05/11/2015
Tous saints?
Je suis dans ma voiture
et je n’ai pas fière allure.
A l’horizon ,
le long de l’ancienne voie ferrée,
je vois de grands arbres noirs.
Ils ressemblent à des pénitents
têtes inclinées, bras baissés,
fatigués, désabusés.
Lentement, tristement,
en procession, à reculons presque,
on a chanté le paradis des bienheureux.
A-t-on vraiment l’envie d’y aller ?
Et si le ciel était vide ?
Je suis dans ma voiture
et je n’ai pas fière allure.
Je suis derrière des vélos
qui s’entrainent pour la course.
C’est la folie des hommes
de vouloir toujours être en tête d’un peloton.
Les infos signalent une marche blanche
pour une adolescente
qui a croisé le chemin
de chauffards assassins.
« Plus jamais ça ! » sur des banderoles
parce que les gorges sont trop serrées
pour crier.
Et si le ciel était vide ?
Je suis dans ma voiture
et je n’ai pas fière allure.
Un tracteur me cache la route.
Ses grosses roues lâchent de la boue.
Que fait-il un premier novembre à midi ?
Dans un village de Gironde
la vie s’est arrêtée
depuis que des retraités ont brûlé vif
dans le car enflammé
de leur dernier voyage.
Et si le ciel était vide ?
Je suis dans ma voiture
et je n’ai pas fière allure,
bloqué par des travaux,
je ne peux plus avancer.
Je fixe le feu rouge et je vois :
Un cortège de moines
disparaître dans les neiges de l’Atlas…
des files de migrants frapper aux portes
de notre soi-disant paradis…
Dans nos églises,
on chante de beaux cantiques,
mais dehors
la musique n’est pas toujours aussi belle.
La foule de l’Apocalypse continue son chemin
toujours lavée dans l’épreuve du sang.
Et si le ciel était vide ?
Je suis de cette humanité migrante
avec au cœur la brûlante attente
de paysages meilleurs
Et si le ciel était vide ?
vide de tous ces gros nuages
qui assombrissent nos visages ?
dégagé de tous les oiseaux
de mauvaise augure ?
qui gémissent, qui ricanent, qui…
Le monde est-il en panne de sens ?
«Je suis le chemin, la vérité et la vie »,
dit Jésus,
mais ça ne suffit pas toujours
pour nous laver de tout l’or rouillé
d’un monde à l’envers
et des mélancolies passagères.
TP
00:00 Publié dans Actualités, Poèmes | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
poème d'une réalité tellement cruelle !...
il y a pourtant beaucoup de petits follets à admirer ...........
bientôt un nouveau recueil de poésies à nous offrir thierry !...
Écrit par : Martine | 05/11/2015
Merci Martine pour ce petit mot... ça faisait longtemps...
Pour l'instant, j'ai beaucoup de poèmes en attente, mais pas de projets de publication. Il faudrait avoir plusieurs vies!
Écrit par : thierry | 06/11/2015
des soucis de santé sont venus encore m'ennuyer -
je voulais écrire : des FEUX follets -
Écrit par : Martine | 06/11/2015
"Et si le ciel était vide" Phrase terrible!
Écrit par : Alezandro | 07/11/2015
"Et si le ciel était vide" Phrase terrible!
Écrit par : Alezandro | 07/11/2015
Une phrase d'Alain Souchon dans "Et si en plus y'a personne" qui m'a inspiré ce poème.
Écrit par : thierry | 07/11/2015
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