25/05/2006
Monté au ciel
Pour signifier que Dieu s'est prononcé en faveur de Jésus, et que celui-ci a été investi de la puissance divine, le Nouveau Testament utilise principalement les termes exalter, exaltation. Ces termes évoquent le Psaume 110, interprété dans un sens messianique par l'Eglise primitive: Siège à ma droite, que je fasse de tes ennemis l'escabeau de tes pieds (PS 110,1). Le message annonçant que Jésus-Christ a été exalté à la droite de Dieu, se rencontre déjà dans le sermon de la Pentecôte de Pierre (cf. Ac 2,34); il se retrouve à travers tout le Nouveau Testament (cf. Ac 5,31; 7,56; Rm 8,34; Ep 1,20, etc.). L'affirmation que Jésus a obtenu la place d'honneur à côté de Dieu, est évidemment une image. Elle veut dire que Jésus a reçu part à la gloire, au pouvoir, à la puissance et à la divinité de Dieu. Il est maintenant le Seigneur ou notre Seigneur (cf. l Co 1,9; 6,17, etc.). L'exaltation signifie 153-155 donc que Jésus ressuscité est investi de la puissance même de Dieu. Déjà, dans l'ancien hymne au Christ de l'épître aux Philippiens, il est dit:
C'est pourquoi Dieu l'a souverainement élevé et lui a conféré le Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que le Seigneur, c'est Jésus-Christ, à la gloire de Dieu le Père (Ph 2,9-11).
D'après cet hymne, Jésus devient par son exaltation le Maître du monde, le souverain universel des morts et des vivants (cf. Rm 14,9). Tout lui est soumis au ciel et sur la terre, y compris les puissances et les pouvoirs hostiles à Dieu. Même si son empire demeure encore caché sous les luttes et les détresses de ce temps, même s'il est encore dissimulé par le mal en ce monde, rien ne pourra lui résister. Le Christ doit régner, jusqu'à ce qu'il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds (l Co 15,25). C'est pourquoi, dans l'Apocalypse de Jean, il est appelé dès maintenant Roi des rois et Seigneur des seigneurs (Ap 19,16).
C'est la même vérité que Luc veut exprimer par le récit de l'ascension de Jésus (cf. Le 24,50-51; Ac 1,9-10). Celle-ci ne doit pas être comprise comme une sorte de voyage dans l'espace. La nuée qui dérobe Jésus aux regards des disciples est, déjà dans l'Ancien Testament, un symbole de la puissance de Dieu et une manifestation de sa présence. Le sens est donc que Jésus est entré dans le monde et dans la gloire de Dieu, qui transcendent l'espace et le temps. D'après Luc, l'ascension se produit dans le cadre d'une dernière apparition du Ressuscité, qui appartient déjà au monde céleste (cf. Le 24,26). L'ascension - ou l'exaltation - du Christ ne constitue donc pas un événement distinct de sa résurrection; elle souligne simplement un aspect de celle-ci. La dernière apparition du Ressuscité fait comprendre aux disciples que Jésus, dont la présence ne pourra plus être désormais directement perçue par les siens (cf. Le 24,51), reviendra un jour (cf. Ac 1,11). L'ascension suggère également que Jésus, du fait qu'il est entré dans la gloire de Dieu, reste proche de ses disciples, mais d'une manière nouvelle. Jésus est maintenant auprès de Dieu; c'est à la manière de Dieu qu'il est désormais constamment présent parmi nous.
D'après le récit de Luc, quarante jours séparent la résurrection et l'ascension de Jésus-Christ. Dans le langage de la Sainte Ecriture, le nombre 40 signifie un temps particulièrement sacré: pendant 40 ans, le peuple d'Israël a marché à travers le désert; pendant 40 jours, Moïse est demeuré en présence de Dieu sur le Sinaï; pendant 40 jours, Elie a marché jusqu'à la montagne de Dieu, l'Horeb; pendant 40 jours, Jésus a été tenté au désert. Les 40 jours après Pâques représentent le temps durant lequel le Ressuscité est encore apparu corporellement à ses disciples. Avec l'ascension a commencé un temps nouveau: le temps de l'Eglise. Désormais, le Christ qui est retourné auprès de Dieu, est proche des siens d'une manière nouvelle; il leur envoie, de la part du Père, le Saint-Esprit (cf. Ac 2,4-5) et leur donne ainsi la force nécessaire pour continuer son œuvre sur terre (cf. Ac 1,8). A travers la succession des événements, résurrection, ascension et effusion de l'Esprit, Luc veut exprimer la continuité entre le temps de Jésus et le temps de l'Eglise. Pendant ces 40 jours, les deux temps, pour ainsi dire, se recouvrent. Le temps de l'Eglise se trouve ainsi relié au temps où Jésus demeurait visiblement sur la terre. Ainsi l'ascension de Jésus-Christ est-elle moins une conclusion qu'un nouveau commencement. Elle inaugure le temps dans lequel Jésus-Christ, le Seigneur exalté dans les cieux, continue, par son Esprit, son œuvre dans l'Eglise et dans l'histoire.
Catéchisme allemand - 1987
14:00 Publié dans Réflexions spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0)
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