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19/04/2009

St Thomas

ges.jpgDans les récits bibliques qui relatent l'événement de Pâques, il y a un personnage haut en couleurs: l'apôtre Thomas. Haut en couleurs principalement pour la réputation dont la tradition l'a affublé. C'est, dit-on, un incrédule. Il veut des preuves. Il veut toucher. Son attitude est tellement retentissante, qu'une expression en est née: «incrédule comme Thomas». Nous taquinons nos amis qui doutent de nos propos quand nous leur déclarons: «Tu es un saint Thomas!»

Pourtant, à regarder de plus près le texte évangélique, c'est plutôt un croyant, et même un grand croyant, que nous rencontrons en saint Thomas. Il dit: «Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je n'y croirai pas.» (Jean 20, 25) Voilà une affirmation de foi importante: Thomas croit ou veut croire en reconnaissant dans le Christ celui qui a souffert et est mort. Il ne veut pas ignorer la passion. Bien au contraire. La mort du Christ fait partie de sa foi au même titre que sa résurrection. Celle-ci ne vient pas cacher le scandale de la croix; elle en montre plutôt la fécondité.

Le Ressuscité apparaît huit jours plus tard. Thomas est présent. Et le Seigneur lui dit: «Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté; cesse d'être incrédule, sois croyant.» (Jean 20, 27) Autrement dit: reconnais le crucifié dans celui qui apparaît en ressuscité. Sois croyant jusque-là. La résurrection ne nie pas la passion. Elle en montre toute la fécondité. Dieu a suscité de la vie au creux de la mort. Thomas est invité à reconnaître en celui qui est vivant devant lui celui qui était réellement mort quelques heures auparavant.

Le témoignage de Thomas nous invite nous-mêmes à proclamer une foi qui ne gomme pas la mort et la souffrance du Christ. Bien plus, nous croirons en voyant les marques de la souffrance sur les hommes et les femmes que nous côtoyons. Nous croirons en touchant les blessures humaines, en portant secours à nos semblables qui traversent leur propre passion. Une foi qui ressemble à celle de Thomas est une foi qui s'exprime dans le dévouement auprès des plus petits, ceux et celles qui vivent des moments difficiles. Être incrédule, c'est se tenir à l'écart du service des autres. Être croyant, c'est s'engager avec Dieu dans le processus de résurrection de ceux et celles qui subissent des épreuves.

Thomas mérite donc une place d'honneur. Il veut toucher pour croire. Toucher la souffrance que Dieu transforme en vie, toucher la mort que Dieu fait déboucher sur la résurrection.

Denis Cagnon op

18/04/2009

Le miel, pain des poètes

miel.jpgLe miel élève l’esprit et renforce le corps. C’est ainsi depuis la nuit des temps. Pythagore a, paraît-il, suivi toute sa vie un régime à base de miel. Dans l’Antiquité, entre deux courses, les athlètes olympiques se requinquaient à coup d’eau miellée (c’était avant le dopage à l’EPO). Et surtout, il inspire les artistes. C’est bien simple, s’ils ne devaient consommer qu’un aliment, ce serait celui-là (on imagine mal, c’est vrai, un artiste se mourir exclusivement de rognons sauce madère). Qu’importe, le miel est vraiment l’aliment des poètes. Prenez notre Victor Hugo national (qui n’était pas le dernier à table) dans Quatre-Vingt-Treize : « Rien ne ressemble à une âme comme une abeille (…) et elle rapporte le miel comme l’âme rapporte la lumière. » Il devait probablement, comme nous, se régaler de miel d’acacia, de romarin, de châtaigner, de lavande ou de sapin. Il devait sûrement étaler du miel crémeux, liquide, au goût de noisette ou épicé sur du pain bis. Comme nous. Et seulement après, repu et satisfait, il écrivait de beaux vers (pas comme nous). Alors, à tous ceux qui ne sont pas de grands poètes, mais de simples cuisiniers, ce modeste conseil : osez accommoder le miel avec vos plats du dimanche. Essayez d’ajouter une cuillère de toutes fleurs lorsque vous poêlez du chou trouge, avec votre tajine d’agneau ou votre magret de canard. Et goûtez. Oui, votre ventre est heureux… et votre âme aussi.

Le poète romantique Coleridge a un jour écrit ces vers sublimes : « Forthe honey dew hath fed/ And drunk the milk of Paradise. » Ce qui, en français, donne : « Car il s’est nourri de la rosée du miel/ Et a bu le lait du Paradis. » Décidément, ces gens-là ont tout compris à la gastronomie.

Johanna Luyssen dans La Vie n°3320

17/04/2009

La voie est ouverte

La voie est ouverte

Une méditation spirituelle réalisée par croire.com,Avec des images de Catherine Sesboüé, sur une musique liturgique : La voie est ouverte (I-31-98-1 extraite du CD SIgnes n°45)

1
La voie est ouverte, alleluia,
C'est la Pâque de Jésus !
L'appel du Seigneur nous a saisis
À l'heure où l'espoir s'était enfui :
Christ a surgi vainqueur du tombeau !
Alleluia ! Alleluia ! Alleluia !
2
La vie se rebelle, alleluia,
C'est la Pâque de Jésus !
Déjà nos prisons sont ébranlées,
L'étau de la mort s'est desserré :
Christ a fendu les eaux de la nuit !
Alleluia ! Alleluia ! Alleluia !
3
Le chemin est libre, alleluia,
C'est la Pâque de Jésus !
Quittant notre exil il faut partir,
Pour nous le désert va refleurir :
Christ a franchi le seuil du jardin !
Alleluia ! Alleluia ! Alleluia !
4
L'amour se révèle, alleluia,
C'est la Pâque de Jésus !
Le temps est venu de témoigner,
Le Verbe jamais n'est enchaîné :
Christ au milieu de nous est vivant !
Alleluia ! Alleluia ! Alleluia !

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16/04/2009

Brillez déjà...

V2IXCAZJ30Z3CA7CWEM1CAZ6XUCECAOLMBSBCALPUKPSCAGUZGW5CA09IROHCA8W4UW7CAMWYS81CA9LY2RVCAD17VWFCA3OFPZLCAT4RDT2CA3FTK3PCA74SW8LCAPKK5U0CAOD2FM8CAXWNM1ACAUQOQCC.jpg

1 - Brillez déjà, lueurs de Pâques,
Scintillez au jour de demain,
Annoncez l´époux qui revient
Eveillant tout sur son passage.
La nuit se saurait retenir
Ce corps où monte le désir
De recommencer un autre âge.

2 - La terre craque où il se dresse,
Comme hier où Dieu lui donna
Son Esprit, son souffle, une voix
Dans le jardin de la Genèse.
La chair de sa chair est nommée :
La plaie qu´il porte à son côté
S´ouvre pour qu´un peuple en renaisse.

3 - Voici le temps où Dieu se hâte :
De sa main il couvre les eaux,
Il en tire un monde nouveau,
Partout la vie refait surface.
Où donc est la tombe de Dieu ?
La mort est morte sous les yeux
De ceux qui croiront en sa grâce.

Cote SECLI : I 166-1
© Editions Musicales Studio S.M.

08:00 Publié dans Prières | Lien permanent | Commentaires (0)

15/04/2009

Les Pâques...

Les Pâques de New-York

(poème de Blaise Cendrars)

 

Seigneur, c'est aujourd'hui le jour de votre Nom,
J'ai lu dans un vieux livre la geste de votre Passion

Et votre angoisse et vos efforts et vos bonnes paroles
Qui pleurent dans un livre, doucement monotones.

Un moine d'un vieux temps me parle de votre mort.
Il traçait votre histoire avec des lettres d'or

Dans un missel, posé sur ses genoux,
Il travaillait pieusement en s'inspirant de Vous.

À l'abri de l'autel, assis dans sa robe blanche,
Il travaillait lentement du lundi au dimanche.

Les heures s'arrêtaient au seuil de son retrait.
Lui, s'oubliait, penché sur votre portrait.

À vêpres, quand les cloches psalmodiaient dans la tour,
Le bon frère ne savait si c'était son amour

Ou si c'était le Vôtre, Seigneur, ou votre Père
Qui battait à grands coups les portes du monastère.


Je suis comme ce bon moine, ce soir, je suis inquiet.
Dans la chambre à côté, un être triste et muet

Attend derrière la porte, attend que je l'appelle!
C'est Vous, c'est Dieu, c'est moi, - c'est l'Éternel.



Je ne Vous ai pas connu alors, - ni maintenant.
Je n'ai jamais prié quand j'étais un petit enfant.

Ce soir pourtant je pense à Vous avec effroi.
Mon âme est une veuve en deuil au pied de votre Croix;

Mon âme est une veuve en noir, - c'est votre Mère
Sans larme et sans espoir, comme l'a peinte Carrière.

Je connais tous les Christs qui pensent dans les musées;
Mais Vous marchez, Seigneur, ce soir à mes côtés.



Je descends à grands pas vers le bas de la ville,
Le dos voûté, le cœur ridé, l'esprit fébrile.

Votre flanc grand-ouvert est comme un grand soleil
Et vos mains tout autour palpitent d'étincelles.

Les vitres des maisons sont toutes pleines de sang
Et les femmes, derrière, sont comme des fleurs de sang,

D'étranges mauvaises fleurs flétries, des orchidées,
Calices renversés ouverts sous vos trois plaies.

Votre sang recueilli, elles ne l'ont jamais bu.
Elles ont du rouge aux lèvres et des dentelles au cul.

Les fleurs de la Passion sont blanches comme des cierges,
Ce sont les plus douces fleurs au Jardin de la Bonne Vierge.



C'est à cette heure-ci, c'est vers la neuvième heure,
Que votre tête, Seigneur, tomba sur votre Coeur.

Je suis assis au bord de l'océan
Et je me remémore un cantique allemand,

Où il est dit, avec des mots très doux, très simples, très purs,
La beauté de votre Face dans la torture.

Dans une église, à Sienne, dans un caveau,
J'ai vu la même Face, au mur, sous un rideau.

Et dans un ermitage, à Bourrié-Wladislasz,
Elle est bossuée d'or dans une châsse.

De troubles cabochons sont à la place des yeux
Et des paysans baisent à genoux Vos yeux.

Sur le mouchoir de Véronique Elle est empreinte
Et c'est pourquoi Sainte Véronique est votre sainte.

C'est la meilleure relique promenée par les champs,
Elle guérit tous les malades, tous les méchants.

Elle fait encore mille et mille autres miracles,
Mais je n'ai jamais assisté à ce spectacle.

Peut-être que la foi me manque, Seigneur, et la bonté
Pour voir ce rayonnement de votre Beauté.

Pourtant, Seigneur, j'ai fait un périlleux voyage
Pour contempler dans un béryl l'intaille de votre image.

Faites, Seigneur, que mon visage appuyé dans les mains
Y laisse tomber le masque d'angoisse qui m'étreint.

Faites, Seigneur, que mes deux mains appuyées sur ma bouche
N'y lèchent pas l'écume d'un désespoir farouche.

Je suis triste et malade. Peut-être à cause de Vous,
Peut-être à cause d'un autre. Peut-être à cause de Vous.



Seigneur, la foule des pauvres pour qui vous fîtes le Sacrifice
Est ici, parquée tassée, comme du bétail, dans les hospices.

D'immenses bateaux noirs viennent des horizons
Et les débarquent, pêle-mêle, sur les pontons.

Il y a des Italiens, des Grecs, des Espagnols,
Des Russes, des Bulgares, des Persans, des Mongols.

Ce sont des bêtes de cirque qui sautent les méridiens.
On leur jette un morceau de viande noire, comme à des chiens.

C'est leur bonheur à eux que cette sale pitance.
Seigneur, ayez pitié des peuples en souffrance.



Seigneur dans les ghettos grouille la tourbe des Juifs
Ils viennent de Pologne et sont tous fugitifs.

Je le sais bien, ils ont fait ton Procès;
Mais je t'assure, ils ne sont pas tout à fait mauvais.

Ils sont dans des boutiques sous des lampes de cuivre,
Vendent des vieux habits, des armes et des livres.

Rembrandt aimait beaucoup les peindre dans leurs défroques.
Moi, j'ai, ce soir, marchandé un microscope.

Hélas! Seigneur, Vous ne serez plus là, après Pâques!
Seigneur, ayez pitié des Juifs dans les baraques.



Seigneur, les humbles femmes qui vous accompagnèrent
à Golgotha
Se cachent. Au fond des bouges, sur d'immondes sophas,

Elles sont polluées de la misère des hommes.
Des chiens leur ont rongé les os, et dans le rhum

Elles cachent leur vice endurci qui s'écaille.
Seigneur, quand une de ces femmes me parle, je défaille.

Je voudrais être Vous pour aimer les prostituées.
Seigneur, ayez pitié des prostituées.



Seigneur, je suis dans le quartier des bons voleurs,
Des vagabonds, des va-nu-pieds, des recéleurs.

Je pense aux deux larrons qui étaient avec vous à la Potence,
Je sais que vous daignez sourire à leur malchance.

Seigneur, l'un voudrait une corde avec un noeud au bout,
Mais ça n'est pas gratis, la corde, ça coûte vingt sous.

Il raisonnait comme un philosophe, ce vieux bandit.
Je lui ai donné de l'opium pour qu'il aille plus vite en paradis.

Je pense aussi aux musiciens des rues,
Au violoniste aveugle, au manchot qui tourne l'orgue
de Barbarie,

A la chanteuse au chapeau de paille avec des roses de papier;
Je sais que ce sont eux qui chantent durant l'éternité.

Seigneur, faites-leur l'aumône, autre que de la lueur
des becs de gaz,
Seigneur, faites-leur l'aumône de gros sous ici-bas.



Seigneur, quand vous mourûtes, le rideau se fendit,
Ce qu'on vit derrière, personne ne l'a dit.

La rue est dans la nuit comme une déchirure
Pleine d'or et de sang, de feu et d'épluchures.

Ceux que vous avez chassé du temple avec votre fouet,
Flagellent les passants d'une poignée de méfaits.

L'Étoile qui disparut alors du tabernacle,
Brûle sur les murs dans la lumière crue des spectacles.

Seigneur, la Banque illuminée est comme un coffre-fort,
Où s'est coagulé le Sang de votre mort.



Les rues se font désertes et deviennent plus noires.
Je chancelle comme un homme ivre sur les trottoirs.

J'ai peur des grands pans d'ombre que les maisons projettent.
J'ai peur. Quelqu'un me suit. Je n'ose tourner la tête.

Un pas clopin-clopant saute de plus en plus près.
J'ai peur. J'ai le vertige. Et je m'arrête exprès.

Un effroyable drôle m'a jeté un regard
Aigu, puis a passé, mauvais, comme un poignard.

Seigneur, rien n'a changé depuis que vous n'êtes plus Roi.
Le Mal s'est fait une béquille de votre Croix.



Je descends les mauvaises marches d'un café
Et me voici, assis, devant un verre de thé.

Je suis chez des Chinois, qui comme avec le dos
Sourient, se penchent et sont polis comme des magots.

La boutique est petite, badigeonnée de rouge
Et de curieux chromos sont encadrés dans du bambou.

Hokusai a peint les cent aspects d'une montagne.
Que serait votre Face peinte par un Chinois? ...



Cette dernière idée, Seigneur, m'a d'abord fait sourire.
Je vous voyais en raccourci dans votre martyre.

Mais le peintre, pourtant, aurait peint votre tourment
Avec plus de cruauté que nos peintres d'Occident.

Des lames contournées auraient scié vos chairs,
Des pinces et des peignes auraient strié vos nerfs,

On vous aurait passé le col dans un carcan,
On vous aurait arraché les ongles et les dents,

D'immenses dragons noirs se seraient jetés sur Vous,
Et vous auraient soufflé des flammes dans le cou,

On vous aurait arraché la langue et et les yeux,
On vous aurait empalé sur un pieu.

Ainsi, Seigneur, vous auriez souffert toute l'infamie,
Car il n'y a pas plus cruelle posture.

Ensuite, on vous aurait forjeté aux pourceaux
Qui vous auraient rongé le ventre et les boyaux.



Je suis seul à présent, les autres sont sortis,
Je suis étendu sur un banc contre le mur.

J'aurais voulu entrer, Seigneur, dans une église;
Mais il n'y a pas de cloches, Seigneur, dans cette ville.

Je pense aux cloches tues : - où sont les cloches anciennes?
Où sont les litanies et les douces antiennes ?

Où sont les longs offices et où les beaux cantiques?
Où sont les liturgies et les musiques ?

Où sont les fiers prélats, Seigneur, où tes nonnains?
Où l'aube blanche, l'amict des Saintes et des Saints?

La joie du Paradis se noie dans la poussière,
Les feux mystiques ne rutilent plus dans les verrières.



L'aube tarde à venir, et dans le bouge étroit
Des ombres crucifiées agonisent aux parois.

C'est comme un Golgotha de nuit dans un miroir
Que l'on voit trembloter en rouge sur du noir.

La fumée, sous la lampe, est comme un linge déteint
Qui tourne, entortillé, tout autour de vos reins.

Par au-dessus, la lampe pâle est suspendue,
Comme votre Tête, triste et morte et exsangue.

Des reflets insolites palpitent sur les vitres ...
J'ai peur, - et je suis triste, Seigneur, d'être si triste.

«Dic nobis, Maria, quid vidisti in via?»
- La lumière frissonner, humble dans le matin.
«Dic nobis, Maria, quid vidisti in via?»
- Des blancheurs éperdues palpiter comme des mains.

«Dic nobis, Maria, quid vidisti in via?»
- L'augure du printemps tressaillir dans mon sein.



Seigneur, l'aube a glissé froide comme un suaire
Et a mis tout à nu les gratte-ciel dans les airs.

Déjà un bruit immense retenti sur la ville.
Déjà les trains bondissent, grondent et défilent.

Les métropolitains roulent et tonnent sous terre.
Les ponts sont secoués par les chemins de fer.

La cité tremble. Des cris, du feu et des fumées,
Des sirènes à vapeur rauquent comme des huées.

Une foule enfiévrée par les sueurs de l'or
Se bouscule et s'engouffre dans de longs corridors.

Trouble, dans le fouillis empanaché de toits,
Le soleil, c'est votre Face souillée par les crachats.



Seigneur, je rentre fatigué, seul et très morne ...
Ma chambre est nue comme un tombeau ...

Seigneur, je suis tout seul et j'ai la fièvre ...
Mon lit est froid comme un cercueil ...

Seigneur, je ferme les yeux et je claque des dents ...
Je suis trop seul. J'ai froid. Je vous appelle ...

Cent mille toupies tournoient devant mes yeux ...
Non, cent mille femmes ... Non, cent mille violoncelles ...

Je pense, Seigneur, à mes heures malheureuses ...
Je pense, Seigneur, à mes heures en allées ...

Je ne pense plus à Vous. Je ne pense plus à Vous.

 

 

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14/04/2009

Fidélité

eucharistie.jpg
Ce soir-là, quand le Christ brise le pain,
verse le vin et se met à genoux pour laver les pieds de ses apôtres,
il accomplit des gestes prophétiques :
il ouvre sur une réalité nouvelle,
il livre le sens de sa vie et il la mène jusqu’au bout de la fidélité.

Il accepte d’être déchiqueté et d’être écrasé afin d’éveiller la terre à un autre Esprit.
Il se met à genoux
afin d’inverser les fondements et l’ordre du monde. Il donne sa vie pour que la Bonne Nouvelle annoncée depuis le commencement
continue de résonner dans le cœur des hommes.
Cette Bonne Nouvelle dit :
que Dieu ne contrôle pas les hommes,
mais leur ouvre les bras,
comme un Père ou une Mère,
que les choses importantes se passent dans le secret,
à l’intérieur, que l’homme est plus important que la Loi,
qu’aucune Loi ne mérite qu’on lui sacrifie un homme,
que le pardon finit par vaincre toute violence,
que la miséricorde est la clé du bonheur,
que la douceur est une béatitude,
qu’aucun péché ne souille définitivement,
qu’aucune exclusion n’est justifiée,
que la grandeur consiste à se courber pour être à la hauteur des plus petits,
que le service est l’unique façon d’être grand devant Dieu,
que Dieu ne demeure dans aucune église ni cathédrale
mais qu’Il marche sur la terre des hommes,
qu’il n’y a pas de pain ni de richesses qui ne doivent pas être partagés !

Quand le Christ dit :
« Prenez et mangez ce pain, mon corps,
prenez et buvez ce vin, mon sang, »
il dit à ses amis :
Prenez ma façon de vivre !
Accueillez ma Bonne Nouvelle !
Laissez-la nourrir votre vie.
Vivez de mon Évangile.
Mangez ma Parole, qu’elle soit votre force.
À votre tour soyez des Christ !

Charles singer

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