06/03/2009
La môme néant

La môme néant
Quoi qu'a dit ? - A dit rin.
Quoi qu'a fait ? - A fait rin.
A quoi qu'a pense ? - A pense à rin.
Pourquoi qu'a dit rin ?
Pourquoi qu'a fait rin ?
Pourquoi qu'a pense à rin ?
- A' xiste pas.
Jean Tardieu dans "Monsieur, monsieur" 1951
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05/03/2009
Trois poèmes de...
Trois poèmes de Raymond Queneau:

Un poème
Bien placés bien choisis
quelques mots font une poésie
les mots il suffit qu’on les aime
pour écrire un poème
on ne sait pas toujours ce qu’on dit
lorsque naît la poésie
faut ensuite rechercher le thème
pour intituler le poème
mais d’autres fois on pleure on rit
en écrivant la poésie
ça a toujours kékchose d’extrème
un poème
Pour un art poétique
Prenez un mot prenez en deux
faites les cuir' comme des oeufs
prenez un petit bout de sens
puis un grand morceau d'innocence
faites chauffer à petit feu
au petit feu de la technique
versez la sauce énigmatique
saupoudrez de quelques étoiles
poivrez et mettez les voiles
Où voulez vous donc en venir ?
A écrire Vraiment ? A écrire ?
L’inspiration
De son juchoir
la poule laisse choir
un oeuf
c’est une imprudence
un moment d’absence
mais il tombe pouf
dans la paille :
la fermière était prévoyante
combien de poèmes brisés
que ne recueille aucun recueil.
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04/03/2009
N'être
Un nouveau poème sur Soc et Foc
19:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)
Pour faire le portrait d'un oiseau
Peindre d'abord une cage
avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d'utile
pour l'oiseau
placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l'arbre
sans rien dire
sans bouger ...
Parfois l'oiseau arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider
Ne pas se décourager
attendre
attendre s'il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l'arrivée de l'oiseau
n'ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau
Quand l'oiseau arrive
s'il arrive
observer le plus profond silence
attendre que l'oiseau entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis
effacer un à un tous les barreaux
en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l'oiseau
Faire ensuite le portrait de l'arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l'oiseau
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l'herbe dans la chaleur de l'été
et puis attendre que l'oiseau se décide à chanter
Si l'oiseau ne chante pas
c'est mauvais signe
signe que le tableau est mauvais
mais s'il chante c'est bon signe
signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l'oiseau
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.
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03/03/2009
A quoi sert un artiste?
A quoi sert un artiste ? Que seraient la Bretagne si elle n’était dansée, les Caraïbes si elles n’étaient pas racontées, l’Algérie si elle n’était chantée ? L’esclavage s’il n’y avait le blues ? Ne resterait que l’esclavage !Ceux qui vivent de l’audace des autres manquent-ils à ce point de respect pour leurs frères humains, les saltimbanques, pour si peu considérer ces hommes et ces femmes qui accompagnent leurs enfers et entrouvrent leurs paradis en disant, chantant, et dansant leurs morts et leurs vies ? A quoi servent les artistes dans ce monde qui préfère les chiffres aux lettres et dont la folie des chiffres menace de nous faire chavirer dans le chaos ?Que celui qui n’a besoin ni de chansons, ni d’images, ni de poèmes, ni de romans, ni de films, ni de pièces de théâtre, ni de musique, pour que se dise sa vie quand il ne sait plus la dire, pour que s’écoule son chagrin quand il ne sait plus pleurer, que celui-là tranche la gorge aux oiseaux. Que celui qui n’a pas besoin d’artiste retienne ses larmes à jamais et brise par avance ses éclats de rire.
Yvon Le Men, poète
08:00 Publié dans Réflexions spirituelles | Lien permanent | Commentaires (3)
02/03/2009
Des rimes aux rires
La 11e édition de cette manifestation dédiée à la poésie se tiendra dans toute la France du 2 au 15 mars. Au menu cette année : de l'humour…

Le Printemps des poètes sera officiellement lancé le 2 mars aux Folies-Bergère, le temple du music-hall, où résonnèrent jadis les voix de Mistinguett et de Maurice Chevalier. Une façon, pour les organisateurs de cet ensemble de manifestations qui se déroulent dans toute la France, de rappeler la dimension populaire de ce « Printemps » qui voudrait faire éclore des vocations poétiques. Sur le modèle de la Fête de la musique, les organisateurs privilégient la dimension festive et spectaculaire de l'événement. Quitte à faire fuir les poètes… En effet, un certain recueillement n'est-il pas propice à la poésie, cette «opération magique accomplie par le silence», selon les mots de Philippe Jaccottet.
Placé sous le signe du rire et de l'humour, le Printemps 2009 rendra hommage à Jean Tardieu (décédé en 1995), grand gourmand de mots et amateur de cocasseries les plus incongrues. L'affiche de cette 11e édition, en revanche, ne fait pas rire (voirci-dessus). Le jeu sur les mots ne vole pas haut et l'astuce graphique rend le message indéchiffrable. Espérons que l'an prochain les graphistes du Printemps des poètes seront mieux inspirés.
Rappelons tout de même que pour la seule association Le Printemps des poètes, qui « tourne » toute l'année avec plusieurs salariés, les ministères de la Culture et de l'Éducation versent 400 000 euros par an, les collectivités locales assurant le financement des manifestations qui ont lieu en province.
«Œcuméniste acharné»
Grâce à ces moyens considérables et à un certain consensus médiatique, au fil des ans, le Printemps des poètes a su rallier de nombreux suffrages : auteurs, bien sûr, public curieux, mais aussi libraires, bibliothécaires et associations. « Nous sommes sur une pente ascendante», affirme Jean-Pierre Siméon, directeur artistique de la manifestation. «Œcuméniste acharné», comme il se définit lui-même, il n'écarte aucune tendance ni courant poétique de sa programmation. Le Printemps est « une véritable vitrine destinée à refléter toute la vitalité et l'extraordinaire diversité de la poésie française d'aujourd'hui, qui, à bien des égards, est bien plus riche que le roman ». Pour cette onzième édition, patronnée par le comédien Denis Podalydès, il a invité Jacques Roubaud et Jean-Pierre Verheggen.
En ces temps de restriction budgétaire, le Printemps des poètes ne risque-t-il pas de faire les frais des coupes budgétaires publiques, au moment où Lire en fête est dans le collimateur ? Jean-Pierre Siméon ne veut pas y croire. Son argument : «Outre l'appui inconditionnel du CNL, le goût naturel et simple du public pour la poésie ne fait que croître.»
On peut être chagriné que la poésie descende sur le bitume et que « la rue » s'empare de la rime. Mais d'un autre côté on ne peut que se réjouir de voir des éditeurs publier à nouveau de la poésie ; c'est notamment le cas du Seuil et de la Table ronde. Initiative impensable il y a encore dix ans. Par ailleurs, les anthologies se multiplient (Patrick Poivre d'Arvor en publie une le 5 mars aux Éditions du Cherche Midi…) et, cette année, les publications pour la jeunesse ont concentré une part de leurs efforts sur la poésie (Gallimard, Bayard, Rue du monde…).
Renseignements : www.printempsdespoetes.com
Article du Figaro
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