19/06/2019
Destination Arbre
Parcourir l’Arbre
Se lier aux jardins
Se mêler aux forêts
Plonger au fond des terres
Pour renaître de l’argile
Peu à peu
S’affranchir des sols et des racines
Gravir lentement le fût
Envahir la charpente
Se greffer aux branchages
Puis dans un éclat de feuilles
Embrasser l’espace
Résister aux orages
Déchiffrer les soleils
Affronter jour et nuit
Evoquer ensuite
Au cœur d’une métropole
Un arbre un seul
Enclos dans l’asphalte Éloigné des jardins
Orphelin des forêts
Un arbre
Au tronc rêche
Aux branches taries
Aux feuilles longuement éteintes
S’unir à cette soif
Rejoindre cette retraite
Ecouter ces appels
Sentir sous l’écorce
Captives mais invincibles
La montée des sèves
La pression des bourgeons
Semblables aux rêves tenaces
Qui fortifient nos vies
Cheminer d’arbre en arbre
Explorant l’éphémère
Aller d’arbre en arbre
Dépistant la durée.
Andrée Chédid
Ce poème est l'un des sujets du Bac français de cette année en séries ES et S
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26/05/2019
Lettre d'un migrant à sa mère
Maman,
Un an que je suis parti, un an que tu es partie aussi. Tu vis au pays des étoiles et moi je ne suis d’aucun pays. J’ai beaucoup pensé à toi tous ces mois, une façon de noyer mon chagrin.
Tu sais, j’ai veillé sur papa et pépé. Papa ne dit pas grand-chose, il ne me parle pas de toi, il se mure dans son chagrin. Pépé, lui, regarde toujours droit devant ; les bombardements l’ont rendu sourd, il n’entend plus, ne marche plus… mais tout cela tu le sais déjà puisque du royaume des étoiles tu nous regardes et tu veilles sur nous.
Avec cette lettre je commence un cahier. C’est à toi que je veux raconter notre histoire. Tu vois, je maîtrise le français maintenant, je pense même en français parfois, les gens du Secours Catholique qui m’apprennent la langue me disent que c’est bon signe, que je deviens un des leurs, que bientôt je pourrai travailler, car aujourd’hui je ne travaille toujours pas. Sans papiers, comme ils disent, on n’existe pas, on a le droit à rien. Et quand on ne sait pas lire, aucun patron ne veut de nous sous prétexte qu’il y a des consignes de sécurité à respecter et que si on ne sait pas les lire on peut mettre tout le monde en danger. Il est bizarre ce pays avec toutes ses lois !
Tous les trois, nous vivons dans un locatif. Nous avons tout ce qu’il nous faut, bien plus que chez nous mais moins que nos voisins, ici les gens amassent beaucoup, si tu voyais les caddies remplis qui sortent du supermarché !
On s’occupe beaucoup de nous, mais on aime bien aussi se retrouver entre nous. C’est dans ces moments-là que papa parle un peu. Un jour, il a prononcé ton prénom avec une larme au coin des yeux, puis s’est tu. Je n’ai pas osé lui demander si tu lui manquais, c’est tellement évident. Un jour il le dira, j’en suis sûr.
La France est un beau pays, mais comme chez nous il y a de la boue quand il pleut. C’est bête de dire ça, mais dans les rêves que je faisais il n’y avait jamais de boue. Mais plus grave des gens nous regardent d’un mauvais œil. Certains vont même jusqu’à dire qu’on a des droits qu’ils n’ont pas alors ça les rend méchants, je dirais même racistes. Parfois j’entends des réflexions, je ne les comprends pas toutes, je garde ça pour moi car je ne veux pas que papa et pépé apprennent.
A toi, je veux bien continuer à te raconter tous mes petits secrets. Je veux aussi que tu sois fière de moi, de nous. Je sais que là-haut tu es devenue ma bonne étoile. Toutes les nuits, je regarde le ciel, il y a beaucoup moins d’étoiles que chez nous, mais j’en vois toujours quelques-unes et parmi elles je sais que tu es là. Et je fredonne toutes les nuits avant de m’endormir la chanson que tu me chantais quand j’étais tout petit tandis que nous regardions le ciel dégagé de la fumée des bombes. Déjà avec toi je vivais d’espoir.
A bientôt, maman.
Elyas
NB Lettre écrite dans le cadre d'un atelier d'écriture en avril 2016.
BONNE FÊTE MAMAN!
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20/05/2019
Verte Venise
VERTE VENISE
34 poèmes et 7 photographies
du mystère à la mystique
Sortie aujourd'hui
Editions Echo Optique
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16/05/2019
Emmaüs
Jésus, qui m'as brûlé le cœur
Au carrefour des Écritures,
Ne permets pas que leur blessure
En moi se ferme :
Tourne mes sens à l'intérieur.
Force mes pas à l'aventure,
Pour que le feu de ton bonheur
À d'autres prenne !
La Table où tu voulus t'asseoir,
Pour la fraction qui te révèle,
Je la revois : elle étincelle
De toi, seul Maître !
Fais que je sorte dans le soir
Où trop des miens sont sans nouvelle,
Et par ton nom dans mon regard,
Fais-toi connaître !
Leurs yeux ne t'ont jamais trouvé,
Tu n'entres plus dans leur auberge,
Et chacun dit : " Où donc irai-je
Si Dieu me manque ? "
Mais ton printemps s'est réveillé
Dans mes sarments à bout de sève,
Pour que je sois cet étranger
Brûlant de Pâques !
Hymne pascale de Didier Rimaud
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15/05/2019
Liberté
Liberté, poème de Paul Eluard
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10/05/2019
Poème
Un nid tombe en poussière entraînant dans sa chute
la Grande Muraille de Chine tout entière
.
De son côté la mer fait des corbeaux boiteux
.
Vous avez dit pétrel ? Vous avez dit pétrole ?
Il n'y a pas que les oiseaux
.
et les érables qu'on opère à cœur ouvert en pure
perte
.
De sources bien informées nos rivières vont mourir
La pluie affame les chevaux La terre nous quitte
S'en va tournant vers quelque soleil froid
.
Et moi je vais dans l'autre sens conduit par une
rumeur de racines
.
par des odeurs de pommes mûres de lait bourru de
feu de bois
.
vers l'amont l'enfance de l'art la désuétude
une maison qui n'est qu'un seuil où tu m'attends
.
Ma belle au dormant de la porte
Je n'ai de demeure qu'en toi .
.
Serge Wellens, extrait de L'ORDINAIRE DES JOURS, pour Annie
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