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05/04/2019

L'Eglise et les artistes

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église de Gosnay

Il y a vingt ans, Jean-Paul II adressait sa remarquable "Lettre aux artistes". Qu'en est-il aujourd'hui?

Je crois qu'une grande œuvre d'art a toujours une part de sacré en elle. Évidemment, c'est toujours difficile de définir cet absolu mais, dans un procession de création honnête et profond, il y a toujours quelque chose de sacré. Dans son œuvre, l'artiste laisse toujours de son âme, de ses joies et de ses tristesses, de ses peurs, de sa vie... A partir d'une matière qui n'est rien, il y a un processus d'incarnation et de transfiguration qui a à voir avec le sacré.

Micol Forti, conservatrice de la collection d'art moderne et contemporain des Musées du Vatican. Propos recueilli dans La Croix du 4 avril 2019.

L'appropriation de l'art contemporain par les chrétiens et la présence d'art contemporain dans nos églises se font trop rares. Ces rencontres parcimonieuses laissent pourtant un vide, un manque capital. L'enjeu est théologal à mes yeux. La rencontre esthétique avec une œuvre est un moteur de conversion. Elle ouvre l'intelligence du cœur, cette connaissance sensible que chaque homme porte en lui. L'art nous aide à "habiter le monde en poète". Jésus n'a pas fait autre chose. Lui qui, pour exprimer l'essentiel, le sens caché du divin, s'exprimait par des paraboles.

Michel Brière, aumônier des Beaux-Arts de Paris. Propos recueilli dans La Croix du 4 avril 2019.

03/04/2019

Carême

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Quarante jours!
Quarante jours pour faire le tri,
pour se délester de ce qui est inutile
comme lorsqu’il faut traverser un désert.

Quarante jours pour éduquer le cœur et aimer,
apprendre à aimer, d’une façon neuve,
à la manière des premiers jours.

Quarante jours pour marcher à un autre rythme,
pour changer de style, pour faire le ménage,
pour se purifier.

Quarante jours pour regarder les autres, pour regarder Dieu,
pour écouter la Parole du Christ et la laisser faire
son œuvre de redressement au secret de nos désirs.

Quarante jours pour être transfiguré,
Quarante jours pour grandir avec l’Evangile,
Quarante jours pour apprendre à vivre!

Charles Singer

31/03/2019

Ô Père, je suis ton enfant

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30/03/2019

Soldes

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Dans la petite droguerie que je voudrais ouvrir:

"Grande promotion sur les produits antimystiques

et sur la poudre arrêt-curé.

Pendant le carême, -10% sur les frères à repasser et les produits ami-donnant.

Durant la semaine de Pâques:

un déterre-gens acheté,

un carnet de papier d'harmonie offert."

Qu'on se le dise!

 

Raphaël Buyse

extrait de

"Croisière dans un bénitier"

Bayard

07/03/2019

Résolutions de carême

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Prendre de bonnes résolutions, cela nécessite un temps d’arrêt et de réflexion sur la conduite de sa vie, un détour par sa vie intérieure. Ces résolutions méritent d’être prises à la lumière de trois questions : pourquoi ? Quoi ? Comment ?

 

Pourquoi ? C'est-à-dire avec quel sens ? Et quels objectifs ? Il ne s’agit pas seulement de s’imposer une contrainte ou une privation, mais de nous rapprocher de ce en quoi nous croyons, de donner du sens à nos résolutions.

 

Puis vient la question du quoi ? Nous choisissons souvent d’accomplir des efforts sur nous-mêmes : moins manger, ne pas boire d’alcool, cesser de fumer. Ou des efforts vers les autres : moins râler, ne plus se plaindre, sourire, écouter, aider, donner. Il ne s’agit pas, ou pas seulement, d’être fier de soi. Il s’agit de faire bien. En se respectant davantage et en respectant les autres. Il s’agit parfois aussi de résister aux tentations du quotidien, mêmes bénignes, comme de moins fréquenter les écrans.

 

Enfin, la question du comment ? Il existe de nombreuses règles aux changements réussis : définir des objectifs concrets, réalistes ; toujours faire suivre la résolution d’un premier geste, symbolique et immédiat. Lorsqu’on a du mal ou qu’on est en échec, faire preuve de tolérance et bienveillance envers-soi ; s’engager devant autrui ; fragmenter les objectifs de long terme, vastes et généraux, en une succession d’objectifs de court terme, limités et ciblés (« un jour à la fois ») ; les écrire et tenir un journal de carême etc…

 

Une résolution, ce n’est pas seulement une vague intention. C’est une décision suivie d’efforts prolongés ou répétés. Et c’est aussi un engagement pris envers soi-même – et dans le carême envers Dieu ou notre communauté.

 

                   Christophe André « La vie » 8 février 2018

03/03/2019

Pour être heureux, ralentissons!

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Claudel, en 1886, suggère la vitesse de frappe de la grâce. Mais si Dieu peut intervenir dans nos vies avec une telle fulgurance, c’est plutôt la lenteur qui caractérise d’habitude le rythme de notre cheminement spirituel. Comme pour les bons vins, il faut du temps pour faire un saint! 

Or, aujourd’hui, le temps est devenu une denrée rare. Nos conversations quotidiennes bruissent de cette pénurie : « Si ma journée pouvait s’étirer », « ma vie est une course folle»... Emportés par l’accélération qui précipite nos sociétés dans une cadence effrénée, nous avons de plus en plus le sentiment de courir après le temps. Tel un ogre insatiable, la vitesse dévore nos existences, nos agendas. Speed dating, fast-food, haut débit, micro-sieste..., il faut aller toujours plus vite, analyse le philosophe Hartmut Rosa (1). Pour répondre à cette injonction, et en vertu du credo selon lequel une vie réussie est une vie remplie, nous surchargeons nos journées de tâches diverses, faisons plus en moins de temps, expédions les repas, grignotons sur le sommeil. La difficulté à se déconnecter nous maintient sous pression, cernés par ces nouvelles technologies dont on découvre qu’elles génèrent autant d’aliénation que de libération. Paradoxe déjà pointé par le philosophe chrétien Lanza del Vasto:

« L’avènement des machines et l’avantage que nous en attendions: gagner du temps, ont eu pour effet, en accélérant échanges et transports, de répandre partout la hâte. Du matin au soir, nous sommes traqués par la précipitation et la crainte du retard.» 

Face à cette frénésie, une prise de conscience se fait jour. Il est temps de lever le pied! Le succès du livre de Sylvain Tesson parti s’enclore dans une cabane en Sibérie en est un indice parmi d’autres : beaucoup de nos contemporains rêvent de s’aménager une thébaïde pour regarder pousser les arbres et s’inventer une vie ralentie, selon le mot d’ordre de Thoreau, l’auteur de Walden : « Faites que votre existence soit un contre-frottement qui arrête le mouvement de la machine. » L’engouement pour le jardinage, la marche, le « recours aux forêts» (Ernst Jünger), apparaissent comme autant de remèdes pour se libérer de l’instantanéité et renouer avec une cadence plus naturelle, plus douce. Parée de toutes les vertus, la lenteur semble tracer un chemin vers le bonheur. Pour être heureux, clame l’air du temps, cessons de régler le rythme de nos vies sur la course échevelée du monde, et marchons au pas !

L’écrivain Xavier Patier s’inscrit dans ce courant. Dans Blaise Pascal. La nuit de l’extase il raconte comment il fut saisi un jour d’un dégoût de l’actualité. 

Pour s’en désintoxiquer, il partit six mois à la campagne, sans télé, radio, ni Internet. Les bienfaits de cette expérience furent immédiats. « La lenteur, ou la capacité de faire du temps qui passe un allié, nous ouvre à des vérités que l’immédiateté nous dissimule», observe-t-il. En laissant infuser les heures, on donne aux objets, aux paysages, aux personnes la possibilité de déployer leurs nuances. La lenteur est la condition d’une perception subtile et nuancée. Un ermite camaldule a écrit : « La poésie de la vie monastique, c’est sa prose. » Dans le rythme lent d’une vie cloîtrée, les sensations, moins nombreuses, deviennent plus denses, plus riches. En décélérant, l’existence gagne en profondeur, on devient attentif aux fêtes de l’instant, ces petits riens qui, si on sait les percevoir et les accueillir, révèlent leur poids de beauté et de mystère. «La profondeur d’un homme est dans sa puissance d’accueil », écrit Éloi Leclerc dans Sagesse d’un pauvre.

Dans la vie spirituelle aussi, la précipitation n’est pas de mise. Le rythme frénétique de nos vies est une conspiration contre la vie intérieure. À force de courir, prévient le spécialiste de théologie spirituelle, le jésuite Dominique Salin, on risque l’essoufflement Or, dit-il, « comme le radical du mot l’indique, la vie spirituelle est une affaire de souffle. Elle commence au niveau de la ceinture, du diaphragme, et consiste à savoir respirer. » 

Dans le Royaume de Dieu, rien ne sert de courir... « Même si saint Paul compare l’aventure spirituelle à un sprint, la vitesse de progression du chrétien moyen vers la vision béatifique s’apparente à celle de la tortue plus que du lièvre », s’amuse le père Salin. De fait, il faut du temps à la grâce pour investir notre humanité. «Dans la vie d’Ignace de Loyola, poursuit-il, entre le boulet de canon et l’aboutissement de sa vocation : la fondation de la Compagnie, il se passa vingt ans. » Temps qu’il fallut aussi à Charles de Foucauld pour parvenir à maturité spirituelle…

(Entretien de Valpré, extrait du journal La Croix)