Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/01/2008

Jean Cussat-blanc

Jean Cussat-Blanc est décédé à la suite d'un infarctus le 31 décembre 2007 à l'âge de 94 ans.

Voici la biographie que faisait de lui Anne Sophie Migné (originaire de La Roche sur Yon) dans son mémoire "Résurrection  1941-1992".

Jean Cussat-Blanc est né en 1913 à Guéret (Creuse), d'un père instituteur libre, organiste et compositeur, et d'une mère catholique et traditionaliste. Il passe son enfance à Riom (Puy de Dôme) auprès d'une grand-mère qu'il vénérera.

En 1925 (son père étant depuis 1924 directeur de l'école libre de Monfort-du-Gers), il entre au Collège Salinis puis au petit séminaire d'Auch, qui lui est jumelé. En 1930 il passe au grand séminaire, qu'il quitte pour un an d'études de Mathématiques Générales à l'Institut Catholique de Toulouse. Ordonné prêtre en 1938, il est nommé professeur au Collège Saint-Taurin d'Eauze. L'expérience de la communauté, et de la vie sacerdotale telles qu'il les découvre, et des relations conflictuelles avec son archevêque, - qui lui dénie le droit d'écrire dans la presse et les revues, et d'éditer - , lui donnent à comprendre qu'il a commis une erreur en entrant dans le clergé. En 1939, il est mobilisé en Tunisie et va rejoindre avec son régiment les zouaves du Camps Servière en tant qu'infirmier-aumônier. C'est en 1941, après avoir repris son poste de professeur au collège de Saint Taurin, mais aussi ses relations à l'Institut catholique de Toulouse, qu'il décide de fonder une revue de poésie qu'il nomme Résurrection dans une double perspective, de foi en une poésie d'un art chrétien et de confrontation à la guerre. La réprobation de l'archevêque d'Auch demeure et s'étend bientôt aux activités de résistance de Jean Cussat- Blanc. La rencontre d'Odile Lacave le déterminera à demander sa réduction à l'état laïc, que grâce à, des amis religieux et à l'évêque des Forces armées d'occupation, il obtiendra.
L'expérience poétique de Jean Cussat-Blanc est antérieure à ces événements ; en effet celui-ci avait déjà édité deux petits recueils, Jeune Offrande (1938) et Démences (1940), et collaboré à diverses revues sous le pseudonyme de Jean de Samblac, alliant cette particule de noblesse au projet d'une chevalerie de poésie. C'est ainsi qu'il participe notamment aux Cahiers de Corymbe dirigés par Mme D'Hue Dressler, à l'Effort Clartéiste d'Albert de Teneuille, à Mâtines qui regroupe des "témoignages catholiques de poésie et d'art" et fut fondée en 1936 par le Père François Ducaud-Bourget. Ces trois revues sont de facture traditionaliste. Il publie également quelques articles dans La Croix. » Résurrection
La revue Résurrection naît en 1941 d'un refus d'abdiquer devant les tourmentes de l'histoire. Revue à teneur spirituelle, elle ne s'en tient pas à cette seule dimension et se donne pour but de découvrir de nouveaux talents d'écriture et de "témoigner de l'homme, de sa valeur, de sa dignité individuelle et collective". Elle dénonce dans la France occupée de 1943, sur la couverture d'Attentes de l'Homme, la déportation et l'élimination des juifs. Après D'une prison, son directeur Jean Cussat-Blanc, recherché, échappe à la milice, rejoint le maquis d'Armagnac puis s'engage dans l'Armée de Libération. Entre 1941 et 1945, Résurrection publie 26 cahiers et divers recueils. On y trouve les noms de Françoise d'Eaubonne, Alain Borne, Luc Estang, Lanza del Vasto, Loys Masson, le Père de Lubac. Collaborations aussi de René Guy Cadou, René Nelli
La revue entre en sommeil après la guerre et n'est publiée que de façon épisodique mais renaît en 1977 sous l'impulsion de son fondateur. Le journal Le Monde la salue en ces termes : "Le modèle de la petite revue". Elle affirme avec force sa culture humaniste sans rien renier de la foi chrétienne qui a présidé à sa fondation. Fidèle à l'idéal de ses débuts, elle s'ouvre aux jeunes talents, soucieuse d'une poésie au service de l'homme et du devenir de l'homme. Cet engagement militant, libre de tout intérêt et de toute idéologie a permis l'expression d'une palette d'auteurs, pour une bonne part des jeunes générations, qui ont trouvé auprès de Jean Cussat-Blanc un accueil enthousiaste et généreux. Si l'homme avait des convictions affirmées, il est resté ouvert à tous les horizons de la poésie jusqu'à imaginer la plus belle des utopies, l'"Union mondiale des poètes", sans trouver beaucoup d'échos à son projet. La plus belle de ses rencontres se fera dans les années 1970 avec Thierry Metz qui n'avait pas publié avant de rencontrer Jean Cussat-Blanc. Il sera le premier à l'encourager à poursuivre son œuvre, à lui permettre d'être reconnu par ses pairs et le monde de l'édition.

À ce jour Résu, sans cesse enrichie de nouvelles voix, a publié plus de 119 numéros (4 numéros par an) et plus de 250 poètes de tendances diverses.
Elle a fait l'objet en 1992 d'une recherche universitaire de Anne Sophie Migné, Résurrection 1941-1992.
La disparition de son fondateur signifie-t-elle sa disparition ? On peut souhaiter qu'elle lui survive, poursuivant l'œuvre d'humaniste et de découvreur qui fut la sienne avec une foi déterminée.

Plusieurs de mes poèmes ont été publiés dans cette revue à laquelle j'étais abonné depuis une vingtaine d'années.

Bibliographie :
Jeune offrande (Cahiers du Touvère, 1938)
Démences (Feuillets de l'Ilôt, 1940)
Offert à Dieu (Didier, 1946)
La vie de Marie de Rainer Maria Rilke (Traduction, préface et notes - Typographie Boin, 1949)
Amours, recueil anonyme (L'amitié par le livre, 1955)
Offert aux hommes (L'amitié par le livre, 1963)
Avec les jours avec les hommes (Oswald, 1974)
Noël de la faim (Résurrection, 1979)
Ode aux Rosenberg (Résurrection)
Sur notre soir paisible (Résurrection, 1982)
Aux Christ de Rib (Atelier du 4ème jour, 1988)
Langage (Résurrection, 1989)
Symphonies (Résurrection, 1991)
Prométhée libéré (Résurrection, 1991)
Si vous saviez aimer. La fable de l'Enfant-Roi et de l'Enfant-Poète (Librairie bleue, 1992)
Vasque ou le poème d'un simple amour (La Bartavelle, 1995)
Instants d'ici et de l'ailleurs (La Bartavelle, 1999)

07/01/2008

Que le jour se lève...

e9adbd5f96a60e309ddaab79c3483460.jpgAmi

Il n’y a rien de ce que je pourrais vous offrir que vous ne possédiez déjà. Mais il y a beaucoup de choses que je ne puis donner et que vous pouvez prendre.

Le ciel ne peut descendre jusqu’à nous, à moins que notre cœur n’y trouve aujourd’hui même son repos. Prenez donc le ciel.

Il n’existe pas de Paix dans l’avenir qui ne soit cachée dans le court instant présent. Prenez donc la Paix.

L’obscurité du ciel n’est qu’une ombre. Derrière elle, et cependant à notre portée, se trouve la joie.

Il y a dans cette obscurité une splendeur et une joie ineffables si nous pouvions seulement les voir.

Et pour voir, vous n’avez qu’à regarder.

La vie est généreuse, donatrice. Mais nous, qui jugeons ses dons d’après l’apparence extérieure, nous les rejetons, les trouvant laids ou pesants ou durs. Enlevons cette enveloppe et nous trouverons au-dessous d’elle une vivante splendeur tissée d’amour par la Sagesse, avec d’abondants pouvoirs. Accueillez-la, saisissez-la et vous toucherez la main de l’ange qui vous l’apporte.

En chaque chose que nous appelons une épreuve, un chagrin ou un devoir, se trouve, croyez-moi, la main de l’Ange, le Don est là, ainsi que la merveille d’une Présence ad ombrante.

De même pour nos joies : ne vous en contentez pas en tant que joies. Elles aussi cachent des dons divins.

La vie est tellement emplie de sens et de propos, tellement pleine de beautés au-dessous de son enveloppe, que, vous vous apercevrez que la Terre ne fait que recouvrir votre Ciel. Courage et vous savez que nous sommes ensemble des pèlerins qui, à travers des pays inconnus, se dirigent vers leur patrie.

Ainsi, en ce jour de Noël, je vous salue, non pas exactement à la manière dont le monde envoie ses salutations, mais avec la prière : que pour vous, maintenant et à jamais, le jour se lève et les ombres s’enfuient.

Fra Angelico, peintre et moine (1387-1455)

06/01/2008

Epiphanie

 

0153425f770086e7655a2ac6413e5991.jpgUn jour, je lisais dans un recueil de poèmes une petite phrase qui était en exergue : « La question suffit ».

Oui dans la vie il y a des certitudes, mais il y en a peu. Et ce sont surtout les questions qui nous font avancer.

N’était-ce pas l’histoire des mages ?

Les mages se posent des questions : « Où est le roi des juifs ? » C’est comme si tout-à-coup ce roi n’était plus ce qu’il devait être !

Normalement un roi ce n'est pas dans un palais. Normalement le palais du roi c’est dans la capitale du royaume…

Les mages n’ont plus cette certitude-là. « Où est le roi des juifs ? »  Mettons-nous à leur place. Qu’est-ce qu’on ferait ? qu’est-ce qu’on dirait ? qu’est-ce qu’on chercherait et avec quels moyens ?

Le roi n’est plus à Jérusalem, mais à Bethléem ; le roi n’est plus dans un palais, mais dans une étable ; le roi n’est plus un personnage puissant, mais un enfant.

Ce roi, c’est Dieu venu chez nous, l’Emmanuel, Dieu sorti de chez lui, de ses habitudes, Dieu ailleurs où il devrait être. Etonnant non ?

Les mages se sont donc posés des questions… et la réponse qu’ils ont trouvée sous leurs yeux a suscité de nombreuses autres questions.

Hérode, au contraire, ne s’en est pas posé, son entourage non plus. Pas la peine, ils ont déjà des réponses toutes faites. Ils ont des livres qui disent tout. Ils savent tout et ils savent qu’ils savent tout ! Et ils récitent leurs réponses avec détachement, mais cela ne les concerne pas trop, sauf bien sûr si ça dérange leurs habitudes, leurs manières de voir et leur pouvoir.

Aujourd’hui encore, il y a des gens, et nous en faisons peut-être partie à certains moments, qui savent tout sur Dieu parce qu’ils ont lu dans les livres des réponses qui les ont satisfait un moment., mais ils ne se sont pas engagés, ils ne se sont pas mis en route, ils ne sont pas venus à sa rencontre, ils ne se sont pas senti touchés par ce Dieu qui leur parlait.

Les mages, si. Ils sont venus à sa rencontre parce que leurs questions les ont mis en route. Ils ont eu soif de savoir, de connaître, de rencontrer, de voir, de s’émerveiller. Ils ont vu l’étoile et c’est en voyant l’étoile qu’ils se mettent en chemin.

Hérode, lui, n’a pas daigné bouger, ni se bouger ; il n’a pas même pas eu envie d’aller voir, de faire le déplacement. Bethléem c’est à 10kms de Jérusalem, c’était pourtant faisable.  

Les mages, après avoir vu l’enfant de la crèche, viennent nous voir aujourd’hui. Ils viennent nous annoncer qu’il ne faut pas s’inquiéter, qu’il ne faut pas désespérer…

Ils nous disent que la foi n’est pas un savoir, mais qu’elle est un cœur qui s’ouvre comme des yeux pour voir, des yeux pour s’émerveiller, pour s’étonner, pour s’étonner de l’amour qu’un petit enfant qui est Dieu est capable de donner, et c’est l’amour de ce petit enfant devenu grand qui a sauvé le monde.

La présence des mages à la crèche nous dit que c’est l’humanité tout entière qui est aimée et sauvée, et non pas seulement quelques uns qui seraient privilégiés.

Je crois qu’on n’aura jamais fini de s’étonner devant cette bonté, ce cadeau du Seigneur qui vaut bien tous nos cadeaux réunis. Et c’est bien normal qu’on se pose des questions, comme les enfants qui sont curieux, jamais satisfaits des réponses, car il est vrai que les réponses sont toujours provisoires…

On n’aura jamais fini de comprendre ce mystère qui doit être d’abord pour nous une fête.

Et nous, quel signe va nous mettre en route ?

Alors comme les mages, avec eux, repartons partager nos questions et nos découvertes avec tous ceux qui cherchent un sens à leur vie, avec tous ceux qui sont curieux de Dieu, avec tous ceux qui se sont mis en route… allons marcher avec eux et cherchons dans nos vies les signes (les étoiles) qui nous indiqueront le bon chemin, celui qui nous mènera à ce Dieu qui finalement n’est pas si loin de nous.

TP

05/01/2008

Air pur

8a50a4629394a60b80552f8f9962dad8.jpgEnfin, on va pouvoir respirer partout de manière convenable! Trouver le goût de la nourriture dans les restaurants, ne plus rentrer chez soi sans mettre aussitôt ses vêtements dans la machine à laver, ne plus demander à la personne qui fume si ça la gêne que je ne fume pas...

03/01/2008

Leçon d'espérance

Ci-dessous, un billet de Marianne Seckel dans Le Protestant de l'Ouest de Janvier 2008 à propos de la lettre d'Ingrid Betancourt.

e5dd977c7da99deed96d70249288bc96.jpgUne lettre nous est arrivée !

Une lettre adressée non pas d’abord à chacun de nous, mais la lettre d’une fille à sa mère.

Une lettre écrite du fond de l’abîme d’une terrible détention s’étirant depuis plus de cinq ans.

Une lettre qui vient comme du néant, de l’ »envie de rien » qui laisse au moins « libre de désirs ».

 

La première émotion passée, je suis saisie par la densité de ce qui est dit là, par ce qui subsiste en effet de désir et de vie. Je suis saisie par la force qui permet à celle qui écrit de maintenir, par la pensée, une relation avec ceux qu’elle aime, chacun considéré pour lui-même : sa mère à qui elle s’adresse en premier, son père dont elle évoque le souvenir, chacun de ses enfants dont elle suit et encourage les parcours singuliers, sa sœur, ses neveux, les hommes qui ont partagé sa vie.

 

Vous l’avez compris, comme vous, j’ai reçu la lettre d’Ingrid Betancourt, cette lettre que sa famille a choisi de nous offrir, à vous, à moi. Certes, c’est une invitation à nous mobiliser encore pour la libération d’Ingrid Betancourt et tant d’autres qui subissent de tels supplices. Mais à côté et en plus de cet appel à la libération dans le respect des « Droits de l’Homme », j’entends et je reçois un poignant et essentiel message de vie, une parole qui a franchi forêts, océans et combien d’autres terribles obstacles pour nous rejoindre.

 

Dans un environnement social trop souvent enclin à se fier à la toute-puissance de moyens et capacités humaines, je lis qu’en la désolation de cette jungle colombienne, en ce lieu-frontière entre vie et mort, sur le fil ténu de l’espérance, Dieu est nommé, en amont comme Celui qu’il convient de remercier pour les enfants donnés, famille dont la pensée rythme la monotonie d’une détention à l’échéance inconnue. Dieu au présent, sollicité comme aide et comme guide. Fieu, pour l’avenir inconnu. Un Dieu mêlé à notre Histoire aujourd’hui comme au temps dont témoignent les écrits de la Bible dont Ingrid Betancourt écrit qu’en son maigre paquetage elle est son « unique luxe ».

 

Reconnaissants pour ce message d’espérance qui nous vient des confins de la mort, ne sommes-nous pas conviés, quelles que soient nos situations, à « déborder d’espérance », à en témoigner en actes et en paroles ?

02/01/2008

julien Gracq

701b611cd1d652a8e8a52e92998f0a2b.jpgJulien Gracq nous a quittés le 22 décembre dernier.

Normalien agrégé d’histoire, Julien Gracq, de son vrai nom Louis Poirier, a été enseignant en lycée à Nantes, puis à Paris. Son premier roman, Au château d’Argol (1938), très marqué par le romantisme allemand et le surréalisme, reçoit le soutien d’André Breton.
Déployant des paysages oniriques, ses romans s’intéressent aux situations de tension, d’attente informulée, qui laissent place à la rêverie et au surgissement du mythe :
Un balcon en forêt se déroule dans les Ardennes, pendant la Drôle de Guerre, et  Le Rivage des Syrtes (1951), dans lequel deux pays se font face en attendant le conflit, a souvent été rapproché du Désert des Tartares de Dino Buzzati.
Critique littéraire reconnu, Julien Gracq, à la vie discrète et retirée, est l’auteur d’un pamphlet sur le milieu littéraire,
La Littérature à l'estomac (1950).
Il refuse le prix Goncourt pour
Le Rivage des Syrtes en 1951, et, fidèle à son éditeur José Corti, refuse également la publication de ses livres en édition de poche. Il est le seul auteur vivant à être publié en édition de la Pléiade.

Il est mort le samedi 22 décembre 2007 à Angers, suite à un malaise. Il vivait toujours dans son village natal de Saint-Florent-le-Vieil, dans le Maine-et-Loire. Julien Gracq avait 97 ans.

Pour rendre hommage à ce grand écrivain, je vous renvoie sur quelques sites:

Editeur José Corti

Remue-net

TP

18:00 Publié dans Hommage | Lien permanent | Commentaires (0)