Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/03/2006

La mission

Dans un roman de Dickens, on trouve l’anecdote suivante : Mister Picwick, qui a loué une place dans une diligence, s’étonne pendant le voyage d’un phénomène étrange qu’il n’arrive pas à expliquer. Alors, il demande des explications au cocher :

-          S’il te plaît, brave homme, comment est-il possible qu’un cheval si squelettique et fragile puisse traîner une voiture si grande d’une manière si facile ?

Le cocher, avec un sourire malicieux et un air mystérieux, lui répond : ce n’est pas l’affaire du cheval, mais de la voiture.

-          Comment dites-vous ?

-         Regardez ce qui se passe : nous avons une paire de roues formidables. Elles ont été graissées, si bien qu’à peine le cheval tire-t-il sur le harnais que les roues se mettent immédiatement en marche…et le pauvre animal n’a pas autre chose à faire que de commencer à trotter s’il ne veut pas être écrasé.

 

Petite interprétation:

 

La voiture, c’est la mission. Ses deux roues sont :la mission ad gentes et la contemplation. Le cheval, c’est Église ; la charge, c’est le monde, l’histoire. Les voyageurs : toutes les cultures. Le cocher, je pense, c’est l’Esprit Saint.

Est-ce le cheval qui trotte, poussé par le poids de la charge, ou est-ce l’essieu de la voiture et ses roues graissées qui entraînent la charge ?

Il faut choisir : si c’était la charge qui entraînait le mouvement, alors l’Église perdrait sa fidélité et serait mue seulement par la peur d’être écrasée. Si ce sont les essieux et les roues qui donnent l’élan, alors l’Église est en accord avec Dieu et elle prend l’initiative sous la conduite de l’Esprit Saint.

25/03/2006

Je vous salue Marie

Aujourd'hui c'est la fête de l'Annonciation, voici un poème de Francis Jammes qui allie Annonciation et Passion. Il parle aussi des simples choses humaines. C'est la foi du poète. Nous connaissons surtout ce beau poème par Georges Brassens qui l'a été mis partiellement en musique.

 

Par l'arc-en-ciel sur l'averse de roses blanches
Par le jeune frisson qui court de branche en branche
Et qui a fait fleurir la tige de Jessé;
Par les Annonciations riant dans les rosées
Et par les cils baissés des graves fiancées
Je vous salue Marie...

Par l'exaltation de votre humilité
Et par la joie du coeur des humbles visités
Par le Magnificat qu'entonnent mille nids
Par le lys de vos bras joints vers le Saint-Esprit
Et par Elisabeth, treille où frémit un fruit
Je vous salue Marie...

Par l'âne et le boeuf, par l'ombre et par la paille,
Par la pauvresse à qui l'on dit qu'elle s'en aille,
Par les nativités qui n'eurent sur leurs tombes
Que les bouquets de givre aux plumes de colombes
Par la vertu qui lutte et celle qui succombe
Je vous salue Marie...

Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
Tandis que des enfants s'amusent au parterre
Et par l'oiseau blessé qui ne sait pas comment
Son aile tout à coup s'ensanglante et descend
Par la soif et la faim et le délire ardent
Je vous salue Marie...

Par les gosses battus, par l'ivrogne qui rentre
Par l'âne qui reçoit des coups de pied au ventre
Et par l'humiliation de l'innocent châtié
Par la vierge vendue qu'on a déshabillée
Par le fils dont la mère a été insultée
Je vous salue Marie...

Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids,
S'écrie " Mon Dieu ! ", par le malheureux dont les bras
Ne purent s'appuyer sur une amour humaine
Comme la croix du Fils sur Simon de Cyrène
Par le cheval tombé sous le chariot qu'il traîne
Je vous salue Marie...

Par les quatre horizons qui crucifient le Monde,
Par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe
Par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains,
Par le malade que l'on opère et qui geint
Et par le juste mis au rang des assassins
Je vous salue Marie...

Par la mère apprenant que son fils est guéri
Par l'oiseau rappelant l'oiseau tombé du nid
Par l'herbe qui a soif et recueille l'ondée
Par le baiser perdu, par l'amour redonné
Et par le mendiant retrouvant sa monnaie
Je vous salue Marie...

Francis Jammes

24/03/2006

Le Christ au palais de l'ONU

Poussé par la foule lasse et excédée, le Christ arriva au palais de l'ONU.Il avait le visage blême du chômeur, le pas incertain du réfugié, les épaules voûtées du mineur, l'oeil triste du Palestinien,les mains inertes du Sibérien,le coeur avide d'un jeune.

Il n'était recommandé par personne. Les larmes des humbles seules le faisaient avancer. La justice pour les faibles était sa seule force. Il frappa à la porte,mais, pour lui, c'était le "veto". Les hommes n'étaient pas libres. Au seuil du monde civilisé, il trouva la barbarie.

Il lut les Droits de l'homme et fut saisi de compassion.

L'homme a le droit à la vie, mais un enfant assassiné lui dit que ce n'était par vrai.

L'homme a droit à l'instruction, mais un Indien lui dit que c'était pure plaisanterie.

L'homme a droit au travail, mais un Africain du Sud lui dit que depuis vingt cinq ans c'est le contraire qui est vrai.

L'homme a droit à la paix, mais une veuve de guerre lui dit que personne ne pensait à elle.

L'homme a droit à la famille, mais un enfant d'orphelinat lui demanda ce que signifiait ces mots.

L'homme a droit à la liberté, mais un Argentin se mit à pleurer.

Et le Christ redescendit les marches du palais de verre.

Quand la foule lui demanda le résultat de sa visite, le Christ étendit les bras : il était alors crucifié, comme le Vendredi Saint.

Alors la foule se dispersa. Il pleuvait. Et le Christ demeura sous la pluie comme tant d'autres. Personne ne s'arrêta. Personne ne l'invita à monter en voiture. 

D’après Pier Luigi Torresin, « Christo ancore un croce »

22/03/2006

Journée de l'eau

Aujourd'hui 22 mars, c'est la journée mondiale de l'eau. Thème: l'eau et la culture.

10:15 Publié dans Cris | Lien permanent | Commentaires (0)

Adieu

Samedi dernier, à la télévision, j'ai découvert cette toute nouvelle chanson de Patrick Bruel qui pose la question de Dieu face à la violence des attentats.

On ne peut pas ne pas y être sensible.

 

 

 

 

 

Elle vient de partir de chez elle
Un croissant, un éclat de rire
Son mari lui dit qu’elle est belle
Mais dans une heure elle va mourir
Elle n’a pas choisi son destin
Juste là au mauvais moment
Puisqu’il fallait prendre ce train
Et Madrid pleure ses enfants

Adieu
Nous sommes tous dans le noir
Si tu n’existes pas
Au moins fait le savoir
Adieu
Je n’ai plus de questions
Mes yeux sont abîmés
Mon coeur perd la raison

Sa femme attend une deuxième fille
Elle jure qu’elle n’en aura pas plus
Il touche son ventre, les yeux qui brillent
Pourquoi juste à cet arrêt de bus ?
Pourquoi ce type est si couvert ?
Il fait si chaud à Netanya
Le sang se mélange à la terre
Et le monde reste sans voix

Adieu
Nous sommes tous dans le noir
Si tu n’existes plus
Au moins fait le savoir
Adieu
Je n’entends plus l’Histoire
Mes yeux sont fatigués
Mon coeur perd la mémoire

9h16, il est en retard
Comme à peu de chose près tous les jours
Mais aujourd’hui il est trop tard
Il ne montera pas dans la tour
Il voit des cris courir vers lui
Il croise des yeux qui hurlent de peur
Pourquoi ces larmes, pourquoi pas lui ?
Et cette poussière à vie dans le coeur

Adieu
Nous sommes tous dans le noir
Si tu n’existes pas
Au moins fait le savoir
Adieu
Il y a tant de questions
Mes yeux sont épuisés
Mon coeur perd la raison

Adieu
Nous sommes tous dans le noir
Si tu n’existes plus
Au moins fait le savoir
Adieu
Il se réclament de toi
Dis-leur que ce n’est pas toi
Qui a voulu tout ça

 

Paroles et Musique:Patrick Bruel

08:00 Publié dans Cris, Musiques | Lien permanent | Commentaires (2)

21/03/2006

Lily

C'est aujourd'hui la journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale. Voir site de l'UNESCO.

Lily (chanson de Pierre Perret - 1977)

On la trouvait plutôt jolie, Lily
Elle arrivait des Somalies Lily
Dans un bateau plein d'émigrés
Qui venaient tous de leur plein gré
Vider les poubelles à Paris
Elle croyait qu'on était égaux Lily
Au pays de Voltaire et d'Hugo Lily
Mais pour Debussy en revanche
Il faut deux noires pour une blanche
Ça fait un sacré distinguo
Elle aimait tant la liberté Lily
Elle rêvait de fraternité Lily
Un hôtelier rue Secrétan
Lui a précisé en arrivant
Qu'on ne recevait que des Blancs

Elle a déchargé des cageots Lily
Elle s'est tapé les sales boulots Lily
Elle crie pour vendre des choux-fleurs
Dans la rue ses frères de couleur
L'accompagnent au marteau-piqueur
Et quand on l'appelait Blanche-Neige Lily
Elle se laissait plus prendre au piège Lily
Elle trouvait ça très amusant
Même s'il fallait serrer les dents
Ils auraient été trop contents
Elle aima un beau blond frisé Lily
Qui était tout prêt à l'épouser Lily
Mais la belle-famille lui dit nous
Ne sommes pas racistes pour deux sous
Mais on veut pas de ça chez nous

Elle a essayé l'Amérique Lily
Ce grand pays démocratique Lily
Elle aurait pas cru sans le voir
Que la couleur du désespoir
Là-bas aussi ce fût le noir
Mais dans un meeting à Memphis Lily
Elle a vu Angela Davis Lily
Qui lui dit viens ma petite sœur
En s'unissant on a moins peur
Des loups qui guettent le trappeur
Et c'est pour conjurer sa peur Lily
Qu'elle lève aussi un poing rageur Lily
Au milieu de tous ces gugus
Qui foutent le feu aux autobus
Interdits aux gens de couleur

Mais dans ton combat quotidien Lily
Tu connaîtras un type bien Lily
Et l'enfant qui naîtra un jour
Aura la couleur de l'amour
Contre laquelle on ne peut rien
On la trouvait plutôt jolie, Lily
Elle arrivait des Somalies Lily
Dans un bateau plein d'émigrés
Qui venaient tous de leur plein gré
Vider les poubelles à Paris.

***

C'était en 1977... et aujourd'hui?