04/02/2007
Mon Dieu ce n'est pas parce que...
Mon Dieu ce n'est pas parce que tu as coupé ta barbe
Rouge et verte comme des côtes de rhubarbe
Ni parce que tu ne te vêts plus à l'antique
Comme les jeunes gens dans les sociétés de gymnastique
Que je ne suis plus capable de te reconnaître
Pauvre rouge-gorge à la croisée de la fenêtre
Tu m'arrives au moment où je t'attends le moins
Tu entres tu ne sais plus aucun mot de latin
Tu te heurtes au mur de la bibliothèque
Avec cet à quoi bon tenace de l'insecte
Qui grille dans le four obscur du radiateur
Les ailes de la nuit et le miel de son coeur
Tu es là je ne sais comment. Tu te réchauffes
Au feu de bois. Tu te tâtes lescôtes
Pour t'assurer qu'il n'y a rien de déplacé
Dans l'horlogerie délicate de l'éternité
Et je te parle à mots très humbles
De la souffrance intraduisible et des coloquintes
Qui sont en bas dans le jardin et qui éclatent
Dans l'air avec un bruit de savates
Qui fait songer au pas de l'homme en son cachot
Innocent comme un oeuf et le ciel sur le dos.
R.G. Cadou 20 décembre 1948
Ce poème m'a récemment été offert par une amie que j'aime appeler "la longue dame brune"... Elle se reconnaîtra. Je lui redis un grand merci.
08:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)
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