faute de ce show 2009 « made in Russia » au rythme nerveux et au décor fastueux. Belle démonstration du savoir-faire russe en la matière. Sauf que dans l'après-midi, les forces de l'ordre ont procédé à plusieurs dizaines d'arrestations, parfois musclées, de militants homosexuels, lors d'une « gay pride » interdite par la mairie de Moscou.

Michel TROADEC.
Ouest-France Dimanche 17 mai 09

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