19/01/2018
Au bout de la nuit
AU BOUT DE LA NUIT
Au loin j’entends crier les chiens
Je cours sur les chemins
Le long des clôtures
Dans la nuit obscure
Ma blessure me fait de plus en plus mal
Et il fait un froid glacial
Je voudrais bien me rendre
Mais ils vont vouloir tout comprendre
Pas parce que je suis un beur
Mais parce que je suis un voleur
Il n’y a jamais trop de remèdes
Pour guérir celui qui les dépossède
Serre les dents Ali
Ne te laisse pas con-descendre
Ah ici tu n’as pas d’amis Ali
Mais tu as du cœur à en revendre
Ils ne sont pas meilleurs que moi
Mais eux c’est ce qu’ils croient
Je sens le sang qui dans mon dos coule
J’ai l’impression que ça me saoule
Mais je n’arrête plus de courir
Plutôt trois fois mourir
Que de retomber entre leurs pattes
Et qu’ils me traitent comme un psychopathe
Ils m’amèneraient chez un médecin
Après m’avoir attaché les mains
De leur gentillesse
Je m’en bats les fesses
Serre les dents Ali
Ne te laisse pas con- descendre
Ah ici tu n’as pas d’amis Ali
Mais tu as du cœur à en revendre
Je préfère être leur ennemi
Que de leur paraître soumis
Je préfère mon vagabondage
À leur marchandage
Je préfère mes trafics
À leur service public
Mais je me suis engagé dans une impasse
Je dois leur faire face
Je sors mon couteau
Ça ne va pas être beau
Je hais ces visages
Je vais faire un carnage
Serre les dents Ali
Ne te laisse pas con-descendre
Ah ici tu n’as pas d’amis Ali
Mais tu as du cœur à en revendre
Mais je n’entends plus rien
Se seraient-ils trompés de chemin
Je sens comme une ivresse
Je tombe de faiblesse
J’entends des cris autour de moi
Toute une foule s’occupe de moi
Ils ont retrouvé ma piste
Et c’est en vain que je résiste
Mais ils n’ont pas vu mon coutelas
Je l’ai caché sous mon bras
C’est au fond de l’ambulance
Que viendra ma délivrance
Serre les dents Ali
Ne te laisse pas con- descendre
Ah ici tu n’as pas d’amis Ali
Mais tu as du cœur à en revendre
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16/01/2018
Prison
Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.
La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit
Chante sa plainte.
Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.
Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?
Verlaine
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21/12/2017
J'attends
J'attends, dit l'empereur Auguste,
le résultat du recensement.
J'ai hâte de savoir le nombre de mes sujets.
J'attends, dit Joseph,
de trouver un logement
pour ma famille qui va s'agrandir.
J'attends, dit Marie,
avec un peu d'angoisse, mais beaucoup d'espoir,
de mettre au monde le Roi du monde.
J'attends, dit le berger,
de voir l'Agneau de Dieu et d'en parler aux autres.
J'attends, dit le mouton,
de connaître ce fameux berger que Dieu envoie
pour les hommes.
J'attends, dit l'Ange,
de chanter à Dieu : ''Gloire !''
et d'annoncer aux hommes : ''Bonne Nouvelle !''
J'attends, dit Jésus,
de voir se rassembler en une seule famille
l'empereur et le berger,
l'homme et la femme,
l'ange et la bête :
Dieu les attend !
Père Pascal Daniel
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09/11/2017
Verte Venise et Vivaldi
Vivaldi avec moi
prêtre roux
sur les chemins de Verte Venise
un rondo un concerto
et le bruit des sabots
lorsque de beaux chevaux
donnent le tempo
partition sans cesse remise
qui de la joie à la foi
mène au bonheur si doux
ô Antonio
il chante encore sur le canal
une chorale dont tout son or
me met à genoux
TP
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21/10/2017
Eloge de la fatigue
Robert Lamoureux, « Eloge de la fatigue » :
Vous me dites, Monsieur, que j'ai mauvaise mine,
Qu'avec cette vie que je mène, je me ruine,
Que l'on ne gagne rien à trop se prodiguer,
Vous me dites enfin que je suis fatigué.
Oui je suis fatigué, Monsieur, et je m'en flatte.
J'ai tout de fatigué, la voix, le coeur, la rate,
Je m'endors épuisé, je me réveille las,
Mais grâce à Dieu, Monsieur, je ne m'en soucie pas.
Ou quand je m'en soucie, je me ridiculise.
La fatigue souvent n'est qu'une vantardise.
On n'est jamais aussi fatigué qu'on le croit !
Et quand cela serait, n'en a-t-on pas le droit ?
Je ne vous parle pas des sombres lassitudes,
Qu'on a lorsque le corps harassé d'habitude,
N'a plus pour se mouvoir que de pâles raisons...
Lorsqu'on a fait de soi son unique horizon...
Lorsqu'on a rien à perdre, à vaincre, ou à défendre...
Cette fatigue-là est mauvaise à entendre ;
Elle fait le front lourd, l'oeil morne, le dos rond.
Et vous donne l'aspect d'un vivant moribond...
Mais se sentir plier sous le poids formidable
Des vies dont un beau jour on s'est fait responsable,
Savoir qu'on a des joies ou des pleurs dans ses mains,
Savoir qu'on est l'outil, qu'on est le lendemain,
Savoir qu'on est le chef, savoir qu'on est la source,
Aider une existence à continuer sa course,
Et pour cela se battre à s'en user le coeur...
Cette fatigue-là, Monsieur, c'est du bonheur.
Et sûr qu'à chaque pas, à chaque assaut qu'on livre,
On va aider un être à vivre ou à survivre ;
Et sûr qu'on est le port et la route et le quai,
Où prendrait-on le droit d'être trop fatigué ?
Ceux qui font de leur vie une belle aventure,
Marquant chaque victoire, en creux, sur la figure,
Et quand le malheur vient y mettre un creux de plus
Parmi tant d'autres creux il passe inaperçu.
La fatigue, Monsieur, c'est un prix toujours juste,
C'est le prix d'une journée d'efforts et de luttes.
C'est le prix d'un labeur, d'un mur ou d'un exploit,
Non pas le prix qu'on paie, mais celui qu'on reçoit.
C'est le prix d'un travail, d'une journée remplie,
C'est la preuve, Monsieur, qu'on marche avec la vie.
Quand je rentre la nuit et que ma maison dort,
J'écoute mes sommeils, et là, je me sens fort ;
Je me sens tout gonflé de mon humble souffrance,
Et ma fatigue alors est une récompense.
Et vous me conseillez d'aller me reposer !
Mais si j'acceptais là, ce que vous me proposez,
Si j'abandonnais à votre douce intrigue...
Mais je mourrais, Monsieur, tristement... de fatigue.
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12/10/2017
Verte Venise
Tout est littoral
sur le chemin de halage
où l’eau dort
avec ses mystères ensevelis
et je me plais à longer le canal
les mains dans les poches
l’une serrant une clef
l’autre un mouchoir déplié
promeneur solitaire
dans la lumière d’octobre
la vie est littérature
et la sérénité n’a pas d’âge
TP extrait de "Verte Venise"
22:00 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)