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24/03/2013

Dimanche des Rameaux

rameaux 3.JPG

À Paul Lafond.

Dimanche
des Rameaux…
Les blancs hameaux,
les ormeaux,
les sureaux,
les roseaux,
les fuseaux,
les bestiaux
s’endorment
comme
des oiseaux.

À l’ombre des feuilles,
les eaux lentes
se recueillent
dimanchement.

Ô Rousseau !
Où sont
les sons
des chalumeaux ?

Les moutons
sur les prairies
fleuries
sont monotones.

J’ai accompagné
le long des haies
matinales
le facteur rural…

Les cloches sonnaient larges
et toutes,
comme des gouttes
d’orage.

Mon cœur fleurissait
et je prosternais
mon âme
inquiète et calme

vers les noires
éminences
des coteaux sur
qui est l’azur.

Les nuages blancs,
malgré le beau temps,
semblaient lourds
d’eau d’ouragan.

Nous sommes allés
dans les allées
creusées par les
ondées.

Les murs des chaumières
avaient des éviers
de pierre,
de fougères et de lierre.

Maintenant je prie,
ô mon Dieu, mon Dieu,
devant le ciel bleu
où un moineau crie.


1897.

Francis Jammes

"De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir"

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20/03/2013

Le printemps

cerisier.jpg

Le printemps  (E.Roda Gil - A. Branduardi)

Il aura les cils des yeux bleu-gris
Les nids des oiseaux qui passent
Se poseront sur ses hanches
Pour changer la place du Pôle
Pour inventer la boussole.


Agenouillé près de la source
Et pour y mouiller ses lèvres
Pour savoir si elle est bonne
Pour noyer la place du Pôle
Pour oublier la boussole.


Pour l'abeille, la neige s'en va
Dans l'herbe la feuille se tourne
Pour cacher sa joie
Pour les hommes, les femmes et les bois
Le Printemps passe
Au nord et au sud à la fois.
Oh printemps tu passes
Sur les glaces de l'ennui.


Il aura les cils des yeux bleu-gris
Les nids des oiseaux qui passent
Se poseront sur ses hanches
Pour changer la place du Pôle
Pour inventer la boussole.

Oh printemps tu passes
Sur les glaces de l'ennui.

19/03/2013

Chanson cri

Je veux que ma chanson soit comme un cri d´alarme
Entre un air à la mode et un chanteur de charme,
Et même si je ne chante pas assez fort,
Qu´on veuille m´écouter trois minutes encore.

Quand on entend parler de femmes que l´on viole,
Pour beaucoup d´entre nous, ça reste des paroles.
On discute, on s´indigne, on ferme le journal
Puis on finit par trouver ça presque normal.

Hier, j´ai rencontré l´une de ces victimes.
Pour la police, c´est affaire de routine
Et pour les autres, ce n´est guère qu´une histoire.
Moi, j´ai vu la détresse au fond de son regard.

J´ai lavé son corps couvert de sperme et de sang.
L´individu était presqu´un adolescent.
Très vite, il a fait ça sans amour ni plaisir.
Il paraît qu´il a pleuré avant de s´enfuir.

Mon Dieu, qu´avons-nous fait pour en arriver là?
Que faut-il faire pour arrêter tout cela?
Ma tête se révolte et mon cœur est meurtri
Et j´ai eu mal pour elle et j´ai honte pour lui.

Mais qui d´entre nous n´a jamais violé quelqu´un,
Pour ne parler que de ces petits viols mesquins
Qui font partie de notre vie de tous les jours
Et abreuvent de larmes notre soif d´amour?

La puissance, l´argent, la force et le mépris,
L´autorité du père et celle du mari,
La rigueur imbécile des fauteurs de l´ordre
Qui crée les enragés qu´il empêche de mordre

Car ce sont nos enfants qu´on appelle la pègre,
Gauchistes blousons, noirs drogués et autres nègres,
Tous ceux qui, pour survivre, cherchent à rêver,
Ceux qui cherchent la plage au-dessous des pavés

Et si je viens chanter à la télévision,
Dans le cadre établi de la consommation,
Avec l´approbation du prince et de la cour,
Ne va pas croire que c´est pour faire un discours.

Ce n´est pas non plus pour te convaincre ou te plaire
Ou chanter les idées quoi sont déjà dans l´air
Mais c´est pour demander un aujourd´hui meilleur
En faisant simplement mon métier de chanteur.

Je dis que le bateau prend l´eau de tous côtés.
Il est temps qu´on essaye de le colmater.
Victime ou criminel, les deux sont concernés
Et s´il y a un coupable, on est tous condamnés.
 
Georges Moustaki

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16/03/2013

Enez Aval

Enez Aval

 

aval.JPG

 

Il y avait
ces murs de pierre
où le vent se brisa
sur les rêves

des hommes venus
de l’autre côté
des siècles

et de la mer

Il y avait cette croix
grise
par temps de pluie
blanche par temps de ciel

quand la lumière pose son poids de neige
sur la terre

Il y avait cette île ouverte
au jour de l’équinoxe
et la fleur fragile parmi le vent

forte
parmi la vie

Yvon Le Men dans La patience des pierres, 1995, ibid. p. 285

Article dans le Ouest-France du 15 mars 2013

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15/03/2013

Le bilan

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Ah! ils nous en ont fait avaler des couleuvres
De Prague à Budapest, de Sofia à Moscou
Les staliniens zélés qui mettaient tout en œuvre
Pour vous faire signer les aveux les plus fous
Vous aviez combattu partout la bête immonde
Des brigades d´Espagne à celles des maquis
Votre jeunesse était l´Histoire de ce monde
Vous aviez nom Kostov ou London ou Slansky

Au nom de l´idéal qui vous faisait combattre
Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd´hui

Ah! ils nous en ont fait applaudir des injures
Des complots déjoués, des dénonciations
Des traîtres démasqués, des procès sans bavures
Des bagnes mérités, des justes pendaisons
Ah! comme on y a cru aux déviationnistes
Aux savants décadents, aux écrivains espions
Aux sionistes bourgeois, aux renégats titistes
Aux calomniateurs de la révolution

Au nom de l´idéal qui nous faisait combattre
Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd´hui

Ah! ils nous en ont fait approuver des massacres
Que certains continuent d´appeler des erreurs
Une erreur, c´est facile comme un et deux font quatre
Pour barrer d´un seul trait des années de terreur
Ce socialisme était une caricature
Si les temps on changé, des ombres sont restées
J´en garde au fond du cœur la sombre meurtrissure
Dans ma bouche, à jamais, la soif de vérité

Au nom de l´idéal qui nous faisait combattre
Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd´hui

Mais quand j´entends parler de bilan positif
Je ne peux m´empêcher de penser : A quel prix?
Et ces millions de morts qui forment le passif
C´est à eux qu´il faudrait demander leur avis
N´exigez pas de moi une âme de comptable
Pour chanter au présent ce siècle-tragédie
Les acquis proposés comme dessous de table
Les cadavres passés en pertes et profits

Au nom de l´idéal qui nous faisait combattre
Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd´hui

C´est un autre avenir qu´il faut qu´on réinvente
Sans idole ou modèle, pas à pas, humblement
Sans vérité tracée, sans lendemains qui chantent
Un bonheur inventé définitivement
Un avenir naissant d´un peu moins de souffrance
Avec nos yeux ouverts en grand sur le réel
Un avenir conduit par notre vigilance
Envers tous les pouvoirs de la Terre et du Ciel

Au nom de l´idéal qui nous faisait combattre
Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd´hui


Jean Ferrat

14/03/2013

Le pape povorello

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Ce matin, en ouvrant mes volets, je vois un peu de neige sur les toits, la rue, les parterres où déjà les premières fleurs du printemps ont commencé à s'ouvrir.

A Rome, hier soir, un nouvel homme en blanc est apparu, comme une colombe venue d'Argentine. Un povorello, un homme de paix qui, dès sa première prise de parole à fait l'unanimité de tous ceux qui s'étaient rassemblés sur la Place St Pierre.

Il s'appelle François. Comme celui d'Assise qui nous rappelle toujours que la pauvreté (qui n'est pas la misère) doit être au coeur de la vie des disciples du Christ. Comme celui d'Assise qui nous rappelle aussi que la paix est le plus beau des cadeaux que le monde, l'Eglise et chacun de nous peuvent recevoir du Christ.

Je souhaite que ce nouveau pape renouvelle profondément l'Eglise pour qu'elle soit davantage servante du monde et du Christ, humblement, pauvrement, sans éclats de voix ou d'apparats pour seulement faire éclater la gloire du Christ.

La première apparition du nouveau pape a déjà donné le ton.

Et les journalistes qui ne s'attendaient pas à cette élection ont démontré une fois de plus que l'Esprit Saint ne parle pas de challenger ou de outsider, mais de surprise et de grâce.

TP