18/03/2015
Poésie
Vous faites des vers, des rimes ? Vous êtes passéistes ! Il y a aujourd’hui une modernité qui casse tout. Chanter bien, ça fait affecté. Mais la poésie proférée publiquement, c’est pourtant un besoin naturel. Regardez, il y a du rap. Et, encore plus, le slam ! Et ça consiste en quoi ? C’est de la poésie orale ! La prochaine fois, ils vont inventer la chanson !
Car chanter, c’est dire son acceptation du monde. Oui, la beauté, c’est naturel. Un geste d’optimisme, de foi en la vie.
Jacques Bertin Ouest-France 18 mars 2015
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05/03/2015
Je veux écrire
Je veux écrire pour la beauté du regard, pour la pureté du langage. Je veux écrire pour essayer de rejoindre le vieil horizon, si net, pareil à un fil, et le ciel clair au-dessus de la mer. Je veux écrire pour être près des nuages blancs dans le ciel sombre, près de la lumière serrée du soleil, près des cimes des montagnes, là où seuls vont les éperviers. Je veux essayer d’être immédiatement là où mon regard se termine, là où il s’agrandit et reçoit sa joie. Je veux écrire pour être du côté des animaux, des enfants, du côté de ceux qui voient le monde tel qu’il est, qui connaissent toute sa beauté. Pour essayer de trouver une parcelle de cette vertu qui ne m’a pas été donnée à la naissance, mais qu’un visage de femme, ou d’enfant, au hasard de la foule un jour m’a montrée, comme le reflet d’une lueur étrangère aussi belle que le jour. Je veux écrire pour que cette clarté dure encore quelques instants, pour que le monde réel, vivace, reste encore quelques secondes dans la musique des mots. (…)
Je veux écrire pour une autre parole, qui ne maudisse pas, qui n’exècre pas, qui ne vicie pas, qui ne propage pas de maladie. Quand le monde, à l’aube, est tendu, transparent et pur comme une gemme, air clair, mer bleue, rochers étincelants, ciel immense, horizon où les vagues sont visibles ; quand le monde, à midi, est parcouru de terrible victorieuse lumière, et que les arbres sont incendiés, et que l’asphalte mou reçoit les marques de pneu des voitures ; quand le monde glisse dans le crépuscule du soir lentement, s’apaise parmi ombres et fumées ; quand le monde est dans la nuit noire, froide et dense, et que rutilent les milliers d’étoiles, quelquefois, une seule lune… Comment alors peut-on désirer autre chose, comment peut-on dire autre chose ? Pourquoi l’homme a-t-il trahi le monde ?
J.M.G Le Clezio, in « Inconnu sur la terre »
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28/01/2015
Pensée
Un beau matin est une promesse,
un beau soir une bénédiction.
A. Barratin
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10/09/2014
Suscitateur
Je m’aperçois d’une chose : au fond ce que j’aime, ce qui me touche, c’est la beauté non reconnue, c’est la faiblesse d’arguments, c’est la modestie.
Ceux qui n’ont pas la parole, c’est à ceux-là que je veux la donner.
Voilà où ma position politique et ma position esthétique se rejoignent.
Rabaisser les puissants m’intéresse moins que glorifier les humbles.
Les humbles : le galet, l’ouvrier, la crevette, le tronc d’arbre et tout le monde inanimé, tout ce qui ne parle pas…
Je suis un suscitateur."
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01/07/2014
Pensées
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10/06/2014
Blaise Pascal, la nuit de l'extase
Entre une chasse à courre et un pèlerinage sur les lieux hantés par l’écrivain, Xavier Patier s’est mis sur la voie, s’évertuant à débusquer ce qui a pu se passer durant les deux heures décisives, entre 22 h 30 et minuit et demi, ce fameux samedi du 23 novembre 1654 qui a fait du savant et du mondain menant dix projets à la fois, prodiguant son génie à travers découvertes et publications scientifiques, un homme nouveau, soumis totalement au Christ et « éternellement en joie pour un jour d’exercice sur la terre ». Avec un vrai don d’empathie, Patier a relevé le défi de se mettre dans la peau et l’âme de Pascal, avant et après l’extase de 1654, où le géomètre sûr de lui, inquisiteur et péremptoire s’ouvre non pas au dieu des philosophes et des savants mais à celui des humbles, des purs et des candides. Réfutant l’explication simpliste de l’accident de circulation qui, huit jours avant “la nuit de l’extase”, faillit lui coûter la vie et aurait précipité le miraculé dans une crise psychologique et mystique, il démêle, avec l’intelligence du coeur, les tours et les détours par lesquels Pascal fait un hourvari, dans la joie et la réconciliation avec lui-même, vers la foi des premiers convertis.
Bien des auteurs se sont penchés sur Pascal et sa conversion, et non des moindres, comme Mauriac et Claudel. Sur un sujet battu et rebattu, Xavier Patier, pourtant, fait oeuvre inédite. Car ce n’est pas en historien ni en théologien qu’il se livre à une pénétrante, éblouissante exégèse d’une des plus célèbres conversions de l’Histoire, mais en compagnon spirituel, en chasseur d’absolu, taraudé par les mêmes interrogations qui tourmentèrent l’auteur des Pensées, et n’hésitant pas à dresser un parallèle entre notre molle époque relativiste et celle des guerriers de la foi que furent les jansénistes, ces mal-aimés de notre histoire dont il se plaît à honorer la grandeur. À travers ce pèlerinage spirituel, confie-t-il, lui qui avait connu la tentation de l’exil intérieur a fait la paix avec son temps :« J’ai décidé d’aimer mon époque parce que Blaise Pascal a aimé la sienne. Je l’aime aussi par élan, car elle est infinie […]. » De sa billebaude dans les forêts du passé, c’est un Pascal contemporain et vivant qu’il ressuscite avec éloquence et bonheur, et qu’il nous propose en éternel maître de vie. (B. de Cessole) Source
Blaise Pascal, la nuit de l’extase, de Xavier Patier, Cerf, 180 pages, 17 €.
Je viens de finir la lecture de ce livre plaisant comme tous les livres de Xavier Patier, toujours facile à lire et toujours enrichissant. Ici, comme le commentaire ci-dessus le dit si bien, ça fait du bien de tremper dans une autre époque et d'être en compagnie de Pascal pour découvrir qu'aujourd'hui nous vivons le plus souvent à la surface des choses, sans âme, sans aucune profondeur. Malraux disait que le XXIème siècle serait spirituel; déjà presque quinze ans qu'il est commencé et je trouve que ça tarde. Il est sûr que le spirituel ne sera pas dans les garde-robes ecclésiastiques et les sacristies poussiéreuses, mais dans un idéal, un horizon et une colonne vertébrale que l'homme saura recevoir pour sortir de lui-même, de sa suffisance de pacotille, de sa fausse générosité. TP
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