28/10/2014
Qui travaillle qui?
Le chirurgien n'a pas voulu me laisser sortir le samedi de peur que je travaille le week-end. Il sait que je suis prêtre et je connais aussi son humour. Il y a comme une complicité entre nous par petites phrases interposées. En plus, il se fait un grand plaisir en m'appelant M. l'abbé devant les infirmières qui réalisent avec une certaine fierté qu'elles ont un prêtre dans leur service. Je l'ai souvent remarqué: les médecins et les militaires aiment bien les titres (docteur ou colonel), alors je les laisse dire. Et après tout c'est la vérité, je suis abbé!
Mais le fait que ce chirurgien ait peur que je travaille ce dimanche-là, même si c'est une taquinerie, me fait poser la question suivante: célébrer la messe, est-ce un travail?
Il est vrai que le prêtre est presque toujours debout dans la célébration et en convalescence ce n'est pas trop indiqué. Et puis célébrer deux messes à la suite, ou plus comme lorsque j'avais 30 ans, me fatigue aujourd'hui.
Non, célébrer la messe n'est pas un travail même si certains dimanches cela me demande énergie et concentration pour prendre en compte des assemblées différentes et diversifiées. Il faut savoir parfois jongler avec toutes sortes de détails pour que chacun trouve toute sa place dans la célébration. Il n'est pas rare que soient présents dans une même messe des petits enfants de l'éveil à la foi, de jeunes parents qui ne viennent pas souvent, des enfants qui préparent leur première communion et une ou deux familles rassemblées pour se souvenir de leurs défunts récents. Autant être en forme pour tenir compte de toutes ces réalités ensemble pour n'oublier personne.
Non, célébrer la messe n'est pas un travail pour autant. Je dirai plutôt que c'est l'Eucharistie qui me travaille, non pas dans le sens d'une tracasserie ou d'une peur de ne pas être en forme:
Elle me travaille quand je suis plusieurs jours sans pouvoir la célébrer comme, par exemple dans une chambre d'hôpital.
Mais elle me travaille aussi à chaque fois que je la célèbre... disons plus justement que c'est le Christ qui me travaille de l'intérieur, qui me fait grandir, vivre et aimer toujours plus grand, plus vrai et plus fort.
Le Concile Vatican II dit que l'Eucharistie est la source et le sommet de la vie chrétienne. Je le ressens surtout quand j'en suis privé. Faire l'expérience du manque, du désert, d'une certaine pauvreté fait comprendre l'importance et la nécessité de ce qui fait tenir debout. Je n'ai pas fini de creuser pourquoi j'aime tant le psaume 62: "Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube; mon âme a soif de toi; après toi languit ma chair."
Dans tous les cas, je ne travaille pas quand je célèbre la messe, mais c'est l'Eucharistie qui me travaille quand je la célèbre ou quand je suis trop longtemps sans la célébrer. TP
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