Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/09/2021

Histoire de notre temps

grand récit.jpgJohann Chapoutot, Professeur d’Histoire Contemporaine à la Sorbonne, auteur de "Le grand récit - Introduction à l’histoire de notre temps" (PUF), est l'invité de Léa Salamé, ce matin, mercredi 29 septembre, sur France Inter.

Pourquoi ce besoin de toujours croire en quelque chose ? “Nous sommes des êtres symboliques, des êtres de langage, nous avons besoin de récit pour cartographier notre position dans le monde et supporter ce petit détail : le fait que nous sommes mortels. Lorsque l’on parle de comprendre la logique de quelqu’un, derrière il y a le logos, le discours, le récit.”

“Il y a eu un vide laissé par le providentialisme, qui était l’explication dominante jusqu’à la première guerre mondiale, et qui a reflué devant les grandes catastrophes du XXe siècle et devant le scientisme", explique l'historien. "Pour remplir ce vide, il y a eu des religions politiques. Des idéologies comme le communisme, le fascisme, le nazisme, sont des positions anthropologiques, qui définissent votre position dans le monde, votre rapport à la mort, et sont donc de fait des propositions religieuses.”

Aujourd'hui, on voit apparaître de nouvelles croyances, comme le complotisme : “On ne peut pas ne pas faire l’hypothèse de la bêtise, parfois”, reconnaît Johann Chapoutot. Mais pour lui, il faut le prendre au sérieux, “de même qu’on a eu tort de ne pas prendre au sérieux les propositions idéologico-religieuses des fascistes, des nazis, des staliniens, qui étaient incarnés par des acteurs qui y croyaient. Le complotisme est une manière de faire de la religion sans dieu : c’est tout expliquer par une force obscure, on congédie dieu mais on garde le diable, les pédo-satanistes, les reptiliens, les juifs qui sont toujours de bons candidats à l’explication par la causalité diabolique.”

“On constate qu’il y a investissement dans un discours complotiste lorsqu’il y a de grands traumatismes sociaux.”

Il y a aussi le déclinisme, le “c’était mieux avant” : “Ça marche parce qu’il y a des traumatismes sociaux massifs : la mondialisation, la désindustrialisation, la pandémie… Il y a un besoin de se recroqueviller vers quelque chose de fantasmé qui aurait été mieux avant. C’est une vieille tradition, qu’on peut mettre en perspective avec la tradition romaine : au premier siècle de notre ère, à l’acmé de l’empire romain, tous les historiens romains disaient que c’était mieux avant et que Rome était en train de se déglinguer !”

Entretien complet sur le site de France Inter.

Les commentaires sont fermés.