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10/05/2020

Le chemin, la vérité et la vie

5ème dimanche de Pâques A

« Je suis le chemin, la vérité et la vie. »

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Jésus prépare ses disciples à son départ. Ses disciples sont désemparés. Que vont-ils devenir si le Maître s’en va, s’ils n’ont plus de Bon Berger ? Jésus les rassure.

En ces temps où nous sommes nous aussi désemparés, où nous sommes inquiets pour notre avenir, Jésus veut nous rassurer.

 

Nous sommes bien comme Thomas, nous nous posons toutes sortes de questions, des questions légitimes, certes, mais qui disent aussi le manque de confiance en nous-mêmes et en Jésus. Le « nous ne savons même pas où tu vas » de Thomas est devenu pour beaucoup « pourquoi n’es-tu pas là ? ».

 

Demain, la vie va reprendre son cours, mais pas tout à fait. On nous le dit, le ressasse sans arrêt dans les médias : la période de déconfinement qui commence ne sera pas un retour à la vie que nous avons connue auparavant. Toutes nos inquiétudes ne vont pas disparaître d’un seul coup, toutes nos manières de faire vont être bouleversées, il va falloir réapprendre à vivre, abandonner des habitudes, trouver une autre manière d’habiter ce monde, de vivre avec les nôtres, de prendre soin des uns et des autres, de retrouver une vie fraternelle plus authentique peut-être, d’inventer de nouveaux chemins de réalisation de soi et d’un monde plus beau. Et j’ajouterai : repenser Dieu dans ce nouveau paysage.

 

Tout le monde est d’accord pour une nouvelle manière de voir le monde (avec enthousiasme ou scepticisme selon les personnes), tout le monde n’est pas prêt pour vivre une vraie conversion. Pourtant, nous avons tous les moyens en main pour faire advenir cette nouvelle manière d’être au monde, à la différence des premiers disciples avant que l’Esprit de Pentecôte ne leur soit donné.

 

Nous, nous avons sans doute le défaut de vouloir confiner Dieu, l’enfermer dans nos églises, le mettre au placard quand ça nous arrange. Il y a beaucoup de communions privées qui sont, c’est le cas de le dire, privées de Dieu, il en reste une fête qu’on finit par oublier avec le temps alors que Dieu ne nous oublie pas, ne désespère jamais de nous voir avec lui. Où est signifiée la présence de Dieu dans notre monde aujourd’hui ? Très peu dans les débats publics. On l’enferme dans des médias privés, seule exception ce mois-ci le très beau reportage sur Thérèse de Lisieux sur une chaine nationale.

Dieu confiné aussi dans notre cœur, comme un trésor qu’on ne veut pas partager. De peur qu’on nous le vole ou pour se protéger de quoi ? Pour preuves, notre peur de témoigner, notre manque d’audace et de confiance pour être catéchistes, par exemple,  ou pour donner sa vie entière au service du Seigneur et des frères. (Y’ aura-t-il de la catéchèse dans nos deux paroisses l’année prochaine ? c’est très compromis à cause du manque de catéchistes ! je suis à la fois confiant et très inquiet !)

 

Dieu n’est pas du genre à se laisser enfermer. Ainsi Jésus doit quitter les siens, mais c’est pour nous rassembler, pour nous faire entrer dans l’intimité de son Père comme lui l’a toujours été.

 

Dimanche dernier, Jésus disait : « je suis la porte ». Aujourd’hui il nous dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie », une phrase que j’aime bien condenser dans l’expression : Je suis le vrai chemin de vie ».

La vie, et nous en faisons l’expérience aujourd’hui, est comme une longue et difficile randonnée. Parfois, nous ne savons pas où aller, nous risquons de nous perdre, et, de fait, nous nous perdons parce que nous n’avons pas les bonnes cartes, les bonnes boussoles, les bons GPS, ou tout simplement parce que nous nous laissons guider par nos seuls sentiments, instincts et jugements.

Sur cette route, Jésus a placé des panneaux : ce sont les Béatitudes et autres discours importants ; il nous a laissés des aires de repos le dimanche pour ne pas avoir toujours le nez sur le guidon, pour ne pas oublier que rouler sans essence ne nous mènera pas très loin, et pour nous redire : qui sommes-nous et ù allons-nous ?

Jésus est ce chemin. Etre avec lui c’est emprunter ce chemin, et nous sommes assurés que c’est un vrai chemin de vie. Mettrions-nous en doute sa Parole ?

 

Une nouvelle période va commencer demain dans ce temps d’épidémie. Nous allons sans doute nous sentir tout petits devant la vie qui va reprendre, devant le travail, l’école, les commerces qui vont rouvrir. Il va falloir réapprendre les relations sociales. Mais tout en étant masqués, ne nous voilons pas la face pour autant ! Montrons nos beaux sourires ! Soyons sans crainte, comme Jésus nous y invite. Cherchons en lui la meilleure façon d’habiter ce monde, d’être présent à nos frères et de vivre en communion personnelle avec lui. « Je suis le chemin, la vérité et la vie », a-t-il à ses amis d’autrefois ; il le redit aujourd’hui à tous ceux dont il veut faire ses amis, car « Dieu veille sur ceux qui le l’adorent, qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine. » (Ps32)

 

09/05/2020

Qu'est-ce qu'un poète?

 
jp siméon.jpgLe fou des mots, voilà une rubrique que "Marianne" dédie au mot. Descendre dans la langue française, plonger dans les classiques, saluer les contemporains, retourner l’étymologie comme on retourne la terre. Le poète Jean-Pierre Siméon se demande, précisément, ce qu'est un poète, ce qu'il peut comme ce qu'il ne peut pas.

Je suis poète . Allons donc, qu’est-ce qu’un poète, ce rêveur des bords de rivière et des matins qui chantent, peut bien avoir à dire de sérieux dans des circonstances aussi graves que celles que, immobiles, nous traversons ? C’est aujourd’hui n’est-ce pas l’heure de la pensée rigoureuse et des experts en tout genre, infectiologues, virologues, psychologues , sociologues, tous les machinologues qui divisent la réalité en fragments pour mieux la maîtriser je suppose.

Le poète n’a aucune expertise et surtout pas en matière de virus couronné ou de gestes barrières et il ne prétend nullement à une maîtrise du réel. Mais pour peu que l’on veuille bien admettre que ledit réel n’est pas qu’une affaire d’atomes et de molécules et que vivre et mourir ne se réduisent pas à la gestion de mécanismes objectifs que conceptualisent les machinologues en tout genre, et que toute vie humaine d’autre part se signale par la conscience simultanément effarée et désirante du chemin qu’elle doit s’inventer dans la profondeur mystérieuse d’un réel qui la dépassera toujours, alors le poète a en toutes circonstances son mot à dire.

L'écho le plus juste et le plus nécessaire

 
Ce qu’il dit peut fort bien, paradoxalement, n’avoir aucun rapport exact avec l’actualité du moment et en être cependant l’écho le plus juste et le plus nécessaire, voyez le récent succès du poème Couvre-feu d’Eluard sur le net. C’est que la parole du poète prend en charge cette part du réel qui ne relève d’aucun savoir constitué et que le discours des experts préoccupés des faits et des effets de surface manquent à tout coup: c’est le réel en nous filtré et recomposé par la pensée, le sentiment, l’émotion, la sensation. Appelons ça les effets de profondeur.
Que l’événement induit mais qui échappent à l’événement. Et dont le poème est la transcription et l’occasion du partage. Or il se trouve que dans une vie d’homme il n’y a jamais que deux événements, l’amour et la mort, le sommet d’intensité de la vie ou sa disparition, quelles que soient les formes visibles et variables de ces événements. Est-il utile de rappeler qu’on lit souvent des poèmes à l’occasion d’un mariage ou d’un enterrement ?

L’événement d’aujourd’hui c’est la mort

L’événement d’aujourd’hui c’est la mort. Ou plutôt l’irruption de la conscience de la mort dans la vie, cela qui redistribue les cartes de l’existence et est depuis toujours la raison d’être de la poésie et sans doute sa définition ultime. Tout poème a pour arrière-pays la mort ou quelqu’un de ses avatars, la solitude, la perte, l’exil, la chute...et dit simultanément le prix exorbitant de la vie et des infinies beautés de ses apparitions. Ce que formulait ainsi René Char: "La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil".
Lisez à peu près n’importe quel poème, fût-il écrit il y a mille ans, il y a de fortes chances qu’il consonne à l’état émotionnel collectif du moment : tout poème vibre de la vie qu’il porte dans la prémonition de sa perte. "Il n’aurait fallu / Qu’un instant de plus / Pour que la mort vienne..." , cet incipit d’Aragon est pour le poète l’incipit de chaque instant.
Ce principe du prix de la vie dans la mort dont procède tout poème est par ailleurs le fondement d’une conception de l’existence et de la vie humaine que depuis toujours, au-delà de ses formes et fonctions diverses, la poésie inlassablement propose. On ne l’a jamais vraiment prise au sérieux parce qu’elle contrevient radicalement aux attendus constants du développement des sociétés humaines depuis l’aube des temps : un progrès dont les fins et les moyens sont l’avoir, le pouvoir et le paraître et dont le libéralisme marchand mondialisé est par exemple le triomphe.

une autre manière d’habiter le monde pour programme

La poésie n’est évidemment ni l’exposé systématique ni le programme mais l’intuition et l’argumentaire implicite d’une autre manière d’habiter le monde. Il y a mille façons d’habiter poétiquement le monde dont chacun fait possiblement l’expérience, même sans crise virale, dans ces heures de parenthèse qui suspendent sa vie mercenaire ou qui s’essaient dans ces chemins d’existence alternatifs que beaucoup s’inventent depuis toujours en contrebande.
Elles ont pour dénominateurs communs le refus du primat de l’avoir sur l’être, de la relation de pouvoir à l’autre, l’autre humain, la nature et les animaux même ( Rimbaud dans la fameuse lettre du Voyant), de l’imposture qui décide de la valeur de l’être dans le paraître. Cela a tout à voir avec l’affaire du coronavirus qui est un nouveau symptôme après beaucoup d’autres d’un mauvais usage du monde, littéralement mortifère, cette fois la preuve est immédiate et flagrante .
Penser un autre usage du monde, à l’opposé exact de l’ordre ancien, est donc bien une urgence sauf pour ceux qui comme Luc Ferry, curieux philosophe à la pensée confinée dans l’idéologie qui l’arrange, prennent en panique les devants pour affirmer que l’après doit continuer l’avant, business as usual, et que c’est l’option la plus raisonnable (cf. Le Figaro du 30 mars). On voit où mène le genre de raison qu’il invoque. Monsieur Ferry, pour qui sans aucun doute tout était naguère pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles à part un éventuel mal de dent, prétend en quelque sorte qu’il faut avoir le sens des réalités.

le sens des réalités va contre le sens de la réalité

Je tiens pour ma part, comme le poète Georges Perros, que "le sens des réalités va contre le sens de la réalité". Je doute certes que l’objection d’un poète ébranle la ferme certitude de Monsieur Ferry pour qui la poésie relève probablement du quart d’heure de récitation à l’école ou de la cerise sur le gâteau des vieilles humanités. N’est-ce pas lui qui nommé en 2002 ministre de l’Education nationale décida d’emblée de supprimer les deux tiers de la subvention du Printemps des Poètes naissant ?

Refonder notre relation au monde individuellement et collectivement selon un principe poétique sine qua non n’est ni simple ni confortable, c’est même d’évidence un risque comme toute liberté prise avec les vérités admises . Il y a heureusement des philosophes qui n’hésitent pas à ce risque. C’est par exemple aujourd’hui l’heure exacte pour lire ou relire l’Eloge du risque d’Anne Dufourmantelle, cet extraordinaire bréviaire de la vie indexée à l’insatiable désir d’inconnu et dont chaque page offre l’exemple d’une pensée qui au péril de son courage réfute toute assignation à résidence du sens, donc à la résignation.
On y lit par exemple ceci : "Sacrifierons-nous encore et toujours davantage à nos appétits affamés de pouvoir et de maîtrise technologique, ou aurons-nous l’audace de reprendre en nous la responsabilité d’une difficile liberté qui ne se risque qu’à mesure où elle se trouve menacée ?"
 
 
 
 
 
 

08/05/2020

Médaille d'or pour nos soignants

Chanson des enfants en hommage aux soignants... mars 2020 paroles et chant : Capucine, Flore, Jules et Marin Tamisier diaporama : Capucine et Flore "téléguitare" : Laurent Jaulin musique : Geoffroy Tamisier
 

07/05/2020

Déconfiner Dieu

Activisme des réseaux sociaux

Pas de rassemblements, pas de sacrements, pas d’Eucharistie : de fait, la période que vivent les catholiques est étonnante. Elle a provoqué cependant une intense créativité sur les réseaux sociaux, avec des messes sur Facebook, Twitter, YouTube. Certains prêtres se sont donné beaucoup de mal pour répondre au manque ainsi créé, avec le risque de renvoyer une image bien cléricale et, partant, masculine du catholicisme. Comme une ruse de l’histoire, au moment même où le pape François avait entrepris une réflexion sur l’excès de cléricalisme… Cet activisme sur les réseaux sociaux peut aussi parfois verser, comme l’analyse le dominicain Dominique Collin, dans une vision fonctionnaliste de la foi (1), où l’image importe plus que le message, ce dont le pape François lui-même s’est ému. On sait que le catholicisme a toujours entretenu un lien étroit avec les techniques visuelles, les églises de la contre-réforme, à Rome, le manifestent assez. Mais ces spectaculaires bénédictions de villes contre le virus, tous ornements sacerdotaux dehors, avaient parfois un côté bien fellinien…

Il ne s’agit pas de critiquer, et l’auteure de ces lignes a elle-même été heureuse de pouvoir profiter des messes retransmises à la télévision. Mais n’est-ce pas l’occasion de nous interroger sur le sens de ce que nous vivons ? De profiter de ce moment exceptionnel, le kairos, comme l’écrit dans un magnifique texte (2) le père Tomás Halik, théologien tchèque, pour voir ce à quoi notre foi a été renvoyée durant ce confinement, avec l’impossibilité d’assemblée dominicale ? Nous avons envie de retourner dans nos églises, mais l’absence de célébration liturgique épuise-t-elle toute la foi ? La période que nous venons de vivre prouve bien l’inverse : nous nous sommes sentis en communion, sans communier. Elle peut aussi nous inciter à revoir notre compréhension de l’Eucharistie, qui, comme l’écrit Anne Lécu, est aussi le service d’autrui (3).

De nouvelles pistes

Au fond, que célèbre-t-on le dimanche ? Un rassemblement de voisins qui s’apprécient dans un lieu donné avec un prêtre donné ? Ou bien une communion aux dimensions universelles ? La communion des saints n’est pas un vain mot dans l’Église. Nous avons poussé à bout la logique de Pie X qui a instauré la communion hebdomadaire, voire quotidienne, en faisant de nous des « consommateurs d’hosties », dans une vision parfois réductrice du sacrement. Or, le nombre de prêtres diminue. Si l’on n’est capable d’ouvrir les églises que pour la messe, on va devoir en fermer beaucoup dans les années qui viennent. Cette crise peut justement nous offrir de nouvelles pistes, sans pour autant, évidemment, renoncer à l’eucharistie. Le confinement a donné lieu à de très belles liturgies domestiques, le christianisme renouant alors avec ses racines juives. Il a permis la formation de groupes de lectures, de méditations, d’études sur la Bible, d’écoute de la Parole, bien au-delà des cercles de pratiquants habituels. Et aussi autorisé une Semaine sainte dans la prière et le silence. Enfin, il s’est traduit par de nombreux gestes de solidarité de la part des paroisses et de leurs prêtres. À se demander si, plutôt que de se battre pour déconfiner les messes, il ne vaudrait pas mieux se battre pour déconfiner Dieu lui-même, et le sortir d’églises parfois trop fermées.

 

(1) « Deus ex machina », de Dominique Collin
sur revue-etudes.com

(2) « Les églises fermées, un signe de Dieu ? »  sur La Vie.fr

(3) Ceci est mon corps, d’Anne Lécu, éd. du Cerf.

Isabelle Gaulmyn, journaliste à La Croix

Source

06/05/2020

Un homme à la mer

homme-de-prière.jpg

Les marins, souvent, ne savent pas nager

L'océan est si vaste

 

Moi, je ne sais pas prier

 

Mais la mer fait danser les bateaux

Et moi, je fais la planche

Histoire de regarder le ciel

Et me faire les yeux bleus, blancs et noirs

Et parfois lumineux.

 

François Clairambault

dans "Les anges transparents"

Ed L'enfance des arbres 2019

16:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

05/05/2020

Cours de danse

Cours de danse avec le danseur étoile de l'Opéra de Paris:

Hugo Marchand (d'origine nantaise)