Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/08/2006

La musique

medium_barque_au_soleil.3.jpg

 

    La musique souvent me prend comme une mer !
    Vers ma pâle étoile,
    Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
    Je mets à la voile ;
   
    La poitrine en avant et les poumons gonflés
    Comme de la toile,
    J'escalade le dos des flots amoncelés
    Que la nuit me voile ;
   
    Je sens vibrer en moi toutes les passions
    D'un vaisseau qui souffre ;
    Le bon vent, la tempête et ses convulsions
   
    Sur l'immense gouffre
    Me bercent. D'autres fois, calme plat, grand miroir
    De mon désespoir !
 

    Charles Baudelaire – Les Fleurs du mal

08:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

15/08/2006

Une femme dont on n'a rien dit

 

medium_marie.2.jpg

 

 

Une femme dont on n’a rien dit,

Si ce n’est qu’elle était fiancée    

Et qu ‘un ange lui vint annoncer :

« Te voilà entre toutes choisie.

Une femme dont on n’a rien dit,

Si ce n’est qu’elle avait accouché

D’un garçon au pays de Judée ;

Des bergers en ont fait le récit.

Une femme dont on n’a rien dit,

Si ce n’est qu’elle a trois jours cherché

Son enfant qui semblait l’oublier,

Et son cœur n’y avait rien compris.

Une femme dont on n’a rien dit,

Si ce n’est qu’elle était à Cana

Pour la noce où Jésus transforma

L’eau en vin et l’on put croire en lui.

Une femme dont on n’a rien dit,

Si ce n’est sa présence à la croix,

Quand son Fils étendait ses deux bras

Pour mourir au milieu des bandits.

Une femme dont on n’a rien dit,

Si ce n’est sa prière avec ceux

Que brûlèrent les langues de feu,

Baptisés du baptême en Esprit.

Aujourd’hui

La terre et le paradis

La proclament heureuse et bénie :

Bienheureuse Vierge Marie !

   

08:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

09/08/2006

Père du premier mot

 

 medium_x1pNWjjkHJ3o_zR9S6lulKkz126dl-78g-l5nKlvHDAhNiW_kUkGyAa6is4cVjQh7XcAzFoM8U37LdfnUQDBzkV3Vk80kOhY9ILT9bT8Y3X9vq3dys66R49kZlcf2e7g8lX3lgQzhTm9Mg.2.jpg

Père du premier mot

Jailli dans le premier silence

Où l'homme a commencé,

Entends monter vers toi,

Comme en écho,

Nos voix

Mêlées auxchants que lance

Ton Bien-Aimé.

 

Père du premier jour

Levé sur les premières terres

Au souffle de l'Esprit,

Voici devant tes yeux,

Comme en retour,

Le feu

Qui prend au coeur les frères

De Jésus Christ.

 

Père du premier fruit

Gonflé de la première sève

Au monde ensemencé,

Reçois le sang des grains

Qui ont mûri,

Et viens

Remplir les mains qui cherchent

Ton Premier-Né.

 

Didier Rimaud

 

 

23/07/2006

Le Seigneur est mon berger

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d'herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l'honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car il est avec moi :
ton bâtion me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis :
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m'accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j'habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.


 Psaume 22

medium_berger.jpgC'est le psaume de la messe de ce dimanche. J'ai une version de ce psaume chantée par Daniel Darc. Voir aussi ICI.

08:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

15/07/2006

Jean Debruyne

medium_barque_au_soleil.jpgLe Père Jean Debruyne, prêtre de la Mission de France, qui fut surtout connu comme poète, s'est éteint samedi 8 juillet au Liban. Voici l’un de ses poèmes.

 

 

Si je vais partir, c'est que je suis déjà parti.
Dès l'instant où j'ai pu m'arracher à moi-même,
cette décision de partir, mon départ a déjà eu lieu.
Le plus dur n'est pas de partir, mais de le vouloir.
Toutes les raisons sont bonnes
pour ne pas partir :
le coeur a ses habitudes, l'âme ses tranquillités,
le corps ses fatigues, les yeux leur horizon
et le visage son cercle.

Il n'existe donc pas de départ sans séparation.
Le départ est donc toujours un acte créateur.
Il rend possible. Il ouvre un espace.
Accepter de partir, c'est accepter qu'il soit un avenir,
c'est reconnaître que tout n'a pas été dit.
C'est affirmer que notre monde
n'est pas notre prison,
et que notre temps n'est pas sans issue.

Jean Debruyne  

 

08:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (2)

14/07/2006

14 juillet

medium_feux.jpgUne matinée couverte, en juillet. Un goût de cendres vole dans l'air; - une odeur de bois suant dans l'âtre, - les fleurs rouies, - le saccage des promenades, - la bruine des canaux par leschamps - pourquoi pas déjà les joujous et l'encens?

J'ai tendu des cordes de clocher à clocher; des guirlandes de fenêtre à fenêtre; des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse.

Le haut étang fume continuellement. Quelle sorcière vase dresser sur le couchant blanc? Quelles violettes frondaisons vont descendre?

Pendant que lesfonds publics s'écoulent en fêtes de fraternité, il sonne une cloche de feu rose dans les nuages.

Arthur Rimbaud - Phrases dans Illuminations