03/11/2014
Esseuillement
le dedans veut sortir
et le dehors entrer
la porte qui bat
invente un huis non clos
un seuil pour le rythme
qui répartit les deux côtés
au-dedans du dedans
reclosant l'intérieur
le coeur mis au secret
scelle et montre le tout
la partie qui l'intègre
n'ignore pas les autres
Michel Deguy - Comme si comme ça - Poésie Gallimard
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02/11/2014
Le jour des morts
LE JOUR DES MORTS
Lugubrement la cloche tinte,
C'est aujourd'hui le Jour des Morts
Le vent jette sa longue plainte
Dans la campagne couleur d'or...
Dans les cyprès du cimetière
Les moineaux gris, bien tristement
Jettent leurs cris, douce prière,
De ceux qu'on croit indifférents.
La vieille église, en sentinelle,
Voit défiler les pèlerins
Qui vont couronner d'immortelles
les vieux crucifix de fer peint...
La foule anxieuse et recueillie
S'agenouille autour des tombeaux...
Chacun dans un murmure prie,
Tristement, comme les moineaux...
L'angoisse étreint les coeurs, les âmes,
On se relève pieusement,
Les pleurs voilent les yeux des femmes,
Qui se signent dévotement.
L'angelus sonne dans la brume,
On prend le chemin du retour,
Sans hâte vers le bourg qui fume
En songeant et priant toujours.
Joseph Delort (1894-1916)
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01/11/2014
Toussaint
Et laisse l'or et l'orgueil aux avides :
Un roi grandit dans le pauvre comblé.
Heureux celui qui, face aux violences,
Est lisse tel un roseau sans défense :
Les doux tiendront sur le monde ébranlé.
Heureux celui qui sait le don des larmes,
La grâce amére où la lutte désarme
C'est l'affligé qui sera consolé.
Heureux celui dont le coeur et la tête
Ont faim et soif de justice parfaite :
Il trouvera sous la vigne le blé.
Heureux celui qui saigne mais pardonne
Et rend le bien pour le moral qu'on lui donne.
Devant son juge il parait sans trembler.
Heureux celui qu'épargne toute fange :
Du clair regard où se mirent les anges,
Il verra Dieu sans en être aveuglé.
Heureux celui qui sème la concorde,
Les mots de miel dans les bouches qui mordent :
Un arc en ciel viendra l'auréoler.
Heureux tous ceux que d'autres jugent dignes
Du vieux mépris dont le croix est le signe :
Car du Royaume ils possédent la clé.
Office des Heures.
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31/10/2014
Citrouille
Le Gland et la Citrouille
Dieu fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la preuve
En tout cet Univers, et l'aller parcourant,
Dans les Citrouilles je la treuve.
Un villageois considérant,
Combien ce fruit est gros et sa tige menue :
A quoi songeait, dit-il, l'Auteur de tout cela ?
Il a bien mal placé cette Citrouille-là !
Hé parbleu ! Je l'aurais pendue
A l'un des chênes que voilà.
C'eût été justement l'affaire ;
Tel fruit, tel arbre, pour bien faire.
C'est dommage, Garo, que tu n'es point entré
Au conseil de celui que prêche ton Curé :
Tout en eût été mieux ; car pourquoi, par exemple,
Le Gland, qui n'est pas gros comme mon petit doigt,
Ne pend-il pas en cet endroit ?
Dieu s'est mépris : plus je contemple
Ces fruits ainsi placés, plus il semble à Garo
Que l'on a fait un quiproquo.
Cette réflexion embarrassant notre homme :
On ne dort point, dit-il, quand on a tant d'esprit.
Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme.
Un gland tombe : le nez du dormeur en pâtit.
Il s'éveille ; et portant la main sur son visage,
Il trouve encor le Gland pris au poil du menton.
Son nez meurtri le force à changer de langage ;
Oh, oh, dit-il, je saigne ! et que serait-ce donc
S'il fût tombé de l'arbre une masse plus lourde,
Et que ce Gland eût été gourde ?
Dieu ne l'a pas voulu : sans doute il eut raison ;
J'en vois bien à présent la cause.
En louant Dieu de toute chose,
Garo retourne à la maison.
Jean de La Fontaine
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30/10/2014
Paris sera toujours Paris
Zaz: Paris sera toujours Paris (2014)
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29/10/2014
Livre soleil
Un rayon de soleil vaut tous les livres du monde
Christian Bobin
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