10/03/2020
Courage
Courage (par l’auteur).
Paris a froid Paris a faim
Paris ne mange plus de marrons dans la rue
Paris a mis de vieux vêtements de vieille
Paris dort tout debout sans air dans le métro
Plus de malheur encore est imposé aux pauvres
Et la sagesse et la folie
De Paris malheureux
C’est l’air pur c’est le feu
C’est la beauté c’est la bonté
De ses travailleurs affamés
Ne crie pas au secours Paris
Tu es vivant d’une vie sans égale
Et derrière la nudité
De ta pâleur de ta maigreur
Tout ce qui est humain se révèle en tes yeux
Paris ma belle ville
Fine comme une aiguille forte comme une épée
Ingénue et savante
Tu ne supportes pas l’injustice
Pour toi c’est le seul désordre
Tu vas te libérer Paris
Paris tremblant comme une étoile
Notre espoir survivant
Tu vas te libérer de la fatigue et de la boue
Frères ayons du courage
Nous qui ne sommes pas casqués
Ni bottés ni gantés ni bien élevés
Un rayon s’allume en nos veines
Notre lumière nous revient
Les meilleurs d’entre nous sont morts pour nous
Et voici que leur sang retrouve notre coeur
Et c’est de nouveau le matin un matin de Paris
La pointe de la délivrance
L’espace du printemps naissant
La force idiote a le dessous
Ces esclaves nos ennemis
S’ils ont compris
S’ils sont capables de comprendre
Vont se lever.
Paul Eluard
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28/02/2020
Grain de sable
L'écriture
Il suffit d'un grain de sable
Pour que le monde ne cesse de tourner
Dans le sens qui devait le faire tourner...
Il suffit d'un grain de sable
Pour faire basculer la nuit dans la mer
Et faire lever le jour...
Toute la création du monde
Finalement
Ne tient qu'à un grain de sable
Qui n'était pas à sa place.
jean Debruynne (prêtre, ouvrier, sociologue, journaliste et poète)
dans "Divers et de printemps" Le Nouvel Athanor
12:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)
25/02/2020
Mardi Gras
C'est Mardi Gras tra la la
c'est Carnaval avale avale
amuse-toi déguise-toi
mange des crêpes
des œufs des cèpes
des bœufs les restes
ce qui est digeste
ce qui ne l'est pas
tablettes de chocolat
beignets et tortisseaux
trinquons et portons haut
nos verres de vin chaud
et buvons buvons
avant que nous jeûnions
Demain il faudra descendre
Mercredi des Cendres
sera journée de pain et d'eau
en attendant l'agneau
de Pâques et la mogette
pour retrouver la fête
TP
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21/02/2020
L'émerveillement
Et si l'émerveillement était prière ?
Un papillon dans le vent : merveille.
Un coucher de soleil sur les lointaines collines : merveille.
Une nuit étoilée : merveille.
La mer s'effondrant sur la plage : merveille.
Le sourire du nouveau-né : merveille.
Ta présence remplit toute la création
Si mes yeux peuvent voir.
Chaque moment m'interpelle : regarde au-delà.
Au-delà du visible, à l'invisible,
Des connaissances, à l'inconnu,
Des créatures, à l'Incréé,
Du temps qui passe, à l'Éternel,
Du fini, à l'Infini.
Là, dans le vide du dépouillement complet,
Nu je me présente devant toi,
Toi qui m'as façonné à ton image,
De ta bonté et ton amour.
Je n'ai rien, je ne suis rien,
Qui n'est pas de toi :
Alors que puis-je t'offrir,
Quelle offrande est digne de toi ?
Oserai-je t'offrir mon émerveillement :
Que tu es, que tu es ce que tu es,
Que tu me vois, que tu m'aimes,
Que tu m'appelles à toi.
Ceci est ma prière, ô mon Seigneur,
Mon Dieu, mon Créateur, mon Tout.
Auteur inconnu
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15/02/2020
Prière et poésie
Quelle a été la première prière de l’humanité? Demande ou louange, personnelle ou communautaire, autour du feu ou au moment de la mort? Qui pourrait le dire? Par contre, les textes des civilisations les plus anciennes ont souvent été des prières. Qu’on pense aux hymnes rituels inscrits sur du papyrus de l’Égypte antique. L’acte de prier provoque une parole qui s’exprime dans toutes les langues, souvent de manière poétique et symbolique. Les plus belles prières sont souvent de remarquables poèmes que l’on retrouve dans les religions et sagesses. Le poète Novalis écrivait : « Le sentiment universel de piété a donné la prière, et celle-ci produit de la religion ».
Des expressions du désir
Mais prière ne rime pas nécessairement avec poésie, même si elles sont des expressions du désir. Le travail sur le langage n’est pas le même, le rythme des mots et le sens du texte diffèrent. La prière puise à une source transcendante qu’on appelle Dieu ou d’un autre nom. Elle nomme la présence et engage le cœur. La poésie dit l’ineffable d’une parole libre qui prophétise ce qu’elle est impuissante à donner totalement. Elle écoute la vie et appelle la plénitude. C’est ce que j’ai tenté de suggérer dans mon dernier recueil, La vie inexprimable.
Je retrouve dans la prière et la poésie la même gratuité, la même aspiration au silence amoureux, la même impuissance à rendre visible l’invisible. La poésie, de par une énergie montante, peut servir de véhicule à la foi, mais la prière ne vit que de foi. Les deux me fondent dans l’existence, l’une et l’autre boivent à la même eau du désir. La prière traduit la part de merveilleux qui m’habite, la poésie transmet le souffle qui veut durer.
Parole ou silence
Dans son Histoire littéraire du sentiment religieux, Henri Bremond a montré les analogies entre l’acte poétique et l’acte mystique, entre poésie et prière. Il évoque la notion contestée de « poésie pure » qui disparaît dans une prière silencieuse. Un siècle plus tard, Jean-Pierre Jossua reprend un peu la même ambition en faisant une lecture théologique de la littérature pour en déceler la quête d’absolu. Le cinquième volume de son histoire religieuse de l’expérience littéraire est paru sous le titre La passion de l’infini (Cerf).
N’y a-t-il pas dans toute vie poétique et spirituelle un seuil à franchir, une étape où l’on passe des prières à « la » prière », des poèmes à « la » poésie »? N’est-ce pas paradoxal de recourir à tant de mots pour suggérer le mystère, alors que le silence nous le fait goûter de l’intérieur. Pourtant, quand prière et poésie s’embrassent, pour paraphraser un verset du Psaume 84 (v. 11), le désir exulte, le corps danse, le silence tressaille dans l’immense cathédrale du temps et de l’espace.
Les poètes saint Jean de la Croix et Patrice de La Tour du Pin ont réussi la symbiose entre prière et poésie parce qu’ils ont donné au mystique qui vivait en eux sa part essentielle de silence. Ils m’ont appris à prier autant avec des mots qu’en accueillant le silence. Les poèmes forment la substance de leur œuvre « priante » qui s’ouvre sur autre chose que ce qu'ils nomment; ce je ne sais quoi que l’on trouve de nuit, dans le clair-obscur de la foi chrétienne.
Jacques Gauthier, poète du Québec.
21:34 Publié dans Poèmes, Prières, Réflexions spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0)
12/02/2020
Verte Venise
«Verte Venise» de Thierry Piet, paru en mai 2019 aux éditions Echo Optique, n’est ni un guide touristique ni un livre religieux. C’est une balade contemplative dans le Marais poitevin.La citation en page de garde, extraite d’un poème, donne le ton au recueil: «Je sais que derrière le rideau de peupliers un mystère m’attend.» Le poète nous emmène dans quelques lieux désignés: Courdault, Sainte-Christine, Aziré, La Garette, La Repentie, Maillezais, la Vieille Autize. D’autres lieux sont simplement suggé-rés: les ponts, les rigoles de cet écrin très fréquentés par ceux qui aiment la bonne solitude et le repos, loin des rumeurs et des agitations de la ville.Au fil des 34 poèmes, l’auteur convie au passage Jean-Jacques Rousseau, Van Gogh, Vivaldi, Shakespeare, La Fontaine, sans oublier les moines de Maillezais, Les Missionnaires de la Plaine ou encore la chorale «Les Voix du Marais». Les photographies chaleureuses et mystérieuses de Sylvain Ruelle donnent à voir ce «paradis mis à nu où mythes et déités se sont tus». Et quand on referme le livre, le lecteur, prenant les mots du poète, de se dire qu’en chacun de nous il y a un peu de beauté et de mystère, un peu de marais, «une barque née d’un arbre». TP
00:03 Publié dans Mon actu littéraire perso, Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)