06/01/2010
Le retard des mages
Quand on installe la crèche à l’église ou à la maison, on y met les différents personnages, souvent en avance, bien avant le jour de Noël : Marie, Joseph, les anges, les bergers, un rapide décor de grotte… L’enfant Jésus est apporté dans la nuit de la Nativité. Le tout dans une douce lumière et beaucoup de simplicité.
Et puis il y a les mages, aux couleurs de peau bien particulières, leurs tenues chamarrées, avec leurs cadeaux et un habituel cortège de chameaux. Et ces trois rois, reconnaissons qu’on ne sailt pas trop quoi en faire avant l’Epiphanie ; alors, soit on les remet dans leur boîte jusqu’au jour de leur fête, soit on les cache loin du « petit Jésus » comme s’ils devaient être pénalisés de ne pas arriver à temps. Nombreuses sont les légendes, les chansons sur l’histoire des rois mages, et elles multiplient les raisons de leur arrivée tardive auprès du grand roi : le voyage a été long depuis leur Orient lointain, ils ont été attaqués par des bandits, un de leurs chameaux s’était blessé à une patte, etc.
Les récits de l’Evangile nous apprennent qu’il ne s’agit nullement d’un retard par rapport au jour de la naissance de Jésus et à l’arrivée des bergers qui semble immédiate dans la nuit, grâce à l’appel des anges. Nulle concurrence entre eux. Nous savons qu’il y a deux présentations de la venue de Jésus au monde dans les récits de l’enfance du Christ : la tradition plus historique de Luc, la plus connue, qui célèbre la naissance puis l’enfance du Messie, et qu’on lira jusqu’au 2 février. Or, il y a la tradition de Matthieu qui ne célèbre pas l’Incarnation à partir de la naissance du Christ comme Luc, mais la venue dans le monde, sans date particulière, où les chercheurs les plus lointains vont le reconnaître, le célébrer et l’adorer malgré l’opposition de l’autorité locale d’Hérode : ainsi le sens de la venue des mages. Ils ne sont pas du tout en retard, ils arrivent à l’heure prévue dans le plan de Dieu, dans une maison de Bethléem et non pas à la crèche, accueillis par la mère de l’enfant divin, sans autre personne qu’eux.
Pourtant, ce retard supposé des mages me semble avoir un sens très riche pour notre vie chrétienne. En effet, n’est-ce pas notre cas d’être toujours « en retard » pour découvrir la présence du Seigneur dans nos vies ? Nous avons du mal à nous préparer, à nous mettre en route, à scruter son étoile dans le ciel de nos soucis quotidiens. Comme les mages, nous hésitons longtemps sur la route à prendre et, une fois arrivés à bon port, nous ne savons le trouver, car il est dans la demeure la plus pauvre de nos quartiers, et ce n’est pas là en général que nous le recherchons.
Enfin, comme pour les mages se prosternant à genoux devant l’enfant, soyons dans la joie de rencontrer sa mère Marie, et de comprendre que c’est sous son regard que nous apprendrons à dire avec elle et comme elle : que tout se fasse pour moi selon la parole de Dieu.
Gérard Guitton, franciscain dans La Croix du 3 janvier 2010
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