06/10/2008
Mort d'un petit enfant
Aujourd'hui, je célèbre la sépulture d'un petit enfant de cinq jours... Je dédie ce poème d'André Dumas à ses parents et sa grande soeur.
SUR LA MORT D’UN ENFANT
(André Dumas – Ecrit en 1927)
Roseaux, ouvrage couronné par l’Académie Française, prix triennal Saint-Cricq Théis
Pour la dernière fois sur ton lit je m’incline,
Ce soir, pour reborder tes draps ;
Pour la première fois, ce soir, sur ta poitrine
Je ramène tes petits bras.
La mort a transformé ta chambre en sanctuaire.
Le dernier baiser que j’y mets
Scelle ensemble tes doigts joints pour une prière
Qui ne finira plus jamais.
Comme elle a, ta figure à peine un peu pâlie,
Un air paisible et rayonnant !
Tu n’étais qu’une enfant délicate et jolie :
Te voilà belle maintenant.
Le temps n’existe plus pour toi. Ton clair visage
Dit en son immobilité
Qu’au pays où tu vas les âmes n’ont pas d’âge.
Ta mort parle d’éternité.
Et j’évoque ces nuits où, me levant dans l’ombre,
Allant vers toi, sans bruit, pieds nus,
J’ai sur ce même front mis des baisers sans nombre,
Et que tu n’as jamais connus.
Le grand frisson du sang battait dans mes artères,
Et je te regardais dormir,
Immobile, cherchant à sonder les mystères
Que recélait ton avenir.
Et souvent je ne sais quel effroi, quelle envie
D’appeler une aide sur nous,
Quelle angoisse devant l’inconnu de la vie
Me faisait tomber à genoux.
Hélas ! je marcherai désormais solitaire.
Si Dieu t’a reprise aujourd’hui,
C’est qu’ils sont, les enfants trop purs pour cette terre,
Les premiers qu’il rappelle à Lui.
Il sait qu’elles pourraient, leurs ailes de colombes,
Se salir à trop de ruisseaux,
Et les pères devraient peut-être au bord des tombes
Moins trembler qu’au bord des berceaux.
12:00 Publié dans Cris, Poèmes, Prières | Lien permanent | Commentaires (0)
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