30/12/2009
Jésus vu par
Il fit beaucoup plus qu'il ne dit. Il soulagea, il guérit, coorigea quelques défaillances de nature: non pas toutes celles du vaste monde, mais celles qu'il rencontrait, à la portée des sens. Il ne fit pas de prodiges colossaux. Il n'ouvrit pas les eaux de la mer, mais il calma des tempêtes. Il ne rougit pas de sang les eaux du Nil, mais il remplit de bon vin les jarres d'un repas de noces. Il suscita sourires et guérisons, biens tellement plus durables.
Il étalt menuisier de son état. Les arbres ne peuvent s'enfuir quand arrivent lesdécoupeurs, ils restent là, les accueillent, se laissent abattre. Comme eux, lui non plus ne s'enfuit pas. Planté de clous sur une planche, il était destiné à finir comme un bout de bois allongé et emboîté, misen oeuvre par une volonté de sacrifice.
Alors que le jour le plus bref de savie s'achevait, le suc derésine de l'arbre sur lequel il était crucifié entrait dans ses narines avec une force anesthésiante. La blessure de la plante coupée s'unbissait à son sang. Alors, il sourit et sa tête retomba de côté sur son épaule dans un fracas de forte respiration, comme la ramure d'un arbre abattu.
Erri de Luca (dans La Vie 2863)
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