21/10/2017
Eloge de la fatigue
Robert Lamoureux, « Eloge de la fatigue » :
Vous me dites, Monsieur, que j'ai mauvaise mine,
Qu'avec cette vie que je mène, je me ruine,
Que l'on ne gagne rien à trop se prodiguer,
Vous me dites enfin que je suis fatigué.
Oui je suis fatigué, Monsieur, et je m'en flatte.
J'ai tout de fatigué, la voix, le coeur, la rate,
Je m'endors épuisé, je me réveille las,
Mais grâce à Dieu, Monsieur, je ne m'en soucie pas.
Ou quand je m'en soucie, je me ridiculise.
La fatigue souvent n'est qu'une vantardise.
On n'est jamais aussi fatigué qu'on le croit !
Et quand cela serait, n'en a-t-on pas le droit ?
Je ne vous parle pas des sombres lassitudes,
Qu'on a lorsque le corps harassé d'habitude,
N'a plus pour se mouvoir que de pâles raisons...
Lorsqu'on a fait de soi son unique horizon...
Lorsqu'on a rien à perdre, à vaincre, ou à défendre...
Cette fatigue-là est mauvaise à entendre ;
Elle fait le front lourd, l'oeil morne, le dos rond.
Et vous donne l'aspect d'un vivant moribond...
Mais se sentir plier sous le poids formidable
Des vies dont un beau jour on s'est fait responsable,
Savoir qu'on a des joies ou des pleurs dans ses mains,
Savoir qu'on est l'outil, qu'on est le lendemain,
Savoir qu'on est le chef, savoir qu'on est la source,
Aider une existence à continuer sa course,
Et pour cela se battre à s'en user le coeur...
Cette fatigue-là, Monsieur, c'est du bonheur.
Et sûr qu'à chaque pas, à chaque assaut qu'on livre,
On va aider un être à vivre ou à survivre ;
Et sûr qu'on est le port et la route et le quai,
Où prendrait-on le droit d'être trop fatigué ?
Ceux qui font de leur vie une belle aventure,
Marquant chaque victoire, en creux, sur la figure,
Et quand le malheur vient y mettre un creux de plus
Parmi tant d'autres creux il passe inaperçu.
La fatigue, Monsieur, c'est un prix toujours juste,
C'est le prix d'une journée d'efforts et de luttes.
C'est le prix d'un labeur, d'un mur ou d'un exploit,
Non pas le prix qu'on paie, mais celui qu'on reçoit.
C'est le prix d'un travail, d'une journée remplie,
C'est la preuve, Monsieur, qu'on marche avec la vie.
Quand je rentre la nuit et que ma maison dort,
J'écoute mes sommeils, et là, je me sens fort ;
Je me sens tout gonflé de mon humble souffrance,
Et ma fatigue alors est une récompense.
Et vous me conseillez d'aller me reposer !
Mais si j'acceptais là, ce que vous me proposez,
Si j'abandonnais à votre douce intrigue...
Mais je mourrais, Monsieur, tristement... de fatigue.
21:00 Publié dans Pensées, Poèmes, Réflexions spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0)
12/10/2017
Verte Venise
Tout est littoral
sur le chemin de halage
où l’eau dort
avec ses mystères ensevelis
et je me plais à longer le canal
les mains dans les poches
l’une serrant une clef
l’autre un mouchoir déplié
promeneur solitaire
dans la lumière d’octobre
la vie est littérature
et la sérénité n’a pas d’âge
TP extrait de "Verte Venise"
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30/09/2017
Maison de retraite
La fin du monde a déjà commencé
pour les pensionnaires entourés de roses.
Les jours passent plus vite,
deviennent un seul jour aux couleurs mêlées,
coupé de bandes noires.
La vie oublie de leur répondre,
parfois s'arrête en face d'eux:
voici qu'on leur présente
in nouveau-né dont la petite main,
si douce à baiser,
dépasse à peine de la manche.
Il n'a pas appris encore à sourire
et ses yeux gris-bleu posent
les questions les plus profondes.
Jean-pierre Lemaire
Le pays derrière les larmes
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26/09/2017
La source témoigne
La source qui jaillit témoigne de la mer,
La feuille dans le ciel témoigne des racines,
La graine au coeur du fruit témoigne de la fleur,
La sève de l'aubier témoigne du soleil,Il y a plus en vous qu'en toutes les forêts :
Vous avez leur silence et leur monde secret,
Ne cherchez pas ailleurs ce que le coeur enferme :
Découvrez vos jardins, vos marais et vos îles.
Mais cherchez-les très loin, comme font les racines,
Très loin dans les régions nocturnes de vous-mêmes.Que pour chaque douleur se lève une tendresse !
Qu'il y ait plus d'amour qu'il n'y a de misère,
Qu'il y ait plus de paix qu'il n'y a de colère,
Et bien plus de bonté qu'il n'y a de détresse.Didier Rimaud
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21/09/2017
Automne
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10/08/2017
Allo?
Eteint
C’est le grand silence
Dans la poche de mon pantalon
Ou dans celle intérieure de mon veston
Mais allumé
C’est un vrai juke-box
Les Quatre Saisons de Vivaldi
Avec les fleurs qui s’allument
C’est un ami de vacances
Qui me dit bonjour d’Italie
Woody Wood Pecker
Avec les oiseaux qui vibrent
C’est le frère de Bretagne
Pour une nouvelle blague
Le travail c’est la santé
Carillonné à toute volée
C’est le collègue qui a besoin
D’un sacré coup de main
Les Etoiles du cinéma
Qui scintillent sur l’agenda
Me rappellent que dans une heure
La dernière séance commence
Bip Bip le Coyote
Me laisse une petite note
« Vous avez un nouveau message
Appuyez sur la touche étoile »
TP
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