Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/11/2021

Automne

automne.jpg

L’automne

 

Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !

Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire,
J’aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois !

Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d’attraits,
C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !

Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui,
Je me retourne encore, et d’un regard d’envie
Je contemple ses biens dont je n’ai pas joui !

Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ;
L’air est si parfumé ! la lumière est si pure !
Aux regards d’un mourant le soleil est si beau !

Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel !
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel ?

Peut-être l’avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une âme que j’ignore
Aurait compris mon âme, et m’aurait répondu ? …

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ;
A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ;
Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu’elle expire,
S’exhale comme un son triste et mélodieux.

Alphonse de Lamartine (1790-1869)
Méditations poétiques

00:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

12/10/2021

Un évangile

quenouille.jpg

En ce temps-là, Jésus, seul avec Pierre, errait
Sur la rive du lac, près de Génésareth,
À l’heure où le brûlant soleil de midi plane,
Quand ils virent, devant une pauvre cabane,
La veuve d’un pêcheur, en longs voiles de deuil,
Qui s’était tristement assise sur le seuil,
Retenant dans ses yeux la larme qui les mouille,
Pour bercer son enfant et filer sa quenouille.
Non loin d’elle, cachés par des figuiers touffus,
Le Maître et son ami voyaient sans être vus.

Soudain, un de ces vieux dont le tombeau s’apprête,
Un mendiant, portant un vase sur sa tête,
Vint à passer et dit à celle qui filait:
« Femme, je dois porter ce vase plein de lait
Chez un homme logé dans le prochain village;
Mais tu le vois, je suis faible et brisé par l’âge,
Les maisons sont encore à plus de mille pas,
Et je sens bien que, seul, je n’accomplirai pas
Ce travail, que l’on doit me payer une obole. »

La femme se leva sans dire une parole,
Laissa, sans hésiter, sa quenouille de lin,
Et le berceau d’osier où pleurait l’orphelin,
Prit le vase, et s’en fut avec le misérable.
Et Pierre dit:
« Il faut se montrer secourable,
Maître! mais cette femme a bien peu de raison
D’abandonner ainsi son fils et sa maison,
Pour le premier venu qui s’en va sur la route.
À ce vieux mendiant, non loin d’ici, sans doute,
Quelque passant eût pris son vase et l’eût porté. »

Mais Jésus répondit à Pierre:
« En vérité,
Quand un pauvre a pitié d’un plus pauvre, mon père
Veille sur sa demeure et veut qu’elle prospère.
Cette femme a bien fait de partir sans surseoir. »

Quand il eut dit ces mots, le Seigneur vint s’asseoir
Sur le vieux banc de bois, devant la pauvre hutte.
De ses divines mains, pendant une minute,
Il fila la quenouille et berça le petit;
Puis se levant, il fit signe à Pierre et partit.

Et, quand elle revint à son logis, la veuve,
À qui de sa bonté Dieu donnait cette preuve,
Trouva sans deviner jamais par quel ami,
Sa quenouille filée et son fils endormi.

François Coppée, Les récits et les élégies (1878)

00:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

01/10/2021

Sainte Thérèse

26/09/2021

J'ouvre ma porte

porte lumineuse.jpg

Le soir j'ouvre ma porte

j'illumine le seuil

pour guider les pas attristés du monde

pour qu'ils viennent trouver un refuge

Trouver une table mise pour eux

de l'eau où désaltérer leur peine

Et debout parmi eux

le chagrin, frère des hommes

Trouver un coin où faire halte

un banc pour l'aveugle

Et comme nous resterons à parler

le Christ viendra nous tenir compagnie

 

Tassos Livaditis

00:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

23/09/2021

La poésie, c'est quoi?

16/09/2021

Le silence

silence.jpg

Le silence.

Recueil : Les sonnets et poésies (1851)

Le silence dans l'homme est une dignité ;
C'est un beau vêtement, c'est une noble chose ;
L'esprit qui parle peu fait désirer qu'il cause,
Et le sot qui se tait cache sa nullité.

On connaît trop celui qu'on a trop écouté ;
Riche, il devient prodigue, et bientôt indispose ;
Un mot dit à propos de lèvre souvent close
Est comme le bienfait d'un homme respecté.

Tournons sept fois la langue (oh ! le proverbe est sage),
Avant que la pensée au jour trouve un passage ;
Le mot n'est pas repris, une fois envolé.

Que la réflexion tienne en nous sa balance !
On regrette, et trop tard, souvent, d'avoir parlé,
Mais on ne se repent jamais de son silence.


Évariste Boulay-Paty