28/07/2015
Vivre comme maille d'éternité
MACHA - Oh, cette musique ! Ils s'éloignent de nous, l'un d'eux est parti tout à fait, pour toujours, nous resterons seules, pour recommencer notre vie Il faut vivre... Il faut vivre.IRINA - Le temps viendra où chacun saura pourquoi tout cela, pourquoi toutes ces souffrances, il n'y aura plus de mystère d'aucune sorte, mais en attendant il faut vivre... Il faut travailler, seulement travailler ! Demain j'irai seule, j'enseignerai à l'école, et je donnerai toute ma vie à ceux pour qui, peut-être, elle sera utile. C'est l'automne, bientôt ce sera l'hiver, la neige couvrira tout, et je travaillerai, je travaillerai.
OLGA - La musique joue si gaiement, si fièrement, on a envie de vivre ! Ô mon Dieu ! Le temps passera, et nous partirons pour toujours, on nous oubliera, on oubliera nos visages, nos voix, on ne saura plus combien nous étions, mais nos souffrances se changeront en joie pour ceux qui vivront après nous, le bonheur et la paix s'établiront sur terre, on aura un mot affectueux, une bénédiction pour ceux qui vivent maintenant. O mes chères soeurs, notre vie n'est pas terminée. Nous vivrons ! La musique joue si gaiement, si joyeusement ! Encore un peu de temps, et nous saurons pourquoi nous vivons, pourquoi nous souffrons. Si l'on savait, si l'on savait !
Tchekhov, Les Trois Soeurs (1901), trad. d'A. Adamov, révisée par M. Cadot, Ed. Garnier-Flammarion
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27/07/2015
Exodus
Les Guetteurs: Exodus
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26/07/2015
Le confiteor de l'artiste
Que les fins de journées d’automne sont pénétrantes ! Ah ! pénétrantes jusqu’à la douleur ! car il est de certaines sensations délicieuses dont le vague n’exclut pas l’intensité ; et il n’est pas de pointe plus acérée que celle de l’Infini.
Grand délice que celui de noyer son regard dans l’immensité du ciel et de la mer ! Solitude, silence, incomparable chasteté de l’azur ! une petite voile frissonnante à l’horizon, et qui par sa petitesse et son isolement imite mon irrémédiable existence, mélodie monotone de la houle, toutes ces choses pensent par moi, ou je pense par elles (car dans la grandeur de la rêverie, le moi se perd vite !) ; elles pensent, dis-je, mais musicalement et pittoresquement, sans arguties, sans syllogismes, sans déductions.
Toutefois, ces pensées, qu’elles sortent de moi ou s’élancent des choses, deviennent bientôt trop intenses. L’énergie dans la volupté crée un malaise et une souffrance positive. Mes nerfs trop tendus ne donnent plus que des vibrations criardes et douloureuses.
Et maintenant la profondeur du ciel me consterne ; sa limpidité m’exaspère. L’insensibilité de la mer, l’immuabilité du spectacle, me révoltent… Ah ! faut-il éternellement souffrir, ou fuir éternellement le beau ? Nature, enchanteresse sans pitié, rivale toujours victorieuse, laisse-moi ! Cesse de tenter mes désirs et mon orgueil ! L’étude du beau est un duel où l’artiste crie de frayeur avant d’être vaincu.
Charles Baudelaire, « Petits poèmes en prose », 1869
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25/07/2015
Musique
Lorsque tout nous paraît désespéré, lorsqu’un ciel d’azur, une nuit étoilée ne parviennent même plus à éveiller notre enthousiasme.
Lorsque nous ne savons plus quel auteur lire, il arrive bien souvent que surgissent des trésors de notre mémoire : un lied de Schubert, une mesure de Mozart, un accord entendu dans une messe, une sonate – Mais nous ne savons plus où et quand.
Leur clarté nous arrache alors à notre indifférence et leurs mains aimantes viennent se poser sur nos plaies douloureuses… Ah, que serait notre existence sans la musique !
Hermann Hesse
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24/07/2015
Se donner
Dès qu’on cesse de s’effacer dans la divine pauvreté, dès qu’on cesse de voir en Dieu l’amour qui se donne, qui ne peut que se donner, dès qu’on cesse de vivre cet amour en se donnant, c’est fini. Cette lumière s’efface, tout le dogme redevient une formule et se matérialise, tous les sacrements se changent en rite extérieur, toute la hiérarchie devient une tyrannie, toute l’Eglise devient une perte de temps et une absurdité, toute la Bible, un tissu de mythes.
Maurice Zundel
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23/07/2015
Dieu, m'aime-t-il?
Il parle très bas et doucement, près de toi comme au téléphone, comme s’il avait peur d’être entendu, comme si toutes les conversations étaient des secrets que toi seul devais entendre. Il cache souvent ses yeux derrière de larges lunettes sombres, il met des rideaux aux fenêtres de son âme. Il a peur de se laisser toucher par la lumière. Il aime les chansons, le rap, la poésie. Il écrit sur sa peau le livre de sa vie. Il est un enfant qui ne veut pas devenir adulte. Son cœur généreux est un bouquet de fleurs, mais celles-ci se referment quand il les prive de soleil. Une question le taraude, lui brûle l’intérieur : Dieu, m’aime-t-il ? A travers cette question c’est la peur de n’être aimé de personne qui s’exprime, y compris de lui-même. Pourtant il est aimable cet enfant de trente ans qui agite ses ailes pour se défendre et essayer de s’envoler. Quand il chante son âme respire. Quand il fait du sport c’est pour être plus fort face à ses soi-disant adversaires ou ennemis. Il est comme l’élève timide et enfermé dans son mal de vivre à qui le professeur, dans « Le Cercle des Poètes disparus », veut faire pousser son cri de délivrance. N’aie pas peur ! tu as le prénom d’un empereur, Aurélien ! TP
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