Les Feux de la Saint-Jean (Albert Bausil, publié en 1929)
Les grands feux allumés dansent dans la nuit gaie, chaque rue a son feu dansant, son cœur de flammes jaillissant ; l’ombre crépite d’étincelles étoilées, on sent s’épanouir le cri de l’été bleu et les gamins, avec les blouses envolées, sautent les feux.
Saute les feux de la Saint-Jean, ô toi qui joues, saute les feux de la Saint-Jean ! la flamme a des reflets d’argent sur le ruisseau et sur tes joues.
Saute les feux de la Saint-Jean autant qu’ils durent, petite fille aux yeux changeant comme l’amour qui t’en iras avant le jour cueillir le bouquet vert de la bonne aventure.
Sautez les feux de la Saint-Jean, ô jeunes gens qui riez du danger des baisers et des flammes ! sautez, sautez, petites âmes, petites flammes de douze ans !
Sautez les feux, vous qui vous êtes souvenu, et toi que je croyais parti, mon cœur de quand j’étais petit, mes souvenirs, mes souvenirs aux jambes nues !
Sautez les feux de la Saint-Jean et dites-moi s’il est possible qu’elle meure, la clarté qui danse et qui pleure au fond de mes étés d’enfant…
Les flammes dans le vent plaquent des chevelures, la fumée à l’odeur du genièvre et du thym.
Que la ville paraît obscure, quand le dernier feu s’est éteint !
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