19/10/2011
La danse de la terre
Wanir Wélépane est un poète et homme d'église (pasteur) calédonien kanak, né en 1941. Son prénom "Wanir" signifie "petite lumière" en kanak.
Il est l'auteur du recueil de textes multilingues "Aux vents des îles", accompagnés de photographies de Marie-Jacqueline Begueu (édité par l'Agence de développement de la culture kanak en 1993).
Kwènyii
Wêê
Numèè
Caac
Le mât est planté sur la terre
Dans l'aire de danse
Pour annoncer au peuple la danse sacrée
Prenez vos conques
Soufflez sur les montagnes
Soufflez sur les airs
Soufflez dans les forêts
Et dans les vallées
Pour appeler tout le monde
A danser la danse de la terre.
Wanir Wélépane, (texte emprunté à l'anthologie "Le français est un poème qui voyage" - Éditions Rue du Monde, 2006)
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18/10/2011
Semaine bleue
Jean Ferrat : Tu verras, tu seras bien (1980)
La chanson d'un fils à sa maman qui entre en maison de retraite.
J'aurais bien voulu te prendre
Avec nous comme autrefois
Mais Suzy m'a fait comprendre
Qu'on est un peu à l'étroit
Il faut être raisonnable
Tu ne peux plus vivre ainsi
Seule si tu tombais malade
On se ferait trop de souci
Tu verras tu seras bien
On va trier tes affaires
Les photos auxquelles tu tiens
Celles de papa militaire
Des enfants et des cousins
C'est drôle qu'une vie entière
Puisse tenir dans la main
Avec d'autres pensionnaires
Vous en parlerez sans fin
Tu verras tu seras bien
Oui je vois le chat s'agite
On ne trompe pas son instinct
Mais il oubliera très vite
Dès qu'il sera chez les voisins
T'auras plus de courses à faire
De ménage quotidien
Plus de feu en plein hiver
T'auras plus souci de rien
Tu verras tu seras bien
Ton serin chante à tue-tête
Allons maman calme-toi
Oui le directeur accepte
Que tu le prennes avec toi
Y a la télé dans ta chambre
En bas y a un beau jardin
Avec des roses en décembre
Qui fleurissent comme en juin
Tu verras tu seras bien
Et puis quand viendra dimanche
On ira faire un festin
Je me pendrai à ta manche
Comme quand j'étais gamin
Tu verras pour les vacances
Tous les deux on sortira
Là où l'on chante où l'on danse
On ira où tu voudras
Tu verras tu seras bien
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17/10/2011
Lumières
Gérard MANSET - Lumières - 1982
Mais où sont passées les lumières
Qui nous guidaient ?
Peut-être étions-nous trop fiers
Pour baisser la tête
Le monde a tourné sans nous
Sans nous attendre
Les ténèbres sont partout
Couvertes de cendres
Mais souviens-toi
Que l'on s'aimait quand même
Nous étions si jeunes, si fiers
Et, comment le dire
Nous avons perdu la lumière
L'étoile
Qui caressait nos paupières
Tout m'est égal
Mais quand même
On se souvient
On se rappelle
De quelque chose
Qu'on pose près du lit
D'une lumière
Qui brillait la nuit
Mais où sont passées les lumières
Qui nous guidaient ?
Devenus statues de pierre
Qu'avons nous fait ?
Les instants, comme des clous de fer
Qu'on enfonce
Et rien que le bruit de la mer
Pour seule réponse
Souviens-toi, c'était hier
Mais aujourd'hui
Le lion secoue sa crinière
Peur de la nuit
Gratte le fond de la rivière
Où il venait boire
Nous avons perdu la lumière
Nous sommes dans le noir
Mais quand même
On se souvient
On se rappelle
De quelque chose
Qu'on pose près du lit
D'une lumière
Qui brillait la nuit
Mais où sont passées les lumières
Qui nous guidaient ?
Le lion secoue sa crinière
A chaque coup de fouet
Derrière les barreaux de fer
Sans illusion
Derrière les barreaux de fer
De sa prison
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16/10/2011
Homme
HOMME
Tu as jeté au loin ta peau de bête originelle,
Tu as arraché tes mains de la terre
Et les as lancées vers le ciel.
Tu t’es élevé et sur ta tête fière
Sur ton front s’est versé le soleil.
Tes doigts agiles ont ensorcelé la pierre,
Le bois et les métaux et l’onde claire,
Tu as dompté le vent sauvage,
Et asservi le feu que tu as rendu sage.
La matière devenue machine et, à ton gré,
A travaillé, couru et traversé l’espace
En hurlant ta puissance à la face
du Monde émerveillé,
Tu as donné la mort, tu as donné la vie,
De ton souffle la Gloire a jailli.
Quand ta voix rauque a appelé l’amour,
Elle s’est fondue en une douce mélodie
Sur les champs et les fleurs alentour.
Les battements de ton cœur résonnent
dans les roseaux sous la lune claire,
Tu entends leurs douces homélies,
Devant toi le monde s’éclaire
Mais ton âme garde en son sein ton envie,
Un règne sans limite, majestueux, sans voile,
Telle une immensité enceinte d’une étoile.
Contemplant ton œuvre du sommet de Babylone,
Tu défies le Ciel, en lui lançant, arrogant, ton nom: HOMME !
Ö, combien j’ allumerais, au sommet des montagnes
De grands feux de joies,
je carillonnerais mille et mille fois,
à travers l’espace tes louanges,
Je te porterais sur mon dos jusqu’à l’apothéose,
Je serais ton adorateur, et danserait jusqu’à l’osmose
En d’éternelles danses bachiques et étranges.
Ö Frère, cher et aimé
Ô Frère pitoyable,
Ô Frère haïssable,
Ô Frère mille fois pleuré,
Nourri de l’essence de mon cœur,
Ma honte et ma douleur : HOMME !
Las ! L’hymne glorieux se délite, et saigne
Les feux de joie s’endorment sous les cieux
Leur fumée brûlent tes yeux,
Les cloches s’éteignent
Les fleurs, trempées dans le venin
Sa fanent, merveilles sans lendemain.
Que reste-t-il à admirer ?
La beauté du geste qui tue ?
Qui adorer ?
L’Ange déchu ?
Que chanter ?
Des plaintes et gémissements dans l’ombre?
Que danser ?
Le bal de la mort sur les décombres? .
Pourquoi même parler ? Tu le sais bien, l’horreur
Des mots blesseraient l’orateur.
Las, tout est vain !
La seule voie pour fuir ton erreur
Est de partir, sans fin,
Loin de toi, se réfugier dans les yeux innocents
Des animaux fidèles, dans la douce ramure s’élançant
Vers le ciel immense, puis, sans repère,
Et enfin te terrer dans le tragique silence de la pierre..
Koloman KALOCSAY, poète d'Océanie
( traduction de l'esperanto de L. SCHUELLER-LEROY et Pierre HUMBERT )
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15/10/2011
Locomotive
Hier , à quelques uns, nous parlions de nos lectures, mais aussi du devenir de tous nos livres dans nos bibliothèques.
Il y a les livres utilitaires: par exemple, j'ai toujours mon premier dictionnaire Larousse, celui de mon entrée en sixième, la tranche est bien jaunie, ça veut dire qu'il a beaucoup servi.
Il y a tous les livres achetés pour mes études de lettres et de théologie, les livres qu'on ne lit qu'une fois, parfois par devoir, mais qui ne laissent pas forcément un souvenir impérissable.
Il y a tout mon rayonnage de poésie, livres et revues, dans lequel je puise de temps en temps pour redécouvrir telles ou telles merveilles qui m'ont enchanté à une époque et qui peuvent encore ensoleiller un début de journée;
il y a la Bible qui tient une place privilégiée, tantôt considérée comme un outil de travail ou comme le Livre où Dieu parle;
il y a le livre de chevet, celui qui traîne sur la table de salon et l'autre sur le bureau en attente de lecture;
il y a les livres dont je ne voudrais jamais me séparer parce qu'ils ont été importants pour moi dans mon itinéraire littéraire ou spirituel, c'est tel ou tel auteur dont je découvre l'oeuvre au fil des parutions, tel ou tel roman dont j'ai admiré le sujet ou l'écriture, tel ou tel ouvrage qui m'a touché au plus profond ou qui m'a ouvert des horizons.
Et puis il y a mon tout premier livre, un cadeau de Noël ou d'anniversaire, un livre d'images avec un peu de texte; j'étais tout petit et ce livre c'était: "Tchouk tchouk la petite locomotive". Il m'a longtemps fait rêver de voyages, de petits trains sillonnant les campagnes, en particulier de celui qui passait près de chez ma grand-mère. Faut dire que les locomotives à vapeur avaient un visage sympathique, ses drôles de machines avaient quelque chose d'humain aussi. Ce livre racontait en gros la vie d'une de ces locomotives jusqu'à sa 'retraite' où dans un fond de gare sa nouvelle vocation est d'accueillir les oiseaux et les animaux en quête de refuge. Emouvant non?
J'ai souvent pensé que mon intérêt pour les trains et les gares et ma passion pour l'écriture sont nées avec la lecture et les images de "Tchouk tchouh la petite locomotive".
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14/10/2011
Spacer
S.B. Devotion: Spacer (1979)
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