Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/03/2009

Etre poète aujourd'hui

être

d’abord

  • Se réaliser dans une activité ambiguë par un travail de distanciation ;
  • s’endormir pour s’ouvrir aux caresses esquissées de l’inconscient, aux couleurs imperceptibles de la nuit, aux murmures inaudibles qui s’évaporent de l’incertitude des tréfonds ;
  • s’éveiller, dans un sursaut de communication, pour accueillir les gestes de la vie, les mouvements de la conscience, les cris qui condensent l’angoisse du réel.

ensuite

  • Apporter la parole à la table du banquet de l’écoute ;
  • composer le texte comme cristaux de pensées germant sur la rétine du lecteur ;
  • traverser les murs de l’indifférence au poème.

enfin

  • N’avoir peur ni des mots ni des espaces qui les bornent et les créent ;
  • reconnaître à leur chant les autres poètes dispersés dans les humaines tribus de tous totems, de toutes couleurs et de toutes langues ;
  • exister unifié sous le triple signe du rêve, de l’aventure et de la vertu.

poète

d’abord

  • Témoigner du mariage des deux spirales qui engendreront la tension intime du poème, les sons pour engrosser la plate mémoire, jouir aux jeux incandescents du souffle et du silence, le sens pour encercler d’or natif l’absurdité, orner de gemmes hyalines la banalité, couvrir de nacres humides l’originalité ;
  • préméditer le crime fondateur qui poignarde les syntaxes sacrées, égorge les figures du discours, écartèle la phrase pour en recomposer les membres autrement ;
  • inventer les maillons manquants dans la chaîne des symboles, le collier des correspondances, le bracelet des métaphores.

ensuite

  • Travailler l’écume foisonnante des projets de textes du poème en expérimentant cent arrangements également possibles ou impossibles ;
  • travailler encore le remous des textes du poème en comparant dix trajets également probables ou improbables ;
  • travailler encore et encore ne retenir que le poème certain, cri purifié, improvisation méthodique, aveu authentifié.

enfin

  • Extraire la parole concrète des lexiques abstraits ;
  • sublimer du nouveau en chauffant du très vieux ;
  • précipiter du sang en projetant de l’eau.

aujourd’hui

d’abord

  • Rester ancré aux rochers souillés de ce monde et assumer sa réalité parfois insoutenable : nous parlons des étoiles et savons les ghettos, nous chantons la vie et savons les massacres, nous exaltons la fraternité et savons les génocides ;
  • accepter que s’engager dans l’affrontement avec les mots n’économise pas la nécessité de prendre parti dans la bataille au sujet des idées qui rampent dans la peur brune, des actes qui s’insinuent dans la lâcheté molle, des omissions qui gangrènent l’indifférence transparente ;
  • comprendre que lutter contre les ténèbres implique le risque de se brûler aux feux que peuvent allumer et nourrir les fragiles lumières de l’espérance, de l’amour et de la raison.

ensuite

  • S’approprier les moyens que les techniques nous apportent, quitte à les détourner au service de notre art, au lieu d’en prendre peur et d’en dévaluer les potentialités ;
  • contribuer à leur transformation en nous souvenant qu’ils sont création d’une créature assumant le péché initial de la connaissance, et qu’il nous appartient de les baptiser dans les eaux de notre passion d’écrire et de parler ;
  • leur imaginer et assigner de nouveaux usages, accomplissant ainsi notre vocation inventive.

enfin

  • Vivre avec vivacité, poète parmi les vivants poètes ;
  • honorer l’assemblée des disparus, en prêtant notre voix à leurs écrits ;
  • attendre dans la patience l’enfant poète déjà conçu mais encore inconnu : il saura transformer le monde.

Vu le site Adamantane

 

12/03/2009

Rue des étoiles

08:00 Publié dans Chansons | Lien permanent | Commentaires (0)

11/03/2009

Enfin, que des bonnes nouvelles!

head_bonnes_nouvelles.jpg

Dans ce monde de grisaille, en crise et tout ce qu'on veut, il était temps qu'un blog apparaîsse où il n'y ait que des bonnes nouvelles! ça nous change du journal de 20h et du cancan des commères.

Allez-y vite!les bonnes nouvelles, c'est par ICI.

10/03/2009

Petit poème


Les frères Taloche - petit poème

08:00 Publié dans Humour, Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

09/03/2009

Le hareng saur

cros.jpg

Le hareng saur

A Guy.

Il était un grand mur blanc - nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle - haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur - sec, sec, sec.

Il vient, tenant dans ses mains - sales, sales, sales,
Un marteau lourd, un grand clou - pointu, pointu, pointu,
Un peloton de ficelle - gros, gros, gros.

Alors il monte à l'échelle - haute, haute, haute,
Et plante le clou pointu - toc, toc, toc,
Tout en haut du grand mur blanc - nu, nu, nu.

Il laisse aller le marteau - qui tombe, qui tombe, qui tombe,
Attache au clou la ficelle - longue, longue, longue,
Et, au bout, le hareng saur - sec, sec, sec.

Il redescend de l'échelle - haute, haute, haute,
L'emporte avec le marteau - lourd, lourd, lourd,
Et puis, il s'en va ailleurs - loin, loin, loin.

Et, depuis, le hareng saur - sec, sec, sec,
Au bout de cette ficelle - longue, longue, longue,
Très lentement se balance - toujours, toujours, toujours.

J'ai composé cette histoire - simple, simple, simple,
Pour mettre en fureur les gens - graves, graves, graves,
Et amuser les enfants - petits, petits, petits.

Charles Cros (1842-1888) dans "Le coffret de santal"

17:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

08/03/2009

Poème de femme

8 mars: Journée de la femme en cette semaine de la poésie

colette2.jpg
Flux et reflux


Quelle est ton heure de fête, ton heure de gloire, d’aise à vivre et à chanter ?
Est-ce à la fine pointe du jour, quand basculent les ténèbres et que toute chose émerge comme au premier matin ?
Est-ce la jubilation de l’éveil : je suis vivant ! cri du corps au mode ; j’existe dans cet univers à créer !
Et montent vers toi les odeurs familières, les mille bruits du quotidien, et tu touches le drape, la joue,
le mur, comme s’ils étaient miraculeux.
Est-ce la première rencontre, le premier visage ou la première main allant vers ton visage,
ta main ; le choc du regard, sa trouée ?
Est-ce dans le nid de la matinée, quand tu épouses le travail à plein corps ?
Est-ce à la césure de midi, lorsque s’équilibrent passé et futur, comme une certitude et une promesse ?
Est-ce dans le feu de l’après-midi, quand s’adoucit l’éclat des heures.
Ou bien le soir glissant vers la nuit, sa tendresse complice, son chuchotement heureux de retrouvailles sans faille, sa plénitude ?
Pour te connaître, te reconnaître, il me faut entrer dans ta perte et ton excès, tes deuils et tes fêtes

Colette Nys-Mazure

08:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)