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18/02/2019

Chopin

 

Chopin

Marcel Proust

Chopin, mer de soupirs, de larmes, de sanglots
Qu’un vol de papillons sans se poser traverse
Jouant sur la tristesse ou dansant sur les flots.
Rêve, aime, souffre, crie, apaise, charme ou berce,
Toujours tu fais courir entre chaque douleur
L’oubli vertigineux et doux de ton caprice
Comme les papillons volent de fleur en fleur;
De ton chagrin alors ta joie est la complice:
L’ardeur du tourbillon accroit la soif des pleurs.
De la lune et des eaux pale et doux camarade,
Prince du désespoir ou grand seigneur trahi,
Tu t’exaltes encore, plus beau d’être pâli,
Du soleil inondant ta chambre de malade
Qui pleure a lui sourire et souffre de le voir…
Sourire du regret et larmes de l’Espoir!

Marcel Proust, Les Plaisirs et les Jours, Portraits de peintres et de musiciens 1896

15/02/2019

Tailleurs de pierre

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Sur la place des lavandières
travaillaient trois tailleurs de pierre.
Un voyageur passant par là leur demanda :
« Que faites-vous là ? »

Le premier dit, furieux sans doute :
« vous ne voyez pas, je gagne ma croûte ! « 
le second dit, frappant la pierre :
« bein vous voyez, j’taille des pierres ! ».
Quant au troisième, il dit jovial :
« moi… je bâtis des cathédrales ! ».
Ils taillaient les mêmes cailloux,
tous les trois pour les mêmes sous.

Le premier taillait sa misère,
et de loin préparait la guerre ;
le second taillait des pierres,
puisqu’il était tailleurs de pierres.
Le troisième taillait sa joie
et la paix du monde à la fois.

Le voyageur en s’en allant,
lui qui était tailleur de vent
se demanda sous le ciel blême ;
« lequel des trois suis-je moi-même ? ».

André Steiger.

08/02/2019

L'ennemi

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Il y aura toujours dans l'automne   
Une pomme sur le point de tomber.

Il y aura toujours dans l'hiver 
Une fontaine sur le point de geler.

Que les corbeaux
S'enfuient de peur à notre approche,
C'est leur droit. Nous pouvons aller.

De l'espoir il y en aura
Sur les rameaux.

Et puis nous ne sommes pas malades
De la terre.

L'ennemi, 
Nous le connaissons.

Guillevic ("Gagner" - éditions Gallimard, 1949)

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04/02/2019

Où va ce chemin?

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Où va ce chemin d’eau

fébrile et fier

entre l’ombre et la lumière ?

 

Peupliers et saules

offrent leurs épaules

au soleil.

 

Leurs pieds blessés et mouillés

cherchent dans l’eau

des remèdes de bonne guérison.

 

Je ressemble à ces arbres,

cheveux dans les étoiles

et chevilles ouvrières

dans la tourbe et ses fourmilières.

 

TP dans "Verte Venise" à paraître

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23/01/2019

Le jardin

monsouris.jpg

Le jardin

Des milliers et des milliers d'années 
Ne sauraient suffire 
Pour dire 
La petite seconde d'éternité 
Où tu m'as embrassé 
Où je t'ai embrassèe 
Un matin dans la lumière de l'hiver 
Au parc Montsouris à Paris 
A Paris 
Sur la terre 
La terre qui est un astre. 

Jacques Prévert

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22/01/2019

L'enfant

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L'enfant

L’enfant n’est pas un ange
Ce n’est pas un démon

Il se cogne aux étoiles
Sans se blesser le front

Roi des eaux sidérales
Il s’invente un royaume

Un royaume à cheval
Entre l’aurore et l’aube

Chaque jour son regard
Recommence le monde.

 

Charles Le Quintrec

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