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15/08/2022

Jaujac

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Un  dimanche à Jaujac

nous avons dans le sac

le pain et des crudités

le pastis et des idées

de repas d’été partagés

 

A l’église Saint-Bonnet

la Toccata de Widor

a retenti sous les voûtes

pour des vacanciers fidèles

légèrement endimanchés

 

Du haut de la vieille ville

de l’autre côté du Lignon

dans les ruines  du Chastelas

nous voyons monts et vallée

avalés par nos yeux ronds

 

Le volcan n’est plus une menace

mais le soleil a dans sa besace

des rayons de miel

plus coulants et brûlants que la lave

qui a façonné ce bel endroit

 

TP

12/08/2022

Labeaume

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Labeaume en Ardèche

retient son souffle mêlé de sueur

et son arôme moite

 

le soleil nous crache son feu à la figure

 

dans la rue sans voiture

escalier de cailloux qui roulent sous nos pieds

une voûte conserve un peu d'ombre sans fraîcheur

 

une porte bleue

un peu de verdure

 

descendre

les yeux fixés sur ses chaussures

et s'arrêter

pour regarder derrière soi

s'il n'y a pas un peu d'air pur

qui ferait danser les arbres

où s'arment les cigales

en jouant de leurs cymbales

 

TP

09/08/2022

Balazuc

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La rue est un escalier

 

Sous des pas mal assurés

la grimpée fait danser la tête

 

et dans la chaleur intense

d'une matinée de juillet

en Ardèche

 

le ciel est blanc

le souffle court

et la langue sèche

 

Au sommet

le clocher ajouré de Balazuc

appelle la volonté

d'y arriver

 

TP

Souvenir d'Ardèche

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Sous un soleil de miel et de plomb

le Pont du Diable tient bon.

 

Quelques cailloux font la plage

et quelques fous font des plongeons

dans un trou d'eau

béni par sa fraîcheur,

 

sous les yeux des photographes

qui emporteront chez eux

la chaleur de l'Ardèche

et la sueur brûlante

léchant leurs pieds poudreux.

 

TP

01/08/2022

L'étranger

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Tu te crois seul et puis quelqu’un
se tient debout dans l’embrasure de l’aurore.
    Il ne dit rien. Sa main éclose
vers toi se tend, se ram­i­fie à ton approche.
    Qui oserait : si mince est la
paroi de verre entre ce monde et l’autre.
    Mais à ses yeux qui le débordent,
tu sens qu’il voudrait tant se délivrer
    de frater­nelles confidences.
Et com­ment soutenir le poids de ce visage
    cher­chant asile et ressemblance
à tra­vers le miroir de ces mots sans famille :
    “Je suis un homme de passage.”

Gilles Baudry

22:31 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

25/05/2022

Chantier du poème

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L’arrivée du poème est multiple.
La plupart du temps, il progresse comme une vague qui déroule sa turbulence d’images et de mots.
Il s’organise parfois autour d’un mot clef.
Mot-noyau, tombant dru, bousculant le vocabulaire pour se chercher plus loin.
Mais plus encore : soulèvement du dedans; mouvement en quête de ses rythmes, de sa forme-paroles.

Greffes, le mot s’impose.
Cet œil, ce bourgeon inséré dans le vif d’une plante, me parle infiniment.

Greffe qui donne lieu à une vie autre; à un renouveau à partir d’une blessure, d’un manque.

Les analogies affluent, les images se chevauchent.
Je les accepte, je les inscris, en vrac.
Les mots viennent dans une sorte de tohu-bohu, à l’intérieur duquel – plus tard, je le sais -, je découvrirai mon pain, mon eau; et comme une direction.

Rarement le poème m’est donné d’un trait.
En général, il m’arrive comme une matière brute, dans laquelle je fourrage et trouve, peu à peu, une ordonnance, des rapports, des sonorités.

Serrant les écrous, rejetant le plâtre, repoussant les écorces, je tente d’aller au plus près de ce mouvement initial qui fait écrire.
De ce mouvement qui – peut-être, tout simplement – fait vivre, en densité.

Souvent, très souvent, presque malgré moi, je me trouve en face des mêmes thèmes.
Balancement des contraires : obscur-clair, horreurs-beauté, grisaille-souffles, puits-ailes, dedans-dehors, chant et contre-chant.

Pouble-pays, en apparence; mais que la vie brasse, ensemble, inépuisablement.

Les mots, je les souhaite au service d’un sens (dont la raison ne rend jamais tout à fait compte).
Au service d’une signification qui puisse être partagée.
Ou – du moins – d’une question si primordiale, qu’elle pourrait être celle de tous, et de chacun.

Je m’attelle pour cela à un long travail d’éluci-dation; m’efforçant à la transparence des mots, cherchant pour autant à ne pas affadir le troublant mystère de la poésie, de la vie.

J’aime que le mot soit rétif.
Mot sur lequel on bute, et sans lequel le poème ne tiendrait pas.
J’aime le traquer ce mot, partout : dans la vie courante, dans d’autres textes, dans le journal, sur une affiche, dans le métro…
Soudain, il tombe comme un fruit mûr sur un sol en attente; ou se laisse capturer, comme l’oiseau, dans les filets patiemment tendus.

Ce mot que l’on sent juste (qui sonne juste, je lis haut pour l’oreille) fait que l’on peut quitter le poème, en repos.
On s’éloigne, libre; pour renaître, haletant, devant le texte à venir.

Rien de moins abstrait, de moins factice, que cette préoccupation.
Le corps, la circulation sanguine, la respiration s’en ressentent.

La poésie, par moments, nous grefferait-elle à la totalité, à l’ouvert?
A la vraie vie?

 

Andrée Chédid

 
 
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00:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (1)