10/12/2008
Chimène
René Joly en direct en 2008. La chanson est de 1969 (René Joly - Gérard Manset)
08:00 Publié dans Chansons, Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (0)
09/12/2008
L'apprenti

Mathieu Bulle, champs... et contrechamp
par Johanna Luyssen
Mathieu Bulle incarne son propre personnage de paysan stagiaire dans le film l’Apprenti, un premier et brillant long métrage, à mi-chemin entre Être et avoir, de Nicolas Philibert, et la Vie moderne, de Raymond Depardon.
À 18 ans, Mathieu Bulle n’en revient pas. Ce n’est pas de se voir à l’écran dans le film l’Apprenti, où il interprète pendant une année entière sa propre vie, qui le trouble à ce point. Ni de voir son intimité subitement dévoilée à des spectateurs inconnus. Encore moins d’avoir été suivi par une énorme caméra pendant un an. Non, le grand choc, ce fut d’entendre à nouveau sa voix. Elle a mué ! Et aujourd’hui cette voix d’enfant, celle de ses 15 ans, qui hésite tant entre les graves et les aigus, il la reconnaît à peine.
Avec ses joues roses, le garçon a gardé quelque chose de l’enfance : il est vrai qu’il passe tout son temps « à l’air libre ». Trois ans après le tournage, le jeune homme nous reçoit, très sûr de lui, près d’une petite salle de projection de Besançon, où l’on projette l’Apprenti à une classe de lycéens. L’œil amusé, avec cet accent qui avale les syllabes, il répond gentiment à toutes les questions. « Tu as toujours voulu être paysan ? – Oui, toujours. – Tu as dit oui tout de suite quand on t’a proposé de faire le film ? – Ah oui, je n’ai pas hésité. » Mathieu se décrit comme « fonceur » et « déterminé ». Il semble avoir toujours voulu devenir agriculteur. Jusqu’à la quatrième, il se sent mal à l’aise dans la filière générale. Et les notes ne suivent pas vraiment. À 14 ans, il demande donc à sa mère de l’inscrire en Maison familiale et rurale (MFR), structure qui permet d’étudier en alternance – cours et stages pratiques – et de passer un BEP agricole. Les MFR, sorte d’internats agricoles, sont assez répandues en Franche-Comté. Mais ses parents, ouvriers, ne sont pas très enthousiastes à l’idée d’avoir un fils paysan. Ils ont connu cette vie trente ans plus tôt. Pour eux, c’est un métier un peu ingrat. Et, de toute manière, l’avenir est dans le tertiaire. « Pourquoi tu ne fais pas une classe normale ? Avec ça, tu auras un bon métier… Je ne dis pas que tu seras président de la République, mais quand même », lui suggère sa mère dans le film. Et Mathieu de répondre tranquillement : « Non. Moi, je veux faire un métier qui me plaît. Je veux être content de me lever pour aller travailler. »
Sa détermination a plu au réalisateur du film, Samuel Collardey, qui l’a choisi pour être le héros de l’Apprenti. « Mathieu est assez étonnant. Je connais beaucoup d’adolescents qui veulent être chanteurs, acteurs. Mais des jeunes qui savent, à 15 ans, qu’ils veulent être paysans, beaucoup moins. » On suit donc le jeune aspirant chez Paul Ribier, agriculteur bio dans le Haut-Doubs, personnage attachant et excellent pédagogue, qui l’héberge et l’initie à tous les secrets du métier : égorger le cochon, rentrer le foin, traire les vaches... Au-delà de leurs silences, une vraie relation d’homme à homme se noue entre ces deux-là. Et elle dépasse largement le clivage maître/élève. Sous l’œil de Paul, Mathieu apprend peu à peu à devenir un homme. Car l’Apprenti est aussi le touchant portrait d’un adolescent, voire un « ado-naissant » : Mathieu « chatte » avec sa copine sur Internet, prend sa première cuite, fait le malin avec ses copains à la piscine, traîne les pieds à l’écurie... « Lorsqu’on a commencé le tournage, raconte Samuel Collardey,
c’était un enfant, doux comme un agneau avec les animaux ; il dormait même avec sa chèvre quand elle était malade. Maintenant, c’est un vrai ado. Il a quitté le nid. »
Aujourd’hui, l’ado a presque fini sa croissance, passe en BTS l’an prochain, rêve de grands espaces au Canada ou en Australie, ne vit que pour la terre, ne lit presque rien, si ce n’est la revue Matériel agricole, et compte bientôt aller voir la Vie moderne, le dernier film de Raymond Depardon sur la paysannerie, regarde peu la télévision et n’écoute jamais la radio. Enfin, si, NRJ, un peu… « Sur mon tracteur »
08:00 Publié dans Films | Lien permanent | Commentaires (0)
08/12/2008
Rien n'est beau comme un enfant...

Rien n'est beau comme un enfant...
Pour moi, dit Dieu, je ne connais rien d'aussi beau dans tout le monde qu'un gamin d'enfant qui cause avec le bon Dieu dans le fond d'un jardin. Et qui fait les demandes et les réponses (c'est plus sûr). Un petit homme qui raconte ses peines au bon Dieu le plus sérieusement du monde. Et qui se fait lui-même les consolations du bon Dieu...
Rien n'est beau comme un enfant qui s'endort en faisant sa prière, dit Dieu. Je vous le dis, rien n'est aussi beau dans le monde. Je n'ai jamais rien vu d'aussi beau dans le monde. Et pourtant j'en ai vu des beautés dans le monde. J'ai vu des cœurs dévorés d'amour pendant des vies entières, perdus de charité. Brûlant comme des flammes. Or je le dis, je ne connais rien d'aussi beau dans tout le monde qu'un petit enfant qui s'endort en faisant sa prière.
Aussi, dit Dieu, comme je comprends mon fils. Mon fils le leur a assez dit. (Or il faut entendre toutes les paroles de mon fils au pied de la lettre.) " Laissez les tout-petits venir à moi. "
Charles Péguy, Le Mystère des saints innocents
08:00 Publié dans Réflexions spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0)
07/12/2008
Le travail, le dimanche
Le travail cesse d’ennoblir l’homme au moment où il commence à l’asservir
Ce message, tiré de la Bible, nous voulons aujourd’hui le mettre en lumière au moment où nous croyons menacées des valeurs qui nous semblent essentielles comme chrétiens et comme citoyens engagés dans le monde ouvrier.
C’est pourquoi nous ne pouvons pas nous taire devant un projet qui va casser le code du travail, briser la vie sociale et familiale, entraîner une perte des repères de notre société.
Allons-nous devoir travailler sept jours sur sept pour espérer compenser des salaires qui n’évoluent pas et qui ne permettent pas de vivre décemment ? On nous dit que seuls les volontaires travailleront le dimanche. Nous savons que c’est un leurre. Personne n’est dupe de ce « prétendu » volontariat. Peu à peu la loi du marché s’imposera et devant la menace de perdre son emploi, le salarié n’aura pas d’autre choix que d’accepter. Les premiers touchés seront inévitablement les personnes défavorisées, en grande précarité.
Cette légalisation du travail le dimanche touchera d’autres secteurs d’activité (garde d’enfants, transports, approvisionnement, nettoyage…)
Par ailleurs n’irons-nous pas vers d’autres dérives : ouverture des grandes surfaces une partie de la nuit ? Ou encore le travail continu le week-end… ?
Alors quand nous retrouverons nous ?
L’organisation du temps ne peut se faire quand, dans une famille et dans une société, personne n’a le même rythme. Dans notre monde individualisé nous mesurons l’importance de la convivialité, de la gratuité : se retrouver pour faire du sport, faire la fête en famille, entre amis, se cultiver, participer à des manifestations culturelles, vivre un culte religieux… C’est tout cela qui crée le lien social. C’est tout cela qui permet à l’homme de se construire et de vivre en harmonie avec les autres. Car nous sommes des êtres de relation.
C’est quand on veut nous enlever un bien précieux acquis de haute lutte que l’on se rend compte de son inestimable valeur. Comment se rencontrer, se connaître, partager des valeurs communes si chacun est réduit à son individualité ?
Parce que nous sommes convaincus qu’il faut garder le sens du bien commun, de la fraternité et de la justice sociale, nous demandons expressément aux députés et sénateurs de prendre toute la mesure des conséquences qu’engendrerait cette loi et par conséquent de s’y opposer.
Les Délégués et Coordonnateurs Diocésains de Mission Ouvrière des régions Bretagne / Pays de Loire.
Nantes, le 2 décembre 2008
08:00 Publié dans Actualités, Cris | Lien permanent | Commentaires (0)
06/12/2008
Savoir attendre
Frère Alois, prieur de Taizé
Savoir attendre…

Et si le temps de l’Avent venait renouveler l’espérance en nous ? Non pas un optimisme facile qui ferme les yeux sur la réalité, mais cette espérance forte qui jette l’ancre en Dieu et qui permet de vivre pleinement dans l’aujourd’hui.
L’année chrétienne commence par l’Avent, le temps de l’attente. Pourquoi? Pour nous révéler à nous-mêmes l’aspiration qui nous habite et pour la creuser: le désir d’un absolu, vers lequel chacun tend de tout son être, corps, âme, intelligence, la soif d’amour qui brûle en chacun, du nourrisson jusqu’à la personne âgée, et que même l’intimité humaine la plus grande ne peut pas entièrement apaiser.
Cette attente, nous la ressentons souvent comme un manque ou un vide difficile à assumer. Mais loin d’être une anomalie, elle fait partie de notre personne. Elle est un don, elle nous conduit à nous ouvrir nous-mêmes, elle oriente toute notre personne vers Dieu.
Osons croire que le vide peut être habité par Dieu et que déjà nous pouvons vivre l’attente avec joie. Saint Augustin nous y aide quand il écrit : « Toute la vie du chrétien est un saint désir. Dieu, en faisant attendre, étend le désir ; en faisant désirer, il étend l’âme ; en étendant l’âme, il la rend capable de recevoir… Si tu désires voir Dieu, tu as déjà la foi. »
Frère Roger aimait cette pensée d’Augustin, et c’est dans cet esprit qu’il priait : « Dieu qui nous aimes, quand nous avons le désir d’accueillir ton amour, ce simple désir est déjà le commencement d’une foi tout humble. Peu à peu au tréfonds de notre âme s’allume une flamme. Elle peut être toute fragile mais elle brûle toujours. »
La Bible met en valeur le long cheminement du peuple d’Israël et montre comment Dieu a lentement préparé la venue du Christ. Ce qui est passionnant dans la Bible, c’est qu’elle raconte toute l’histoire de l’amour entre Dieu et l’humanité. Cela commence par la fraîcheur d’un premier amour, puis viennent les limites et même les infidélités. Mais Dieu ne se fatigue pas d’aimer, il cherche toujours son peuple. En fait, la Bible est l’histoire de la fidélité de Dieu. « Une femme oublie-t-elle son petit enfant ? Même s’il y en avait une qui oubliait, moi je ne t’oublierai pas » (Isaïe 49, 15).
Lire cette longue histoire peut éveiller en nous le sens des lentes maturations. Parfois nous voudrions tout, tout de suite, sans voir la valeur du temps du mûrissement ! Mais les psaumes nous ouvrent une autre perspective : « Mes temps sont dans ta main, Seigneur » (Psaume 31, 16).
Savoir attendre… Être là, simplement, gratuitement. Se mettre à genoux pour reconnaître – même avec le corps – que Dieu agit tout autrement que nous l’imaginions. Ouvrir les mains, en signe d’accueil. La réponse de Dieu nous surprendra toujours. En nous préparant à Noël, l’Avent nous prépare à l’accueillir.
Même si nous n’arrivons pas toujours à exprimer notre désir intérieur par des paroles, faire silence est déjà l’expression d’une ouverture à Dieu. Pendant cette période de l’Avent, nous nous rappelons que Dieu lui-même est venu, à Bethléem, dans un grand silence.
Le vitrail de l’Annonciation, qui se trouve dans l’église de Taizé, fait voir la Vierge Marie toute recueillie et disponible, elle se tient en silence dans l’attente que se réalise la promesse de l’ange de Dieu.
Comme la longue histoire qui a précédé le Christ a été le prélude à sa venue sur la terre, de même l’Avent permet pour nous chaque année une ouverture progressive à la présence du Christ en nous. Jésus discerne notre attente comme il a discerné un jour celle de Zachée. Et comme à lui, il nous dit: «Il me faut aujourd’hui demeurer chez toi » (Luc 19, 5). Laissons naître en nous la joie de Zachée. Alors nos cœurs comme le sien s’ouvriront aux autres. Lui décide de donner la moitié de ses biens aux pauvres. Nous, aujourd’hui, nous savons qu’une grande part de l’humanité a soif d’un minimum de bien-être matériel, de justice, de paix. Pendant le temps de l’Avent, y a-t-il des solidarités que nous pouvons assumer dans notre vie ?
Les textes qui sont lus dans la liturgie pendant l’Avent expriment comme un rêve de paix universelle : « grande paix jusqu’à la fin des lunes» (Psaume 72, 7), «une paix sans fin» (Isaïe 9, 6), une terre où «le loup habite avec l’agneau » et où il n’y a plus de violence (Isaïe 11, 1-9).
Ce sont des textes poétiques, mais ils réveillent en nous une ardeur. Et nous voyons que «la paix sur la terre» peut germer dans des réconciliations qui s’accomplissent, dans la confiance que les uns retrouvent avec les autres. La confiance est comme un petit grain de moutarde qui va croître et, peu à peu, devenir le grand arbre du règne de Dieu où s’étend une «paix sans fin» . La confiance sur la terre est un humble début de la paix.
Parfois nous voudrions tout, tout de suite, sans voir la valeur du temps du mûrissement !
La Croix Jeudi 27 novembre 2008
08:00 Publié dans Réflexions spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0)
05/12/2008
L'espérance

La foi que j'aime le mieux, dit Dieu, c'est l'espérance. La foi, ça ne m'étonne pas, ce n'est pas étonnant. J'éclate tellement dans ma création.
Mais l'espérance, dit Dieu, voilà ce qui m'étonne. ça c'est étonnant, que ces pauvres enfants voient comment tout ça se passe et qu'ils croient que demain ça ira mieux, qu'ils voient comment ça se passe aujourd'hui et qu'ils croient que ça ira mieux demain matin. ça c'est étonnant et c'est bien la grande merveille de notre grâce.
Et j'en suis étonné moi-même. Il faut, en effet, que ma grâce soit d'une force incroyable, et qu'elle coule d'une source et comme un fleuve inépuisable. La petiteespérance s'avance entre ses deux grandes soeurs, et on ne prend seulement pas garde à elle.
Sur le chemin du salut, sur la route interminanble; sur la route entre ses deux soeurs, la petite espérance s'avance. C'est elle, cette petite, qui entraîne tout. Car la foi ne voit que ce qui est, et elle, elle voit ce qui sera. La charité n'aime que ce qui est, et elle, elle voit ce qui sera. La foi voit ce qui est dans le temps et l'éternité. L'espérance voit ce qui sera dans le temps et l'éternité. Pour ainsi dire dans le futur de l'éternité même.
Charles Péguy
08:00 Publié dans Poèmes, Réflexions spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0)