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28/03/2010

Rameaux et Passion

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Dimanche des Rameaux et de la Passion. Voilà le titre liturgique exact de ce dimanche qui ouvre la semaine sainte. On a tendance à la réduire à l'un ou à l'autre de ces deux éléments, et on a tort !

Ne voir qu'une entrée triomphale à Jérusalem, c'est oublier que, si Jésus a rejoint cette ville, c'est pour y mourir. Encore heureux que certains ne qualifient pas cette entrée de « triomphaliste » ! Le pauvre ânon n'était que la 2 CV de l'époque… Bien sûr, Jésus est acclamé, fêté, chanté. Mais ce sont principalement des enfants qui lui réservent cet accueil… Les adultes ne s'y opposent pas, et c'est déjà ça !

L'aspect festif

Surtout en milieu rural, on pourrait faire réfléchir une assemblée sur la nature des branchages qui célèbrent l'entrée de Jésus à Jérusalem. Notre France du Nord utilise liturgiquement des brindilles de buis, qui n'offrent guère de signification triomphale… C'est plutôt la plante qui sert de bordure aux tombes dans les cimetières et interdit de marcher sur les pelouses dans les jardins publics… même s'il est bénit, le buis demeure un végétal triste…

Rome utilise les lauriers, avec une connotation de triomphalisme romain et quelques souvenirs du fascisme… Mais les lauriers, comme aussi en Grèce, apportent un signe de récompense et de victoire. Saint Paul lui-même faisait allusion à la couronne remportée par le champion dans le stade, et les récents Jeux olympiques d'Athènes ont su réutiliser ce symbole pour désigner et féliciter les meilleurs champions…

L'ensemble de l'Italie aime couper de longues branches d'olivier, dont les feuilles argentées jouent joyeusement dans le soleil. L'olivier est un arbre massif, puissamment enraciné, et à ce titre symbolise aussi la tradition et la fidélité dans le temps.

L'olivier donne une belle ombre fraîche qui protège de la forte chaleur méditerranéenne et procure un moment de paix. C'est l'arbre du repos et de la sécurité, et son feuillage est symbole de paix, comme aussi annonce de la Passion du Christ au jardin des Gethsémani… Dans le sud de l'Italie, on voit brandir parfois de belles feuilles d'acanthe, associées aux chapiteaux des temples grecs de Pompéi ou de Sicile, avec leur fine et joyeuse dentelle de verdure.

Enfin, à Jérusalem, ce sont des palmes qu'on brandit pour la fête. Le palmier est l'arbre du désert, signe de la présence d'eau dans les oasis dont il est le plus bel ornement. C'est l'arbre qui réunit et rassemble les communautés humaines assoiffées.

Quelle que soit la verdure utilisée, les rameaux de branchages agités dans le vent portent un symbole de jeunesse et de joie. Ce sont des signes de la vie végétale et de la vie tout court. L'évangile nous rappelle que ce sont surtout des enfants, eux-mêmes promesses d'espoir et d'avenir, qui agitent ces branchages devant le petit âne et jettent couvertures et tapis sous ses pas. L'accueil de Jésus est moins un triomphe qu'un cri de joie pour sa présence. La présence d'un Sauveur.

Le Sauveur vient-il comme un puissant ?

Israël attendait une libération, et éventuellement une restauration monarchique. L'entrée de Jésus à Jérusalem peut être vue dans cette optique : voici un roi qui vient au devant de son peuple.

Mais la lecture d'Is 50, 4-7 nous rappelle que ce roi est avant tout le serviteur humble et douloureux de la transmission de la Parole et du message d'un Dieu qui l'éveille chaque matin pour qu'il s'en imprègne et se laisse lui-même instruire. Ce roi-serviteur sera un homme de souffrance, et sa vraie gloire ne se réalisera que dans la Jérusalem céleste, et non dans la ville sainte de Judée… Le salut du peuple ne viendra pas du roi, mais du prophète…

Les rameaux et la croix

Car les branchages de l'accueil juvénile évoquent aussi un autre arbre, sans aucune feuille celui-là : l'arbre de la croix sur laquelle Jésus va souffrir et mourir. La semaine sainte ne peut dissocier la gloire et la croix. Car la gloire passe par la croix : c'est l'arbre de la douleur qu'annoncent toutes ces branches coupées. Et la gloire céleste, infinie, ne sera obtenue qu'au terme de cette crucifixion pendant laquelle le Fils de Dieu interrogera fiévreusement son Père : « Pourquoi m'as-tu abandonné ? ». Le Ps 21 récité alors par Jésus se termine bien par la joie, la confiance et la gloire, mais il commence dans le doute et dans le désespoir… La gloire ne se manifestera qu'au jour de Pâques, avec sa lumineuse Résurrection.

Conclusion

Il semble donc fécond, spirituellement et pastoralement, de ne privilégier aucune des deux dimensions de la fête des Rameaux, mais bien de les unir dans un même regard. Les Rameaux ouvrent la semaine de la croix.

Leur dimension festive n'est pleinement comprise qu'après l'agonie dans le Jardin des Oliviers, la crucifixion et la mort de Jésus, et elle ne sera vraiment manifestée dans toute sa signification qu'au moment où le Christ est véritablement entré, non pas dans une ville sainte, mais dans l'unique Jérusalem où désormais il nous attend.

Fr. Olivier de La Brosse dans Esprit et Vie n°122

 

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