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10/04/2017

Du désert au jardin

dépression.png

(au retraitant de passage, monastère de Prailles)

 

c’est venu malgré toi

et tu ne sais pourquoi

 

tu ressembles à un chien battu

t’excusant presque d’exister

 

la vie t’a cassé un matin

et les éclats te font mal

 

tu ne vis plus à l’unisson

le silence te prend la tête

tu cherches le diapason du ciel

 

écoute la petite musique

la source intérieure

le coucou qui te dit bonjour

entre deux averses

 

ce que tu traverses

est un désert

où personne ne peut entrer

 

sinon Celui

-et tu le sais-

qui en fera un jardin

 

où pousseront

les fleurs de ta guérison

 

TP

08/04/2017

Cri et sang

ecce homo.jpg

Cri et sang

Cri de l’homme en agonie

Jusqu’à la fin des temps.

 

Sang du juste qu’on assassine

Un matin de printemps.

Cri du condamné

Exécuté, fusillé, électrifié,

Otage abattu.

Voici l’homme,

Trahi et crucifié.

Il faut que ‘ordre immuable demeure,

Comme il a toujours été.

Les pauvres sont, tel Dieu le veut,

Des pauvres : qu’ils le restent.

Les riches font fructifier leur or,

C’est la logique des choses.

Mieux vaut qu’un homme y laisse sa peau,

Qu’un peuple tout en entier.

 

Les rêveurs peuvent toujours rêver :

Les justes n’ont pas de place ;

Le monde est pour les loups.

Les politiques se lavent les mains

Et condamnent proprement.

Les hommes de loi mettent le bandeau

Et penchent la balance.

Les fonctionnaires du religieux

Connaissent les codes, les rites, les lois,

Les encycliques et les décrets,

Mais ils ne savent plus Dieu.

L’ont-ils connu un jour ?

Le juste ne vaut que trente deniers

Et l’ami, pour de la monnaie,

Se mue en faux-témoin.

Cri et sang de l’innocent,

Tout seul devant sa mort.

Cri et sang du vendredi

Quand le soleil descend.

 

Cri et sang.

Cri du corps qu’un corps féconde

Dans une étreinte d’amour.

Cri de la femme qui devient mère

Et que la vie déchire.

Cri de l’enfant qui voit le jour,

Cri de la vie, cri de l’amour

Parmi les flots de sang.

Cri de Dieu qui créé le monde

Et l’habille de couleurs.

Couleur de sang du dimanche matin

Quand le soleil renaît.

 

Le grain semé se meurt en terre

Mais l’épi lève, vivant,

Qui annonce la moisson.

L’arbre qui apportait la mort

Devient l’arbre de la vie.

Cri et sang.

Cri et chant.

Alléluia !

 

Paul Grostefan

18:00 Publié dans Cris, Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

07/04/2017

Psaume de tous mes temps

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Tourné vers toi, je t'expose ma charge :
par ta lumière, allège-la !
Puisque mon temps n'est pas achevé à son terme,
mon histoire à son dénouement,
Puisqu'à toute vie pour sa mort,
tu découvres ton avenir,
A mesure que je le dépense,
ton héritage peut grandir.
Oui, je le crois, mais aide ma parole,
serre-la sur la tienne pour la protéger.
Car sans toi ma défaite est irrévocable,
je me détacherai, la désertion me tentera.
Lorsque je fus noué dans le sein de ma mère,
ne me formais-tu pas pour l'alliance avec toi ?
Et quand d'autres noeuds se dénouèrent,
ne m'as-tu pas greffé sur celui de la vie ?
Tu n'es pas Dieu à bloquer ses approches,
mais qui veut te prendre est saisi.
Et que puis-je ajouter à ton nom de Seigneur ?
Des mots, des inflexions, tout l'inutile de ma voix.
Mon Dieu, tu n'es pas un Dieu triste,
ta nuit brûle de joie.

Patrice de La Tour du Pin (1911-1975)
Paris, Gallimard, 1974
et in "Psaume d'un troisième temps", 1970-1972, © Ed. du Cerf

01/04/2017

Venez au Jour

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1 - Venez au jour, le Christ prépare son retour,
Le Christ prévient l'ère nuptiale :
Passent les temps ! passe la chair !
L'Esprit de Dieu souffle au désert
Annonçant l'aurore pascale

2 - Dépouillez-vous ! quand vous mourez vous perdrez tout.
Suivez votre exode à l'avance ;
Tombe la mort ! tombe le soir !
N'attendez pas qu'il soit trop tard
Pour que Dieu vous donne naissance

3 - Ne craignez pas de vous défaire
Il recréera ce que vous cédez de vous même
Fermez les yeux ! baissez vos fronts !
Venez mendier sa création
Au fond des ténèbres humaines.

4 - Ne glissez plus sur votre pente à l'inconnu
Car ici commence un autre âge :
Retrouvez vous apprenez Dieu !
Il a promis son règne
A ceux qui emprunteront ses passages !

5 - Le jour viendra où le désert refleurira
Et l'ombre rendra la lumière !
Traversez les dès maintenant,
Allez chercher au testament
Ce qui n'est pas né de la terre!

 

Patrice de la Tour du Pin

30/03/2017

Lumière pour l'homme

lumiere careme.jpg

Lumière pour l'homme aujourd'hui
qui viens depuis que sur la terre
il est un pauvre qui t'espère,
atteins jusqu'à l'aveugle en moi :
touche mes yeux afin qu'ils voient
de quel amour tu me poursuis.
Comment savoir d'où vient le jour
si je ne reconnais ma nuit ?

Parole de Dieu dans ma chair
qui dis le monde et son histoire
afin que l'homme puisse croire,
suscite une réponse en moi :
ouvre ma bouche à cette voix
qui retentit dans le désert.
Comment savoir quel mot tu dis
si je ne tiens mon coeur ouvert ?

Semence éternelle en mon corps
vivante en moi plus que moi-même
depuis le temps de mon baptême,
féconde mes terrains nouveaux :
germe dans l'ombre de mes os
car je ne suis que cendre encor.
Comment savoir quelle est ta vie
si je n'accepte pas ma mort ?

Didier Rimaud, "Les arbres dans la mer",
Paris, Desclée, 1975

25/03/2017

Annonciation

Prailles (25).jpg

Laque de l'Annonciation

au monastère des bénédictines de Prailles (79)

 

A la porte de la grange oratoire

une main oiseau veut serrer la tienne

 

Paix à toi

pèlerin fatigué

qui va franchir le seuil

 

Mais tu ne sais rien encore

de l’ami qui va te réchauffer

 

 

Et quand tu sortiras

tu t’envoleras

le cœur plus confiant et léger

 

après lui avoir laissé

le fardeau de tes fragilités

ton fagot de branches mortes

brûlé au feu de son amour

 

TP 24 mars 2017 à Prailles