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07/09/2018

Le chant du bien-aimé

Dans la nuit, j’ai cherché
celui que mon cœur a choisi
je l’ai saisi et ne l’ai pas lâché,
je sais que mon bonheur c’est lui.

Dans les lieux escarpés,
toujours du regard il me suit.
(..)

Le VOICI, BONDISSANT
Sur les hautes montagnes il se tient
mon bien aimé me parle et me dit
« ne crains pas mon ami
et viens ! »

C’est sa voix qui m’appelle :
« Ouvre moi car la nuit s’est enfuie,
la saison des chants est arrivée
au jardin de la nuit »

Dans la nuit je dormais
mais mon coeur était réveillé
C’est la voix du bien aimé qui heurte
du désert mon âme tressaille

(…)

Le VOICI, BONDISSANT
Sur les hautes montagnes il se tient
mon bien aimé me parle et me dit
« ne crains pas mon ami
et viens ! »

C’est sa voix qui m’appelle :
« Ouvre moi car la nuit s’est enfuie,
la saison des chants est arrivée
au jardin de la nuit »

extrait du Cantique des cantiques

06/09/2018

Une spiritualité de la rencontre

mc.jpgLes rencontres sont multiples dans une journée mais comme il est difficile de bien rencontrer les personnes. La plupart du temps, nous nous croisons, nous ne nous connaissons que dans un contexte de travail ou d’activités diverses. Certes, nous nous voyons, nous nous parlons, mais est-ce que nous nous rencontrons ? D’autant plus que chacun de nous est nouveau chaque matin ! Dans l’exercice du ministère du prêtre il peut en être ainsi également : ne considérer les personnes que dans une relation utile pour la pastorale sans les regarder ni les connaitre un peu plus.

Il m’arrive de croiser sur le trottoir une petite dame bien mise avec son panier de provisions. Tous les matins elle passe, toute seule. Elle soigne son apparence mais sans coquetterie, elle pense tout en marchant mais à qui ? à quoi ? quelle est son histoire ? que fera-telle dans une heure ? a-t-elle un mari ? des enfants ? qu’est-ce qui la motive à faire tous les jours le même parcours ? est-elle heureuse ? J’ai souvent ce regard attentif teinté d’admiration sur les gens, et le plus souvent les petites gens. Un simple bonjour peut parfois faire naitre une discussion, et un bref dialogue sur le trottoir va ensoleiller une partie de la journée, car une étincelle a allumé la chaleur d’une rencontre.

C’est en préparant des obsèques, en écoutant la famille du défunt que je découvre souvent la qualité et la grandeur de la vie de quelqu’un que je n’ai jamais connu et que j’aurais aimé rencontrer. Le défunt n’a pas vécu toujours des choses extraordinaires, mais aux yeux des proches qui l’ont connu et aimé, c’est toujours une personne admirable. On regrette son départ, on pleure son absence, on ne veut retenir que les bons moments passés avec lui, on est prêt à pardonner voire oublier ce qui a été plus sombre. Toute personne a du prix aux yeux de Dieu : j’essaie de les regarder, de les apprécier avec le regard et le cœur de Dieu.

La permanence accueil est juste terminée. Arrive une maman au presbytère pour inscrire son enfant au baptême. Soit je manifeste que j’allais passer à autre chose et je remplis rapidement la demande de baptême, soit je l’accueille avec un grand sourire, je prends le temps de discuter, de faire connaissance, de m’intéresser à son enfant, à sa famille, à sa demande. Cette personne devient moins anonyme, et je découvre qu’elle connait tel ou tel de la paroisse. En venant au presbytère, elle faisait une démarche administrative, en repartant elle aura rencontré quelqu’un, et à travers moi ou une autre permanente de l’accueil, l’Eglise, cette famille qui n’est pas qu’une institution mais un lieu de fraternité.

Je me pose très souvent cette question : quand je reçois, quand je discute avec quelqu’un… suis-je tout entier à lui ? Est-ce que je l’écoute ou est-ce que je pense à autre chose tandis qu’il me parle ? Est-ce que je le regarde ou est-ce que je surveille ma montre ? est-ce que je prends suffisamment en compte ce qu’il me dit ou est-ce que je mets trop en avant ? si le téléphone sonne ou si on frappe à la porte ai-je l’idée et le courage de ne pas répondre pour laisser la priorité à la personne qui s’est déplacée pour me rencontrer ?

Tour ce que je viens de dire là s’applique bien sûr à la prière. Car qu’est-ce que la prière sinon une rencontre de Dieu, du Christ ou de son Esprit Saint ?

Avec le Christ j’ai les mêmes difficultés : le peu de temps à consacrer, les distractions, les préoccupations qui m’empêchent d’être tout à lui. Mais j’ai aussi les mêmes joies : le sentiment d’un dialogue profond, un bien-être chaleureux, le désir de dresser ma tente auprès de lui.

Les rencontres de Jésus sont nombreuses dans l’Evangile pour m’aider à vivre les miennes : la Samaritaine, Zachée… mais j’aime aussi relire l’Evangile de la Visitation ou encore celui des Pèlerins d’Emmaüs qui font état d’un cœur chantant ou d’un cœur brûlant. Dans chacune de mes rencontres, c’est le Christ qui vient à moi, y compris dans la prière. C’est le Christ qui se donne à moi comme dans la célébration eucharistique. Marie et Elisabeth, toutes deux ouvertes l’une à l’autre, véritable rencontre et communion. Les disciples d’Emmaüs et l’inconnu de la route dans une grande conversation respectueuse qui les conduit au partage du repas. Les véritables rencontres dégagent une chaleur et un bonheur.

Prier les psaumes avec le Christ, c’est rencontrer l’humanité dans toutes sa diversité, c’est écouter les cris de joie et de détresse que le monde connait et que toute personne peut connaitre au cours de sa vie. Cette prière-là m’aide beaucoup à écouter les gens, à écouter les psaumes de leur vie. Il y a beaucoup de Marie-Madeleine, de Zachée, de Pierre et de Paul dans une paroisse, beaucoup de publicains, de pharisiens, de malades, de personnes de bonne volonté, de petits et de croyants qui ne font pas de bruit.

Rencontrer c’est accepter sur mon chemin que des personnes différentes de moi puissent m’enrichir et m’aider dans ma vie spirituelle, c’est me laisser transformer, voire me convertir. C’est dire que ce frère, cette sœur avec qui je prends du temps est frère ou sœur du Christ, c’est dire que c’est le Christ qui vient à moi ou moi qui vais à lui. Ces moments sont parfois uniques et très forts lorsque j’accueille une personne pour le sacrement du pardon, pour un accompagnement spirituel ou pour une relation d’aide.

Connaitre et aimer, voilà bien deux verbes qui se complètent. Dans la langue de St Jean, c’est un même mot que l’on traduit tantôt par connaitre tantôt par aimer. Notre langue française pourtant si riche n’a pas de verbe équivalent pour dire la richesse d’une vraie rencontre. On ne peut connaitre quelqu’un sans l’aimer ou au moins chercher à l’aimer, et on ne peut l’aimer que si on le connait, ce qui suppose entrer en relation avec lui.

C’est à l’école du Christ que j’apprends au fil des années l’art de la rencontre : me rendre disponible matériellement parlant mais aussi intérieurement, acquérir la douceur et l’humilité du cœur, développer le sens de l’écoute et du partage. Chaque rencontre ainsi vécue m’ouvre sur le mystère de l’existence et devient une grâce, une étape sur le chemin de la sainteté.

TP  article paru dans Paix et Joie de l'Esprit Saint n°320 Août-Septembre 2018, revue salésienne