Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/07/2008

Intérieur et solitude

gbaudry.jpgGilles Baudry : Je rapprocherai volontiers le mot « intérieur » du mot « solitude ». Qu’on écrive ou qu’on lise, on fait acte de solitude, de remembrement de soi. Le poète, l’écrivain écrit à sa table, il marche dans un bois, il revient chez lui. Il habite avec lui-même. On est véritablement seul quand on peut rejoindre la solitude des autres. Pour ma part, j’écris toujours sur un fond de silence après avoir recueilli la voix des autres, un paysage, un visage. Je prendrai volontiers l’image de la chambre noire du photographe, où le négatif doit se développer. Après l’éclaircie, le jaillissement, le flash, il faut procéder à un développement à l’écart de la lumière.

On peut prendre aussi l’image du coup d’archet. Le premier coup d’archet est bon généralement, après, l’interprète doit faire un effort pour faire advenir la mélodie à elle-même, il doit se battre pour ne pas la laisser s’échapper. Il faut porter longtemps en soi ce chant intérieur, le secret de notre vie, pour pouvoir, l’extraire de soi et le mettre sur le papier. Ce qui suppose beaucoup de patience, de doute, d’incertitude, de lenteur aussi. Il y a un tempo de l’écriture et de la lecture, une mesure, un accord comme suspendu.

Extrait de: Entretien entre trois poètes croyants, l'Abîme entre les mots.

Les commentaires sont fermés.